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Photo du rédacteurYanik Comeau

Théâtre: «Le Placard» de Francis Veber: Retour dans le temps

Dernière mise à jour : 11 mars

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)

Célèbre pour son classique Dîner de cons, le dramaturge et réalisateur Francis Veber renouait avec le personnage de François Pignon avec son film Le Placard en 2001 avant de transposer le film à la scène, le chemin inverse qu’avait fait Le Dîner de cons. Avec Le Placard, on retrouve le talent de fin observateur de sa société qu’on a toujours reconnu à Veber. Ici, cependant, le propos et la prémisse semblent avoir pris un sérieux coup d’vieux en vingt ans d’évolution de l’humain. Les choses changent vite, on le sait!



C’est que François Pignon, le comptable un peu plate qui travaille pour la même boîte depuis des années, apprend qu’il va être congédié et, lorsqu’il rencontre son nouveau voisin, celui-ci lui suggère de se faire passer pour gai, question de capitaliser sur le fait qu’on ne puisse pas congédier un homosexuel sans passer pour homophobe, qu’il ne soit pas politically correct de virer une minorité issue de la diversité. L’idée, qui rappelle un peu le film J’en suis de Claude Fournier (qui mettait en vedette Roy Dupuis et Patrick Huard et qui sortait en 1997), demeure amusante et donne lieu à des situations pour le moins cocasses, mais les choses ont bien changé en plus de vingt ans, même en France, une société néanmoins très en retard par rapport au Québec en matière de machisme et d’acceptation de l’homosexualité.



Qu’à cela ne tienne, grâce à une distribution exceptionnelle, le spectateur peut assez bien faire fi des propos éculés et accepter qu’il existe encore des hommes (surtout) qui ne soient pas encore arrivés au 21e siècle. Dans le rôle de François Pignon, Sébastien Dodge est absolument formidable, jouant le désespoir et les maladresses du personnage sans jamais tomber dans le cabotinage, toujours dans une vérité qui confirme le dicton, «c’est du drame que naît la comédie». Dans le rôle de son voisin âgé, Georges Garneau, Raymond Bouchard, qu’on n’avait pas vu sur scène depuis Le Schpountz au Rideau Vert il y a quatre ans (il devait d’ailleurs y revenir pour Le Long Voyage vers la nuit d’O’Neill qui a été bousillé par la pandémie), est à la fois drôle et touchant. On croit tout à fait à son vieil homosexuel sympathique et complice sans qu’il ne tombe dans des clichés physiques qui auraient pu être offensants. Il est juste parfait! Comme, dans un tout autre registre, Hugo Giroux qui incarne le collègue ultra macho de François qui, contre toute attente, s’amourache petit à petit de l’homosexuel… qui n’en est pas! Ici, malgré quelques raccourcis qu’on pourrait trouver gros, le public se laisse prendre au jeu et achète tout à fait la proposition.



Pour compléter la distribution, l’adorable Myriam Poirier, une complice de longue date de Jean-Bernard Hébert, et l’hilarante Elodie Bégin, incarnent la cheffe-comptable et la secrétaire respectivement. Elles sont d’une redoutable efficacité et la seconde, dans le rôle de la potineuse du bureau, est tout-à-fait délicieuse. Jean-Bernard Hébert incarne le tonitruant patron de l’usine de préservatifs (ça ne s’invente pas!) et le charmant Marc-André Poliquin joue le collègue un peu plus nuancé qui manigance un tour pendable qui tourne… à l’imprévu, disons!



Comme le texte est découpé en très courtes scènes présentées dans des lieux multiples, Alain Zouvi a opté pour des coupures rapides et efficaces évitant l’écueil des interminables noir-lumière-noir-lumière qui auraient sérieusement alourdi le spectacle. Les comédiens entrent et sortent quelques éléments de décor, des accessoires, et on est ailleurs. On retrouve l’Alain Zouvi qui est allé à l’école de Denise Filiatrault !



Le décor de Jean Bard sert bien cette efficacité tout en étant d’un esthétisme et d’un réalisme qui plait.


Avec Le Placard, malgré les idées ringardes de certains personnages, on passe une belle soirée amusante et légère avec des comédiens au sommet de leur forme. Les Productions Jean-Bernard Hébert et le Théâtre de Rougemont relèvent le défi de nous divertir avec une pièce coquine et bien adaptée au public de chez nous. Mais attention à ceux et celles qui pourraient se faire écorcher les oreilles par le mot en t, le mot en f, le mot en… on les entend tous !



Le Placard de Francis Veber

Adaptation québécoise et mise en scène : Alain Zouvi Assistante à la mise en scène, régie de plateau et voix de Christine: Caroline Roberge

Avec Elodie Bégin, Raymond Bouchard, Sébastien Dodge, Hugo Giroux, Jean-Bernard Hébert, Myriam Poirier et Marc-André Poliquin

Décor: Jean Bard

Costumes: Ariane Genet de Miomandre

Conception musicale: Christian Thomas

Conception d’éclairage: Stéphane Menigot

Les Productions Jean-Bernard Hébert

Théâtre de Rougemont, 370 Rang de la Montagne, Rougemont, J0L 1M0

Du 29 juin au 5 août 2023 à 20h30 les jeudis et vendredis, 16h les samedis (1h40 sans entracte)

Information et billetterie: theatrerougemont.com ou 1.866.666.3006 Représentations du 9 au 19 août 2023 au Théâtre Le Patriote (Sainte-Agathe)

Photos: Joe Alvoeiro Tournée 2024 13 mars La Tuque

14 mars Alma

15 mars Chicoutimi

16 mars Dolbeau

17 mars Roberval

18 mars Chibougamau

29 mars Ste-Marie-de-Beauce

30 mars St-Georges-de-Beauce

7 avril Terrebonne

11 avril Ste-Anne-des-Monts

12 avril Amqui

13 avril New Richmond

23 avril L’Assomption

26 avril Kingsey Falls

3 mai St-Léonard

4 mai St-Irénée

5 mai Baie-Comeau

6 mai Sept-Îles

12 mai Montmagny

17 mai St-Hyacinthe

18 mai Thetford Mines

19 mai Ste-Foy

26 mai St-Eustache

30 mai Lac Mégantic

31 mai Baie-du-Febvre

1er juin St-Jérôme

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