par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
  La comédienne et autrice canadienne anglaise Kate Hennig, inspirée par les souveraines de la période Tudor, a écrit une trilogie, Queenmakers, dont The Last Wife est le premier volet. Après avoir monté la pièce dans la version originale au Centaur, Eda Holmes, directrice du plus ancien théâtre institutionnel anglophone à Montréal, a été invitée par Denise Filiatrault à revisiter l’œuvre six ans plus tard dans une traduction de Maryse Warda, production qui occupe présentement le Théâtre du Rideau Vert, plus vieux théâtre francophone d’Amérique du Nord.
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  Bien que cette pièce s’inscrive parfaitement dans la lignée des grandes œuvres féministes que programmaient à l’époque les fondatrices du Rideau Vert et, depuis plus de vingt ans, Denise Filiatrault elle-même, le texte de Hennig, malgré le désir de l’autrice de dépoussiérer l’Histoire et transposer cette fiction audacieuse dans une Londres plus moderne (on n’est pas dans le langage ampoulé et poétique de Shakespeare ou dans les robes élisabéthaines ici), il reste que le texte est lourd, qu’il contient de sérieuses longueurs et que la mise en scène prudente et convenue n’aide pas à dynamiser ce spectacle.
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  Sur scène, le comédien Henri Chassé incarne un Henri VIII correct sans plus. Encore une fois, dirigé trop prudemment? Je ne sais pas. Marie-Pier Labrecque, une de nos plus grandes comédiennes, est généralement juste (on s’étonnerait si elle ne l’était pas), mais on sent qu’elle aurait pu être poussée vers plus d’audace. Heureusement que Mikhaïl Ahooja s’avère une sorte de vent de fraîcheur ici, toujours aussi charmant et séduisant, créant une chimie avec tous les interprètes avec qui il travaille. Mounia Zahzam et Lauren Hartley tirent bien leur épingle du jeu, cette dernière composant une Élizabeth 1ère nuancée, mais elles sont aussi victimes des longueurs du texte.
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  Bien qu’il faille se réjouir que le Rideau Vert continue d’osciller entre des spectacles amusants comme Revue et corrigée et des œuvres plus profondes, plus graves et avec une portée sociale intéressante, celle-ci est juste maladroite et on la voit venir avec ses gros sabots. Saluons néanmoins la scénographie de Loïc Lacroix Hoy et les costumes élégants et généralement sobres de Gillian Gallow. Le clavecin utilisé dans la musique de Laurier Rajotte crée un cliché bizarre qui fait froncer les sourcils.
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  Cette production n’est donc pas mémorable mais pourrait néanmoins plaire aux férus d’Histoire qui voudraient accepter qu’il s’agisse d’une fiction inspirée de loin par des personnages qui ont existé pour vrai. Pour le meilleur et pour le pire.
Sa dernière femme de Kate Hennig Traduction: Maryse Warda Mise en scène: Eda Holmes Assistante à la mise en scène: Charlie Cohen Avec Marie-Pier Labrecque, Henri Chassé, Mikhaïl Ahooja, Lauren Hartley, Mounia Zahzam et Julien Désy/Nathan Savoie (en alternance) Décors: Loïc Lacroix Hoy Costumes: Gillian Gallow Éclairages: Renaud Pettigrew Accessoires: Karine Cusson Musique: Laurier Rajotte Coiffures et maquillages: Sylvie Rolland Provost Une production du Théâtre du Rideau Vert Du 22 janvier au 22 février 2025 (2h30 avec entracte) Théâtre du Rideau Vert, 4664, rue Saint-Denis, Montréal Réservations : 514-844-1793 Photos: David Ospina