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Photo du rédacteurYanik Comeau

Théâtre: «Faire la mort» de Krystel Descary: À la vie…

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


   Parler de la mort, ça glace le sang de plusieurs. Pourtant, dans son rôle de thanadoula, de sage-femme de la mort, Krystel Descary le dit d’entrée de jeu: on peut bien se mettre la tête dans le sable, nous passerons tous par là. Avec Faire la mort, l’autrice-comédienne propose un théâtre documentaire pas du tout didactique mais rattaché à du vrai, du scientifique, du biologique. Parce qu’aucun être vivant n’échappera à la mort alors vaut mieux la connaître, l’apprivoiser, s’y préparer. Se préparer à la mort de l’autre – le proche, l’aimé – mais aussi à sa propre mort si la chose est possible. Parce que la mort arrive de toutes les façons. Elle peut être subite ou longue à venir.



Quand Krystel Descary entre en scène et brise tout de suite le quatrième mur, elle est douce, apaisante, en confiance, pleine de chaleur et d’empathie. Elle sait qu’elle va bousculer le public et que nous ne sommes pas dans une ère où le monde veut se faire brasser. Il brasse assez sans qu’on nous assomme avec du morbide, du pessimisme, du violent et du négatif. Krystel Descary a fait sa recherche. Elle a puisé dans sa propre vie tout en ne s'y limitant pas. Elle a fouillé, creusé, vécu. Elle a apprivoisé la mort et veut nous aider à l’apprivoiser aussi.



   Régulièrement, les théâtres nous servent des argumentaires préparés par des spécialistes du marketing et des communications et ce qu’on nous sert sur la scène est loin de ce que l’on a lu avant. Voilà pourquoi je lis rarement avant. Parce que les argumentaires ne sont pas importants. Ils sont intéressants APRÈS le fait si on veut confirmer certaines choses avant d’écrire une critique. Et ici, Espace GO nous livre un argumentaire honnête que vous pouvez vous permettre de lire avant. Pas de divulgâcheur et surtout, pas de poudre aux yeux avec de grands mots inutiles.


   La prémisse de Faire la mort? «Un jour, Michèle (tellement juste Isabelle Vincent, à la fois drôle et touchante) demande à sa fille (incarnée par Laetitia Isambert-Denis qui n’a pas repris son rôle dans Belmont cet été parce qu’elle était en quelque sorte en congé de maternité) si elle souhaite être informée de la mort de son père, absent de sa vie. Krystel réalise qu’elle est obsédée par cette éventualité depuis qu’elle est toute jeune. Cette question la propulse dans une profonde quête de sens qui outrepasse le lien filial et lui enseigne comment approcher la mort plutôt que de la fuir.»



   À travers la mort d’un ami, la mort frôlée d’une amie (formidable Joanie Martel, tellement vraie, tellement attachante, tellement drôle) dans un accident de voiture, le cancer diagnostiqué de sa mère, la mort imminente de son père (incarné par un Pier Paquette tout en réserve, tout en malaise, tellement efficace), Krystel (incarnée d’adolescente à l’âge adulte de façon si attachante par Laetitia Isembert-Denis) fera une sorte de road trip sur le chemin de la mortalité.


   La mise en scène de Marie-Ève Milot est sensible, efficace, intelligente et appuyée de belle façon par l’environnement sonore génial (comme toujours) inventé et chanté par la grande Mykalle Bielinski que j’aime d’amour (complice de tous les moments de la nouvelle directrice d’Espace GO, Édith Patenaude) et qui ajoute toujours du sublime aux spectacles auxquels elle participe.



   C’est un spectacle brillant auquel nous convie ici Espace GO. Un deux en deux après Moi, Jeanne dans un tout autre registre plus tôt cette saison. Dans la mort comme dans la vie, dans la rue comme à la scène, on rit, on pleure, on se met en colère, on sort son portefeuille pour gommer les malaises. Et quand le théâtre peut nous divertir et nous raconter une belle histoire tout en nous apprenant plein de choses? Quoi demander de plus?


Faire la mort Une création de Krystel Descary Mise en scène: Marie-Ève Milot Assistance à la mise en scène et régie: Josianne Dulong-Savignac Avec Krystel Descary, Mykalle Bielinski, Laetitia Isambert-Denis, Joanie Martel, Pier Paquette et Isabelle Vincent Dramaturgie: Marie-Claude St-Laurent Scénographie: Geneviève Lizotte Accessoires: Marie-Jeanne Rizkallah Costumes: Cynthia St-Gelais Lumières: Étienne Boucher Conception sonore: Mykalle Bielinski Coiffures et maquillages: Justine Denoncourt-Bélanger Assistance à la scénographie: Carol-Anne Bourgon Sicard Intégration, spacialisation et régie sonores: Gabrielle Couillard Assistance aux costumes: Sarah Chabrier Direction de production et de création: Suzanne Crocker Direction technique: Alex Gendron Habilleuses: Jeanne Dupré et Julia Allehaux Villaño Une production Espace GO 12 novembre au  8 décembre 2024 (durée: 1h35 sans entracte) Théâtre Espace GO, 4890, boulevard Saint-Laurent, Montréal. Billets: 514-845-4890 Informations: https://espacego.com/les-spectacles/2024-2025/faire-la-mort/ Photos: Yanick MacDonald

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