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Théâtre: «Helgi» de Tyrfingur Tyrfingsson: Que du feu!

  • Photo du rédacteur: Yanik Comeau
    Yanik Comeau
  • il y a 2 jours
  • 3 min de lecture

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


   Le libre-échange culturel est une des grandes richesses de Montréal où, sur nos scènes, on peut tous les jours voir de nouvelles créations de chez nous tout en goûtant aux répertoires des quatre coins de la planète. En théâtre, La Licorne, Espace GO et le Quat’Sous tout particulièrement – mais pas exclusivement – nous font découvrir des auteurs européens, anglo-saxons – mais pas que – et, ces jours-ci, à l’instar du Théâtre de L’Opsis qui nous avait offert un fascinant cycle scandinave il y a quelques années, le Théâtre À L’Eau Chaude propose une première pièce de celui qu’on appelle l’enfant terrible du théâtre islandais, Tyrfingur Tyrfingsson, maintenant installé à Amsterdam où il vit et écrit. Helgi, un de ses deux textes à lui avoir mérité le Prix Gilman d’Islande pour pièce de l’année en 2020, décape ces jours-ci les planches du Quat’Sous, un théâtre qui en a vu d’autres après L’Osstidcho, La Tragédie américaine de l’enfant prodigue du Grand Cirque Ordinaire, L’Éveil du printemps et La Déesse des mouches à feu pour n’en nommer que quelques-unes.


Fabien Cloutier, Lou Thompson et Gabriel Lemire plongent dans l'univers à la fois glacial et bouillant de Tyrfingur Tyrfingsson sur la scène du Quat'Sous. (Photo: Frédérique Ménard-Aubin)
Fabien Cloutier, Lou Thompson et Gabriel Lemire plongent dans l'univers à la fois glacial et bouillant de Tyrfingur Tyrfingsson sur la scène du Quat'Sous. (Photo: Frédérique Ménard-Aubin)

   Située principalement dans le backstore d’un salon funéraire, toujours présent, même quand le décor évocateur de Patrice Charbonneau-Brunelle, les accessoires de Karine Cusson et les éclairages de Chantal Labonté nous amènent ailleurs, la pièce raconte l’histoire d’un jeune homme (le Helgi en question, incarné par Gabriel Lemire qui s’empare à nouveau de cette scène avec une vérité désopilante après son Hamlet magistral dans La Vengeance et l’Oubli d’Olivier Kemeid il y a un an) qui veut s’émanciper du joug de son père entrepreneur de pompes funèbres aux intestins fragiles (un rôle qu’on croirait écrit sur mesure pour Fabien Cloutier qui fait un retour transcendant au théâtre ici). Autour d’eux, des personnages étranges et colorés dans un univers qui – je ne sais pas pourquoi – m’a rappelé l’œuvre de l’Italo-étatsunien Albert Innaurato, un autre dramaturge qui nous plongeait dans des «mondes» décalés, tordus.



   La comédienne, autrice (et de plus en plus metteure en scène) Marie-Ève Milot, qui a déjà signé les créations de ses pièces à quatre mains avec Marie-Claude Saint-Laurent Chienne(s), Clandestines, Guérilla de l’ordinaire et Sappho, cette dernière sur cette même scène, sans parler de Mama chez Duceppe, prouve encore qu’elle est une grande directrice d’acteurs et que sa vision est toujours au service de l’œuvre. Son travail est remarquable tant avec Gabriel Lemire et Fabien Cloutier qu’avec le puissant Alexandre Bergeron, l’impressionnante Kariane Héroux-Danis (que j’avais découverte dans un grand coup de cœur, Les Coleman-Millaire-Fortin-Campbell à Fred-Barry) et la vigoureuse jeune Lou Thompson (qu’on a pu voir dans le rôle de Vania dans Mea Culpa à la télé cette saison).


Gabriel Lemire et Alexandre Bergeron ont une chimie... de feu! (Photo: Frédérique Ménard-Aubin)
Gabriel Lemire et Alexandre Bergeron ont une chimie... de feu! (Photo: Frédérique Ménard-Aubin)

   La traduction – que je qualifierais tout autant d’adaptation malgré qu’on ait choisi de maintenir la pièce en Islande tout en intégrant des références culturelles et commerciales nord-américaines – est signée Maxime Allen qui m’avait jeté par terre avec sa traduction de Tremblements à Espace GO la saison dernière. Encore une fois, il manie les mots avec une habileté remarquable.



   Bien que la pièce soit certainement troublante et saisissante, on nous a peut-être trop mis en garde contre le niveau de vulgarité et d’«osé» auquel il fallait s’attendre. Pas qu’il n’y en a pas mais… ça se gère. Et ça n’enlève surtout rien à la grande qualité de cette production.



Helgi de Tyrfingur Tyrfingsson Traduction et adaptation: Maxime Allen Mise en scène: Marie-Ève Milot Assistance à la mise en scène et régie: Josianne Dulong-Savignac Stagiaire à la mise en scène: Doriane Lens-Pitt Avec Alexandre Bergeron, Fabien Cloutier, Kariane Héroux-Danis, Gabriel Lemire et Lou Thompson Conception du décor: Patrice Charbonneau-Brunelle Conception des costumes: Sophie El-Assaad Conception des accessoires: Karine Cusson Conception des éclairages: Chantal Labonté Conception sonore: Antoine Berthiaume Cordes: Quatuor Molinari Voix: Len Torrie Saxophone: Jean-François Blais Piano: Winnie Zheng Conception des maquillage: Justine Denoncourt-Bélanger Direction de production: Gwenaëlle L’Heureux-Devinat Direction technique: Joanne Vézina Une création du Théâtre de Quat’Sous et du Théâtre à l’eau froide avec le soutien du Centre des arts de la scène d’Islande Du 8 au 27 avril 2025 (1h30 sans entracte) Mardi au vendredi à 19h30, samedi à 16h + dimanche 27 avril à 15h Théâtre de Quat’Sous, 100, avenue des Pins Est, Montréal Réservations : 514-845-7277 Information: https://quatsous.com/programmation/saison-2024-2025/helgi Photos: Frédérique Ménard-Aubin

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