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Théâtre: «Une Fin» de Sébastien David: Le soleil entre le pouce et l’index

Photo du rédacteur: Yanik ComeauYanik Comeau

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


   Alors que la planète brûle, s’inonde, croule sous les déchets et que les espèces vivantes peinent à respirer de l’air propre et boire de l’eau potable, l’homme de théâtre multi-talentueux Sébastien David renoue avec Patrice Dubois (directeur artistique du Théâtre PàP qu’il a dirigé dans La Société des Poètes Disparus) et avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui qui a accueilli plusieurs de ses textes et spectacles, tant dans sa salle Jean-Claude-Germain que dans sa salle principale devenue Salle Michelle-Rossignol. Ces retrouvailles ont des remugles de fin du monde, d’apocalypse, mais même si on sait qu’un groupe de scientifiques affirmait fin janvier que l’Horloge de l’Apocalypse est à 89 secondes de minuit, il reste que cette Fin que nous propose Sébastien David, bien qu’angoissante et vertigineuse, est surtout une fascinante fresque dystopique (moins futuriste que celle que propose Le Prince au Théâtre Denise-Pelletier en même temps), une courtepointe humaine qui finira par se tisser plus serrée qu’on aurait pu le croire au début.



   Parce que l’écriture de Sébastien David en est une de perpétuel renouvellement, d’exploration constante. La prémisse du soleil qui s’approche de plus en plus de la Terre et anéantira la planète bleue dans quelques jours provoque des réactions et des comportements variés chez ces personnages, plusieurs très attachants, qui répondent à leur façon à la question: «Qu’est-ce que tu ferais, toi, si tu savais qu’il te restait juste quelques jours à vivre?».



   Bien que la plume singulière de Sébastien David soit toujours aussi riche et unique, il revient à une certaine universalité avec Une Fin, s’éloignant (peut-être temporairement) de la poésie plus hermétique d’Une Fille en or sans pour autant écarter son regard éclairé sur l’humain. Il le fait cette fois avec plusieurs personnages – et une distribution colossale pour les défendre! –, des personnages de toutes les générations, du petit enfant (formidablement incarné par Phara Thibault) jusqu’aux Boomers (le toujours excellent Harry Standjofski, la tout aussi talentueuse et nuancée Julie Vincent et Gary Boudreault comme un poisson dans l’eau comme à l’époque du Groupement Forestier du Théâtre et du Nouveau Théâtre Expérimental) en passant par Marie-Hélène Thibault qui représente la Génération X.



   La dizaine d'histoires que semble nous raconter Sébastien David en silo se tisseront ensemble de plus en plus et les fils se rattacheront ingénieusement, permettant plusieurs sourires, plusieurs rires dans un texte à la toile de fond sombre et sans issue. À la manière d’un Paul Michael Anderson et son film Magnolia, l’auteur nous amène dans plusieurs chaloupes avant que tout le monde se retrouve dans le même bateau… ou presque.



   Patrice Dubois et Laurence Dauphinais (Cyclorama) dirigent ensemble cette imposante distribution éclectique mais étonnamment cohérente. On se régale du jeu de tout un chacun, de la toujours fascinante Amélie Dallaire (cette Francine qui n’arrive pas à sourire jusqu’à ce qu’elle ne soit plus capable de ne pas sourire!), l’épatant Gabriel Lemire qui a relevé le défi de remplacer un Tommy Joubert malade à quelques jours de la première et qui n’en a jamais laissé paraître le moindre indice (quel comédien!), Simon Landry-Désy toujours tellement attachant et touchant, Brianna Lombardo dansant avec passion comme si sa vie en dépendait (c’est bien le cas de le dire), Lamia Benhacine qui revient sur la scène de la Salle Michelle-Rossignol après son excellente performance dans Ligne de fuite de Catherine Chabot il y a six ans et cette brochette de jeunes comédiens lumineux malgré la noirceur du propos, les Zoé Boudou, Matthew Monty, Alejandro Muller Salas, Alice Winant, Charlie Monty et Justin Simon qui sont tous si justes et rafraîchissants.



   La musique de Joël Lavoie et la lumière de Claire Seyller viennent se marier à merveille à la scénographie de Pierre-Étienne Locas pour créer une soirée de théâtre captivante et réjouissante… malgré la menace de notre soleil bien aimé qui grossit de plus en plus entre notre pouce et notre index.



Une Fin de Sébastien David Mise en scène: Laurence Dauphinais et Patrice Dubois Assistance à la mise en scène et régie générale: Adèle Saint-Amand Interprétation: Lamia Benhacine, Gary Boudreault, Zoé Boudou, Amélie Dallaire, Simon Landry-Désy, Gabriel Lemire, Marie-Hélène Thibault, Harry Standjofski, Julie Vincent, Phara Thibault, Alice Winant, Brianna Lombardo, Charlie Monty, Matthew Monty, Alejandro Muller Salas, Justin Simon (Tommy Joubert a dû se retirer du spectacle) Scénographie et accessoires: Pierre-Étienne Locas Lumière: Claire Seyller Musique: Joël Lavoie Costumes: Oleksandra Lycova avec l’assistance de Stéphane Christinel Mouvement: Brianna Lombardo Maquillage et coiffure: Justine Denoncourt-Bélanger avec l’assistance de Victoria Chiron Sonorisation en alternance et chefs son: Jean Gaudreau et François Thibault Direction de production: Marjorie Bélanger avec l’assistance d’Ophélie Lacasse Direction technique: Xavier Côté avec l’assistance de Jannick Perron Une création du Théâtre PàP et du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui Du 3 février au 1er mars 2025 (2h15 sans entracte) Salle Michelle-Rossignol – Théâtre d’Aujourd’hui, 3900, rue Saint-Denis, Montréal Billetterie: 514-282-3900 poste 1 Photos: Valérie Remise

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