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Théâtre: «Le Prince» d’Olivier Morin et Guillaume Tremblay: Trump n’est qu’un lointain souvenir

Photo du rédacteur: Yanik ComeauYanik Comeau

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


   Si on est fan de l’humour absurde, de Marc Brunet, du Cœur a ses raisons, des sketchs de 3600 secondes d’extase, d’Eugène Ionesco et même de René De Obaldia, c’est presque impossible de ne pas aimer les joyeux lurons du Théâtre du Futur, cette compagnie de théâtre fondée par ses directeurs et créateurs, Olivier Morin et Guillaume Tremblay, des artistes que j’aimais déjà individuellement dans d’autres projets mais qui ont vraiment trouvé une niche savoureuse pour s’éclater dans d’amusantes dystopies qui flirtent parfois (souvent!) avec la science-fiction.


Guillaume Tremblay et Olivier Morin sont les auteurs et interprète de Le Prince.
Guillaume Tremblay et Olivier Morin sont les auteurs et interprète de Le Prince.

   Au fil des années, j’ai vu Clotaire Rapaille, l’opéra-rock, Le Clone est triste et La Grande Noirceur en plus du tout aussi disjoncté Cabaret Dada du Futur dans le cadre du Festival Phenomena. Avec Le Prince, il était tout naturel que Claude Poissant, directeur artistique du Théâtre Denise-Pelletier, qui, année après année, se donne comme mandat de faire découvrir des classiques de la littérature en les passant au moulin du aujourd’hui ou du maintenant, coproduise le spectacle pour le proposer au public adolescent.


Le Prince, Lorenzo et Catalina sont pris dans une toile d'araignée... littéralement et figurativement!
Le Prince, Lorenzo et Catalina sont pris dans une toile d'araignée... littéralement et figurativement!

   La relecture par le Théâtre du Futur de l’œuvre Le Prince de Machiavel, originalement écrite sous forme de lettre adressée à Laurent de Médicis et truffée de «conseils» pour le moins douteux (allô, Steve Bannon et Elon Musk!), est une dystopie terriblement de son temps mais livrée de sorte qu’elle nous divertit autant qu’elle nous trouble, question d’éviter la surchauffe de notre anxiété.



Marie-Claude Guérin est maléfique dans le rôle de Nikole.
Marie-Claude Guérin est maléfique dans le rôle de Nikole.

   Le Prince est une flèche décochée aux tyrans de ce monde (Salut, Donald!) déguisée en aventure rocambolesque et délicieusement loufoque. Le spectacle parfait pour se défouler contre les dictateurs qui pullulent aux quatre coins de la planète tout en donnant une leçon de géopolitique indirecte à nos adultes de demain.


Les costumes d'Estelle Charron sont un régal pour les yeux.
Les costumes d'Estelle Charron sont un régal pour les yeux.

   Le Prince du titre est joué par Olivier Morin qui s’est écrit un personnage sur mesure, l’enfant gâté mais négligé qui ne cherche pas tant à vivre ouvertement son homosexualité mais qui ne va certainement pas succomber aux «charmes» d’une femme. Agile physiquement et prenant clairement son pied à bondir gaiement sur les trampolines installés stratégiquement dans le décor ingénieux d’Odile Gamache, le comédien excelle sans «tirer la couverte». Dans le rôle de son père Lorenzo, Stéphane Crête est comme un poisson dans l’eau au coeur cet univers absurde futuriste qui le ramène à ses racines de Dans une galaxie près de chez vous. Les fans de cette série trouveront d’ailleurs jouissives chacune des scènes de l’interprète de Brad Spitfire.


Guillaume Tremblay est Mike le machiavélique.
Guillaume Tremblay est Mike le machiavélique.

   Guillaume Tremblay aussi semble s'être écrit un personnage sur mesure avec ce Mike machiavélique (c’est bien le cas de le dire), genre d’Iago des temps modernes encore plus girouette que Jean Charest. Encore une fois, Marie-Claude Guérin, fidèle de la famille du Théâtre du Futur, ravit avec sa Nikole, sorte de Fée Carabosse maléfique (l’adjectif n’est pas un hasard) des temps post-modernes, puissante femme d’affaires mégalomane. Anne-Catherine Choquette boucle la distribution avec sa Catalina aussi colorée que déterminée.


Détenir le pouvoir, c'est avoir du sang sur les mains.
Détenir le pouvoir, c'est avoir du sang sur les mains.

Un spectacle du Théâtre du Futur n'en serait pas un sans la complicité de Navet Confit à la musique originale.


Nikole en a gros sur le coeur.
Nikole en a gros sur le coeur.

   Ici, l’expression «je ne suis pas le public cible» ne s’applique pas mais – encore plus – c’est un public cible très large qui sera rejoint par ce spectacle engagé… à divertir tout autant qu’il sonne des alarmes.


    On sort du Théâtre Denise-Pelletier le soir aux lèvres et le cœur un peu plus léger malgré tout.



Le Prince d’Olivier Morin et Guillaume Tremblay du Théâtre du Futur d’après l’œuvre de Machiavel Mise en scène: Olivier Morin Assistance à la mise en scène et régie: Ariane Brière Conseil politologique: Pre Isabelle Lacroix Avec Olivier Morin, Guillaume Tremblay, Stéphane Crête, Marie-Claude Guérin et Ann-Catherine Choquette Scénographie: Odile Gamache Musique: Navet Confit Costumes: Estelle Charron Assistante aux costumes: Cloé Alain-Gendreau Lumières: Marie-Aube Saint-Amant Duplessis Accessoires: Angela Rassenti Maquillages et coiffures: Sarah Ladouceur Stagiaire: Leonard Turgeon Une coproduction du Théâtre Denise-Pelletier et du Théâtre du Double-Signe Du 28 janvier au 22 février 2025 (1h40 sans entracte) Théâtre Denise-Pelletier, 4353, rue Sainte-Catherine, Montréal Réservations: 514-253-8974 Information: www.denise-pelletier.qc.ca Photos: Marie-Andrée Lemire

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