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Théâtre: «La Machine de Turing» de Benoit Solès: McGinnis et Turing ne font qu’un

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


   Depuis quelques années, Benoît McGinnis est devenu l’homme aux mille visages. Mozart (Amadeus), Normand (Avec Norm), Yves (Being at Home with Claude), Néron (Britannicus), Tooth-Pick (Le Chant de Sainte-Carmen de la Main), Vallier (Les Feluettes), Hamlet, Feste (La Nuit des rois), Francis Bacon (Tableau final de l’amour), Claude (Le Vrai Monde?), John Merrick (L’Homme éléphant), Georges (Des Souris et des Hommes), Hedwig… la grande force du comédien est son investissement total dans chacun des personnages qu’il endosse. Avec La Machine de Turing, il entre corps, cœur et âme dans la peau du génie britannique des mathématiques, Alan Turing, le chercheur homosexuel autiste à haut niveau de fonctionnement, à l’époque où l’on appelait queer les gens un peu décalés, déjantés, «pas normaux», pas nécessairement à cause de leur orientation sexuelle.



   Pour la petite histoire (qui est, en réalité, directement liée à la Grande), Alan Turing a inventé la machine qui aura réussi à décoder les messages secrets de l’armée allemande pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Dans la pièce fascinante, touchante et très drôle (il faut le dire) de l’auteur et comédien français Benoît Solès, qui a remporté le Molière «Auteur francophone vivant» et le Molière du «Comédien dans un spectacle de théâtre privé» dans son pays d’origine pour cette pièce, on apprend toutes sortes de détails fascinants sur l’homme que seul son biographe - et son coiffeur - pouvait savoir. Cette pièce inspirée d’une histoire vraie n’est donc pas dépourvue de rebondissements et de moments bouche bée.



   Légèrement mais efficacement adaptée par Maryse Warda (du moins, il m’a semblé… parce que je suis de l’école qui croit que les Londoniens gagnent à être traduits plus Parisiens et que les gens de certaines banlieues ou campagnes peuvent être traduits plus «Québécois de région» pour donner plus de couleur, plus de saveur à l’adaptation), la pièce est efficacement mise en scène par Sébastien David qui semble avoir rassemblé la distribution parfaite autour de McGinnis. Le formidable Étienne Pilon, un des comédiens les plus sous-estimés de sa génération, incarne un gendarme en apparence froid et impassible qui se laisse lentement gagner par «l’étrangeté» de Turing. Jean-Moïse Martin est le champion d’échecs et mathématicien émérite qui se sent à la fois défié et menacé par le génie de Turing mais qui se rend à l’évidence que son rival est un atout à mettre de son côté s’il veut faire progresser ses recherches. Enfin, le jeune homme dangereusement séduisant que Turing-le-romantique-naïf rencontre dans un parc et qui deviendra son amant est incarné par le talentueux Gabriel Cloutier Tremblay (un comédien que j’ai découvert avec plaisir dans l’univers d’Olivier Arteau avec Doggy dans gravel, Made in Beautiful (La Belle Province), N’essuie jamais de larmes sans gants) qui brille et partage une chimie électrique avec Benoît McGinnis.



   La production des Agents Doubles présentée au Rideau Vert – un partenariat qui s’avère prometteur – partira ensuite en tournée pour 30 représentations dans 29 villes, question de partager l’amour du théâtre et de l’histoire avec – souhaitons-le – des salles pleines d’amateurs de théâtre, de sciences et de curieux néophytes qui pourraient devenir des passionnés de théâtre.



La Machine de Turing de Benoit Solès inspirée de la pièce Breaking the Code de Hugh Whitemore d’après Alan Turing: The Enigma d’Andrew Hodges Adaptation de Maryse Warda Mise en scène: Sébastien David Assistance à la mise en scène: Jean Gaudreau Avec Benoît McGinnis, Gabriel Cloutier Tremblay, Jean-Moïse Martin et Étienne Pilon Direction artistique: Agents Doubles Productions (Pierre Bernard) Scénographie: Francis Farley-Lemieux Éclairages: David-Alexandre Chabot Costumes: Linda Brunelle Musique: Antoine Bédard Vidéo: William Saumur Une production Agents Doubles Productions Du 24 janvier au 24 février 2024 (1h30 sans entracte) Théâtre du Rideau Vert, 4664, rue Saint-Denis, Montréal Réservations: 514-844-1793 Photos: François Laplante Delagrave En tournée au Québec: 06 mars – Longueuil – Salle Pratt & Whitney du Théâtre de la ville 15 mars – LaSalle – Théâtre Desjardins 19 mars – Drummondville – Maison des arts Desjardins 23 mars – Salaberry-de-Valleyfield – Salle Albert-Dumouchel 25 mars – Baie-Comeau – Centre des arts 26 mars – Sept-Îles – Salle Jean-Marc-Dion 28 mars – Amqui – Salle Jean-Cossette 29 mars – New Richmond – Salle de spectacles régionale Desjardins 06 avril – Saint-Jérôme – Théâtre Gilles Vigneault 10 avril – Victoriaville – Carré 150 12 avril – Laval – Salle André-Mathieu 13 avril – Saint-Hyacinthe – Centre Juliette-Lassonde 16 avril – Sherbrooke – Centre culturel de l’Université de Sherbrooke 20 avril – Joliette – Centre culturel Desjardins 24 avril – Brossard – Théâtre Manuvie 25 avril – Sainte-Agathe – Le Patriote 26 avril – Sainte-Geneviève – Salle Pauline-Julien 27 avril – Saint-Jean-sur-Richelieu – SPEC du Haut-Richelieu 01 mai – Rimouski – Spect’Art 02 mai – Rivière-du-Loup – Salle Alphonse-Desjardins 08 mai – Trois-Rivières – Salle J.-Antonio-Thompson 11 mai – Beloeil – Centre culturel de Beloeil 14 mai – Val-d’Or – Théâtre Télébec 15 mai – Rouyn-Noranda – Théâtre du Cuivre 17 mai – Gatineau – Salle Odyssée 18 mai – Gatineau – Salle Odyssée 29 mai – Sainte-Thérèse – Théâtre Lionel-Groulx 31 mai – Shawinigan – Centre des arts de Shawinigan 01 juin – Terrebonne – Théâtre du Vieux-Terrebonne 02 juin – Sainte-Foy – Salle Albert-Rousseau

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