par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)
Les quêtes identitaires sont monnaie courante au théâtre et dans toutes les formes d’art. Au fil des années, la Salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui est devenue un des pôles de ces plongeons vers l’intérieur, de ces solos d’exploration du moi. Parfois, le spectateur un peu plus cynique peut se questionner sur le pourquoi et sur la pertinence d’une telle démarche. Dans le cas du processus qui a mené Micha Raoutenfeld à Papeça, deuxième volet d’une trilogie dont on ne connaît pas encore le premier – encore moins le dernier –, difficile de ne pas reconnaître là une authenticité tout aussi désarmante que touchante.
Au tout début du spectacle – en fait, on a l’impression que c’est une préface, une mise en garde plutôt que vraiment le début –, l’artiste «queer et non-binaire d’origine slave» mais né.e à Gaspé s’adresse directement au public avec un sourire attendrissant, une affabilité émouvante et confie qu’iel est en processus, laisse entendre que l’heure que nous passerons ensemble fait partie du processus en question. Indirectement, on peut comprendre qu’on ne devrait pas avoir d’attentes ou, qu’au contraire, on peut s’attendre à tout.
Le résultat – qui n’en est donc pas un – est pourtant clairement abouti jusqu’à un certain point, même si clairement, il pourrait encore n’être que la matière première qui amènerait éventuellement l’artiste ailleurs. Celui/celle qui s’identifie comme Micha aujourd’hui (j’ai assisté à la première lundi) mais a déjà été Cha et pourrait y revenir à ce que l’on comprend, nous offre un Palaroïd de son ici, de son maintenant. Par ses mots, par ses mouvements, par son exploration du corps, de la voix, du son, de la lumière, iel propose quelques pages du livre de son existence. Dans sa préface/mise en garde, iel nous aura averti qu’il est possible que nous ne comprenions pas tout parce qu’iel ne prétend pas tout y comprendre encore non plus. Il est alors plus facile de se laisser aller comme spectateur.trice à explorer sa vulnérabilité parce qu’iel se livre avec une sincérité qui ne trompe pas.
Accepter d’aller voir Papeça, c’est accepter d’aller vers l’ouverture. Et bien sûr, maintenant que la curiosité est piquée et que Micha nous a accepté.e.s dans sa famille, on a envie de savoir ce qu’iel nous proposera comme premier et troisième volet de sa trilogie.
Papeça de Micha Raoutenfeld Texte, mise en scène et interprétation: Micha Raoutenfeld Assistance à la mise en scène et direction de production: Mathilde Boudreau Collaboration artistique: Morena Prats Scénographie: Margot Lacoste Lumière: Flavie Lemée Environnement sonore: Francis St-Germain Costumes: Maryanna Chan Sonorisation: taupe Consultation à la sonorisation: Frédéric Auger Conseil au mouvement: Winnie Ho Doublure en répétition: Anna Payant Régie en répétition: Annie Préfontaine Régie générale et direction technique: Ophélie Lacasse Équipe technique: Audrey Belzile, Guillaume Lafontaine-Moisan, Clara Desautels, Chloé Rivest, Alexis Aubé, Jonathan Massové Guerville, Victor Papineau-Holdrinet, Hugo Pires Une création de Transfuge en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui Du 22 janvier au 10 février 2024 (60 minutes sans entracte) Mardi et mercredi 19h, jeudi et vendredi 20h, samedis 3 et 10 février 15h Salle Jean-Claude-Germain – Théâtre d’Aujourd’hui, 3900, rue Saint-Denis, Montréal Billetterie: 514-282-3900 poste 1 Photos: Valérie Remise
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