par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
Quand on a appris que Guylaine Tremblay allait faire son premier solo en carrière après presque quarante ans à fouler les planches et que ça allait être dans une salle relativement petite (La Licorne), personne n’a été étonné que les billets se vendent à la vitesse de l’éclair. Puis, il y a eu un autre soubresaut de la pandémie qui a empêché certaines séries de supplémentaires. Alors les Productions Déferlantes, instantanément passées maîtres dans le téléthéâtre nouveau genre (La Face cachée de la lune, L’Assemblée, Embrasse, Le Petit Prince – théâtre musical, L’Origine de mes espèces – la genèse…) en ont fait une magnifique captation en direct pour Télé-Québec et c’est comme ça que j’ai pu renouer avec l’écriture délicieuse de Steve Gagnon (je ne me suis pas encore remis de Pour qu’il y ait un début à votre langue) et avec celle que j’avais vue pour une première fois sur scène avec Denise Gagnon dans Aurélie, ma sœur de Marie Laberge sur la scène du Café de la Place en 1989.
La semaine dernière, là où tout avait commencé, après une série de représentations à La Bordée qui a permis à Guylaine Tremblay de renouer avec le public de Québec, j’ai eu la chance de renouer avec ce texte et cette production mise en scène par la brillante Édith Patenaude et, encore une fois, j’ai été séduit par le travail de ce trio.
Avec l’écriture sensible, touchante, drôle de Steve Gagnon et le jeu – insérez ici les mêmes qualificatifs au masculin – de Guylaine Tremblay, on entre dans l’univers d’une professeure de littérature montréalaise qui passe ses étés dans sa maison de campagne du sud de la France entourée de ses amis à l’accent savoureux – qu’on entendra jamais mais que le rythme impeccable de Guylaine Tremblay nous fait presque goûter – qui trouvent que c’est elle, bien sûr, qui a un accent coloré. Et ils ont raison ! Parce que Guylaine Tremblay rehausse légèrement son Français vers l’international pour nous faire comprendre les années d’université de son personnage sans tomber dans la musicalité franchouillarde que certains Québécois se sentent souvent obligés d’adopter (avec raison, à mon humble avis !) pour être compris des Français. Guylaine parle donc habilement avec Monique, Claire, Arthur, Claude… de tout et de rien dans des tableaux voire monologues qui nous la rendent attachante, exaspérante, ridicule, coquine, vivante, vulnérable… humaine. On l’aime… et on aime sa fille Charlotte qu’on ne rencontrera pas non plus mais qui est clairement l’amour de sa vie !
Le décor de Patrick Charbonneau-Brunelle, les éclairages d’Erwann Bernard, la vidéo d’Eliot Laprise (dont on peut simultanément voir le travail dans Salle de nouvelles chez Duceppe dans laquelle il joue en plus !) et la musique toujours fascinante et agréable de Mykalle Bielinski (une grande complice de celle qui vient d’être nommée comme successeure de Ginette Noiseux à Espace GO) contribuent tous à faire de cette production une agréable soirée intime, comique et réflexive.
Les Étés souterrains de Steve Gagnon Mise en scène: Édith Patenaude Assistance à la mise en scène: Adèle Saint-Amand Avec Guylaine Tremblay Décor: Patrice Charbonneau-Brunelle Costumes: Estelle Charron Éclairages: Erwann Bernard Musique: Mykalle Bielinski Vidéo: Eliot Laprise Une production du Théâtre de La Manufacture Du 5 au 23 septembre 2023 – mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h (1h40 sans entracte) Tête à tête: jeudi 14 septembre 2023 *** Supplémentaires: 19 et 20 septembre 2023 à 19h Théâtre La Licorne, 4559, avenue Papineau, Montréal Billetterie: 514-523-2246 – theatrelalicorne.com Représentations au Théâtre La Bordée (Québec) du 22 août au 2 septembre 2023 Photos: Suzane O’Neill
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