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Théâtre: «Pédalo» de Stéphane E. Roy et Benoit Roberge: Rires à la dérive

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)

Pour sa dernière saison comme propriétaire du Théâtre des Grands-Chênes de Kingsey Falls, après le succès de Garçon ! de Stéphane E. Roy à l’été 2019 et deux saisons de sentinelle provoquées par la pandémie, le producteur Jean-Bernard Hébert a «demandé à Stéphane de retourner à son ordinateur et de me rapporter son prochain texte». Suite à cette demande, Stéphane E. Roy a ressorti Pédalo, «un défi lancé entre deux vieux amis [Benoit Roberge et Roy] (…) il y a 6 ans (…) : si on écrivait une pièce qui se passe entièrement sur un pédalo pendant une heure trente ?»



Le résultat est une sympathique comédie qui marque le retour au théâtre de Marc Fournier après la longue aventure de District 31 qui en a fait une vedette auprès du grand public. Un «huis clos sur mer pour oreilles averties». Et oui, à l’heure des oreilles qui s’écorchent pour un rien, vaut mieux être averti. Le langage sera cru, il y aura des propos homophobes, misogynes, racistes… et on parlera de pratiques sexuelles dont on traite rarement sur scène.



Pédalo, c’est deux vieux amis (Sébastien et Bruno) qui profitent d’un moment dans un tout-inclus à Cuba pour se pousser de la terre ferme, abandonner à elles-mêmes pour quelques heures l’un sa femme, l’autre sa baise du moment, et pédaler sur l’eau pour échanger des liners parsemés de jeux de mots et de testostérone parfois volontairement mal dosée.



Garçon ! était tout sauf une pièce intimiste avec huit comédiens sur scène. Pédalo est une amusante excuse pour réunir deux gars dans un endroit (une embarcation) qui les isole au milieu d’un nulle part aqueux. Tout en étant théâtrale, la pièce rappelle par moments les duos de standup à la Dominic et Martin, Ding et Dong, Les Denis Drolet parce qu’on est dans un feu roulant de punchs généralement efficaces et bon enfant. Pourtant, la pièce n’est pas que drôle et Stéphane E. Roy et son complice d’écriture nous surprennent au détour avec quelques moments plus touchants qui humanisent les personnages. Par moments, ils sont nonos, par d’autres, ils sont perspicaces, même assez brillants pour deux tatas qui réussissent à déboîter assez efficacement un pédalo.


Le texte est efficace et amusant mais au-delà des mots sur la page, il y a l’interprétation très juste – qui semble presqu’improvisée – de Stéphane E. Roy et Marc Fournier, habilement dirigés par Olivier Loubry (vous vous souvenez de Colin dans Watatatow et Guillaume dans Les Héritiers Duval? C’est lui… qu’on a aussi pu voir plus récemment dans District 31 et De Pierre en fille) et son assistante Caroline Roberge. Le décor, un pédalo juché sur un échafaudage qui ressemble à une chaise de sauveteur, est ingénieux et nous réserve une petite surprise vers la fin.


Avec Pédalo, on passe donc une bonne soirée de rire qui fait parfois grincer des dents, parfois rouler les yeux vers le ciel, mais plus souvent qu’autrement, on finit par se dire: «Ils m’ont eu, les p’tits maudits !» Et aucun dauphin ou requin n’a été maltraité pendant la représentation.


Pédalo de Stéphane E. Roy Direction d’acteurs: Olivier Loubry Assistante à la mise en scène: Caroline Roberge Avec Marc Fournier et Stéphane E. Roy (et la voix de Manuel Tadros) Conception éclairage et décors: Simon Gauthier pour Lumin-Art Conception sonore: Gabrielle Couillard Régie: Martin Emond Directeur technique: Jules Beaulieu Construction du décors: PYN Les Productions e Point en collaboration avec Les Productions Jean-Bernard Hébert Théâtre des Grands-Chênes (Kingsey Falls) du 2 juillet au 28 août 2022 (1h30 sans entracte) Information et billetterie: grandschenes.ca ou 1.877-563-2900 Photos: Caroline Roberge

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