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Théâtre: «L’Enclos de Wabush» de Louis-Karl Picard-Sioui: Démons de minuit

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)

Proposée de façon impromptue d’abord en webdiffusion à cause de la pandémie la saison dernière, la pièce L’Enclos de Wabush de Louis-Karl Picard-Sioui, inspirée de son recueil de nouvelles Chroniques de Kitchike – La Grande Débarque, rencontre enfin son public ces jours-ci à Espace Libre. Comme plusieurs spectacles qui auront subi les embûches de la pandémie, L’Enclos de Wabush aura peut-être été de ceux qui auront profité des délais forcés pour se peaufiner, se perfectionner, se polir parce que le résultat final est un bijou brillant.



Avec un humour noir décapant, Louis-Karl Picard-Sioui nous plonge dans un univers imaginaire entre le rêve et la réalité. On oscille entre le fabuleux (dans le sens de fable) et le concret, entre le traboulidon (on fait même référence à l’émission jeunesse qui mettait en vedette Sylvie Léonard et Denis Mercier plongés dans un univers de jeu vidéo!) et le feu camp aux abords de la réserve. On plonge dans les références culturelles de la jeunesse de Pierre Wabush autour des événements de la Crise d’Oka au début des années 90 (parsemée entre autres de faux extraits de Mongrain de sel dans laquelle la formidable Joanie Guérin nous livre un Jean-Luc digne de Pauline Martin) et sa quarantaine de paria de la communauté de Kitchike lui qui, malgré toutes ses failles, a souhaité dénoncer la corruption du chef. On ne sait pas trop si les plongeons dans les souvenirs et les délires sont reliés à sa consommation d’alcool (mais on s’en doute… a-t-on besoin vraiment d’une explication rationnelle?), mais on savoure chaque moment passé avec le «trickster» (excellent Dave Jenniss qui cosigne la mise en scène avec Daniel Brière), avec le «coryphée» (toujours aussi jouissive Joanie Guérin) et avec ces extraits de publicités et ces fausses reproductions tellement réussies d’extraits d’émissions de télé présentés sur un vieux téléviseur qui entre et sort du plancher grâce à la brillante scénographie de Max-Otto Fauteux.



Retrouver Marie-Josée Bastien sur scène est toujours un bonheur aussi. Celle-ci incarne à la fois l’amoureuse et la mère de Pierre Wabush (l’imposant Charles Bender que j’avais découvert dans Là où le sang se mêle) avec aplomb et conviction, nuançant l’une et l’autre avec habileté. René Rousseau et Émily Séguin (dont la voix envoûtante est aussi mise en valeur) complètent cette distribution impeccable.



Je ne saurais trop encenser la scénographie de Max-Otto Fauteux, les éclairages de Renaud Pettigrew, la conception vidéo de Lionel Arnould et la conception sonore d’Alexander MacSween qui ajoutent tellement à cette savoureuse production.



Décidément, cette deuxième coproduction Nouveau Théâtre Expérimental/Ondinnok est une belle réussite.



L’Enclos de Wabush de Pierre-Karl Picard-Sioui inspiré de son recueil de nouvelles Chroniques de Kitchike: La Grande Débarque Comise en scène: Daniel Brière et Dave Jenniss Interprétation: Marie-Josée Bastien, Charles Bender, Joanie Guérin, Dave Jenniss, René Rousseau et Émily Séguin Conseiller dramaturgique: Alexis Martin Assistance à la mise en scène: Marilou Huberdeau Scénographie: Max-Otto Fauteux Éclairages: Renaud Pettigrew Costumes: Claire Geoffrion Conception sonore: Alexander MacSween Conception vidéo: Lionel Arnould Maquillages et coiffures: Suzanne Trépanier Accessoires: Fany Mc Crae Direction technique: Félix Lefebvre Direction de production: Cynthia Bouchard-Gosselin Régie: Marilou Huberdeau et Hélène Rioux Conseils, recherches et suivis en écoresponsabilité: Écoscéno – Marianne Lavoie Du 12 au 29 octobre 2022 (1h30 sans entracte) Mardi et mercredi à 19h, jeudi et vendredi à 20h, samedi à 16h Une coproduction du Nouveau Théâtre Expérimental et des Productions Ondinnok Espace Libre, 1945, rue Fullum, Montréal Réservations : 514-521-4191 Information : https://espacelibre.qc.ca/evenement/lenclos-de-wabush/ Photos : Marlène Gélineau Payette

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