Théâtre: «La Femme de nulle part» d’Anna Sanchez: Racines d’éternité
- Yanik Comeau
- 30 mars
- 2 min de lecture
par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
Développé dans le cadre d’une résidence au Théâtre Aux Écuries, la première pièce de la comédienne Anna Sanchez (Équinoxe, Les Sorcières de Salem) est une quête d’identité comme il s’en produit des dizaines ces dernières années, particulièrement depuis la pandémie, comme si plus que jamais, nous cherchions à savoir d’où nous venons, où nous nous en allons. Cela étant dit, La Femme de nulle part est un road trip sans voiture habile qui tient le public en haleine comme le faisait en quelque sorte Incendies de Wajdi Mouawad. Comme quoi tout est dans tout, c’est le nouvellement ressuscité Théâtre Ô Parleur fondé par ce même Wajdi Mouawad qui produit la pièce présentée à l’intime et toujours pertinente Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.

La pièce commence par un souper de famille qui m’a fait penser à celui d’Une Fin de Sébastien David plus tôt cette saison au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui… et au rassemblement familial de 24 poses : portrait de Serge Boucher. Dès les premières phrases, on voit qu’on a affaire à une autrice de talent. Et ça ne nuit pas que sa distribution (les jeunes Théa Paradis et Jules Ronfard avec les vétérans Étienne Pilon dans le rôle du père et Isabelle Roy dans le rôle de la mère) soit nickel pour utiliser une expression qui aurait pu sortir de la bouche de ce père français immigré au Québec.

Le périple qui s’enclenchera par la suite pour la curieuse Nora (excellente Théa Paradis), après avoir découvert une photo de sa grand-mère qu’elle ne savait pas Algérienne (aussi incarnée par la transcendante Isabelle Roy qui, rappelons-le, avait été des créations d’Incendies, Forêts, Willy Protagoras enfermé dans les toilettes…), est raconté efficacement, dans un décor de Nadine Jaafar que les comédiens modifient au besoin dans des transitions bien meublées. La distribution, complétée rondement par Sarya Bazin et Delphine Gilquin, semble avoir été dirigée avec une bienveillance qui transparait.

Depuis trois ou quatre ans particulièrement, les spectacles et pièces de théâtre sur la quête d’identité se multiplient. Quand c’est bien écrit, bien monté, bien joué comme c’est le cas ici, l’histoire personnelle devient universelle et le public est touché par les personnages tout autant que par le récit. La Femme de nulle part ne vient pas d’un nowhere. Elle est toute là et c’est grâce à cette production drôle, touchante, vivante racontée avec intelligence.
La Femme de nulle part d’Anna Sanchez Mise en scène: Anna Sanchez Assistance à la mise en scène et direction de production: Mathilde Boudreau Interprétation: Sarya Bazin, Delphine Gilquin, Théa Paradis, Étienne Pilon, Jules Ronfard et Isabelle Roy Scénographie: Nadine Jaafar Lumières: Béatrice Germain Costumes: Ange Blédja Kouassi Conception sonore: Joris Rey Direction technique: Juliette Farcy Une production du Théâtre Ô Parleur Du 25 mars au 12 avril 2025 (1h30 sans entracte) Salle Fred-Barry (Théâtre Denise-Pelletier), 4353, rue Sainte-Catherine, Montréal Réservations : 514-253-8974 https://www.denise-pelletier.qc.ca/pieces/la-femme-de-nulle-part/ Photos: Hugo Fréjabise
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