par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
Avec son Théâtre Tout-à-Trac, l’auteur/metteur en scène Hugo Bélanger a exploré les univers de Lewis Carroll (Alice au Pays des Merveilles et son plus récent Alice de l’autre côté), Carlo Collodi (Pinocchio), Carlo Gozzi (L’Oiseau vert et La Princesse Turandot), des spectacles dits «jeune public», tout en montant John Logan, Colin Higgins et l’inoubliable Bizarre Incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon/Simon Stephens chez Duceppe en plus du tout aussi mémorable Tour du monde en 80 jours d’après Jules Verne au TNM. Cette nouvelle création de Tout-à-trac, Le Rêveur dans son bain, qui aurait rencontré son public pas mal plus vite si la pandémie n’avait pas tout retardé, permet à Hugo Bélanger de renouer avec la scène du TNM après quelque huit ans. Et le résultat en aura bien valu l’attente.
Après La Nuit des rois repensée par Frédéric Bélanger en ouverture de saison, c’est donc un deuxième Bélanger ultra créatif qui ferme la saison. Le Rêveur dans son bain est une absolue merveille de créativité et de magie qui nous en met plein les yeux, plein les oreilles, plein le cœur, un spectacle tout aussi ludique qu’éducatif sans être pédagogique, drôle parce qu’empruntant aux codes de la commedia dell’arte et touchant dans sa grande humanité.
Alors que le rêveur (puissant Normand D’Amour) tente désespérément de se reconnecter à sa créativité, à sa muse (Ondine, chimérique mais vigoureuse et sublime Cynthia Wu-Maheux), s’entêtant à demeurer dans sa baignoire depuis vingt ans, il nous (re)connecte aux grands maîtres du cinéma (Georges Méliès, Alice Guy), de la magie (Jean-Eugène Robert Houdin), de la bande dessinée (Winsor McCay), de la photographie et du mouvement Dadaïste Elsa von Freytag et Hannah Höch.
Puis, il y a les fils du rêveur, son biologique (touchant Renaud Lacelle-Bourdon) et son fictif dessiné Octave (toujours si attachant Sébastien René). Hugo Bélanger s’entoure de comédiens qui font partie de sa famille théâtrale, Éloi Cousineau, Carl Poliquin, Marie-Ève Trudel, tous si justes et polyvalents alors que le légendaire Carl Béchard, toujours aussi énergique, incarne si habilement le bédéiste McCay tout en endossant plusieurs petits rôles de soutien comme Cousineau, Poliquin et Trudel, véritable troupe de saltimbanques moliéresques.
On se régale de l’originalité du texte qui, parfois, tombe dans des lieux communs mais on ne pourrait en vouloir à Hugo Bélanger et son conseiller dramaturgique Pierre Yves Lemieux tant le metteur en scène nous régale de trouvailles visuelles géniales dignes des Robert Lepage de ce monde. Les projections de Thomas Payette de Mirari Studio, le même qui avait signé celles de La Nuit des rois et d’Abraham Lincoln va au théâtre cette saison, sont hallucinantes et rejoignent la brillante démarche de Bélanger entamée avec Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit.
Dans une saison toute en amour du théâtre, des arts, des artistes, des créateurs, Le Rêveur dans son bain est un spectacle pour toute la famille, littéralement de 7 à 107 ans, une magnifique façon pour les petits de s’initier au génie et à la magie du théâtre tout en reconnectant les plus vieux sur leur cœur d’enfant, leur créativité, leur magie intérieure.
Le Rêveur dans son bain d’Hugo Bélanger Mise en scène: Hugo Bélanger Assistante à la mise en scène et régie: Stéphanie Raymond Avec Carl Béchard, Éloi Cousineau, Normand D’Amour, Renaud Lacelle-Bourdon, Carl Poliquin, Sébastien René, Marie-Ève Trudel et Cynthia Wu-Maheux Conseiller dramaturgique: Pierre Yves Lemieux Décor: Jonas Veroff Bouchard Costumes: Marie-Chantale Vaillancourt Éclairages: Luc Prairie Musique originale et environnement sonore: Ludovic Bonnier Vidéo: Thomas Payette (Mirari Studio) Accessoires: Alain Jenkins Conception des maquillages: Maryse Gosselin Une production du Théâtre Tout-à-Trac avec la collaboration du Théâtre du Nouveau Monde 2 au 27 mai 2023 (Durée: 1h45 sans entracte) Théâtre du Nouveau Monde, 84, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal Billetterie et information: 514-866-8668, poste 1 - https://tnm.qc.ca/ Photos: Yves Renaud
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