par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
Après avoir fait les belles heures de décembre à La Licorne pendant plus de vingt ans, les Contes urbains d’Yvan Bienvenue et de son Théâtre Urbi et Orbi avaient cédé la place aux Foirées montréalaises pendant trois ans – réhabilitant un nouveau quartier de la métropole à chaque année… jusqu’à ce que la pandémie viennent gâcher l’party. Cette année, contre toute attente, le Théâtre Urbi et Orbi traverse la rue et investit le Bar La Tulipe, l’ancien Théâtre des Variétés de feu Gilles Latulippe, ressuscitant la tradition des Contes urbains avec une toute nouvelle mouture.
Le spectacle commence par deux pièces musicales brillantes interprétées par le comédien Harry Standjofski (qui aurait cru qu’il était aussi un virtuose de la guitare jazz?), des réarrangements originaux de classiques de Noël qui réhabiliteraient les plus grincheux d’entre nous. Le comédien/musicien, dont on a pu apprécier le talent de jeu encore tout récemment dans Docteure chez Duceppe, créera des transitions agréables entre tous les contes qui composeront cette nouvelle soirée, pour le plus grand bonheur des spectatrices et des spectateurs. Une heureuse initiative à reprendre.
Le premier conte, une histoire abracadabrante où une crotte de nez vient prendre des proportions gargantuesques, est livré par le comédien et auteur bilingue Laurent Pitre qui avait participé aux Urban Tales du Centaur, justement avec Harry Standjofski en 2018. Coquin et charmant, il livre le texte avec un naturel désarmant même si, parfois, les cœurs sensibles pourraient avoir de petits hauts-le-cœur. La chute laisse joyeusement bouche bée… même si la sortie est légèrement escamotée.
Suivra la grande Julie Vincent qui incarne une religieuse qui raconte avec grands malaises les nombreuses rumeurs et indécrottables qu’en-dira-t-on qui ont circulé sur une ancienne collègue qui a quitté le couvent. Malgré quelques raccourcis dans le texte, la comédienne virtuose convainc et emmène habilement le public avec elle.
Ensuite, c’est le comédien/chanteur Normand Carrière qui prend le plancher, livrant le témoignage d’un homme dans la soixante qui s’occupe de sa vieille mère, nonagénaire encore bien indépendante et… friande d’achats coquins sur Internet? Excellente interprétation et texte à double sens très amusant.
Puis, juste avant l’entracte, une belle découverte pour moi, la comédienne Dominique Laniel qui incarne une barmaid de petit établissement de quartier aux prises avec un client weird. Ici, Yvan Bienvenue explore la notion des apparences qui peuvent être trompeuses. Texte habile et interprétation magistrale.
En revenant de l’entracte, c’est le dynamique Alexandre Fortin qui défend Plein l’cul, un texte amusant et irrévérencieux… comme ils le sont tous, chacun à sa façon. Avec des références comme l’épicerie Steinberg, on se dit qu’on replonge dans le passé big time mais on nous parle de cellulaires, une étrange dichotomie qu’on accepte avec plaisir tant le texte et l’interprète sont savoureux.
Suivra la toujours juste et charismatique Anna Beaupré Moulounda, excellente comédienne qui n’a pas froid aux yeux et ne recule devant rien (je l’avais beaucoup appréciée dans L’Amour au 21e siècle selon Wikihow, entre autres), qui nous livre un Roméo et Juliette comique et coquin chez les personnes âgées avec Tancrède et Rosaline. Un bon moment !
Puis, le spectacle se termine avec le touchant André Morissette qui, dans un numéro qui traite à la fois d’itinérance, d’amitié et de santé mentale, tire les ficelles du cœur avec une efficacité remarquable. Un texte déchirant livré de main de maître.
Bref, malgré certaines imperfections (et ce n’est certainement pas la perfection que l’on recherche dans un tel spectacle), les Contes urbains font un beau retour et c’est un bonheur de renouer avec une belle tradition… déménagée dans un nouveau lieu mythique.
Contes urbains mouture 2023 Textes et direction artistique: Yvan Bienvenue Mise en conte: Martin Desgagné Assistanat et régie: Annick Asselin Avec Laurent Pitre (Gravy Metal), Julie Vincent (Sano Mado), Normand Carrière (Madame Butterfly), Dominique Laniel (Last Cul), Alexandre Fortin (Plein l’cul), Anna Beaupré Moulounda (Tancrède et Rosaline) et André Morissette (L’Ange exterminateur) Musique : Harry Standjofski Éclairage: Mathieu Gourd Relations de presse: Karine Cousineau Communications Une production du Théâtre Urbi et Orbi La Tulipe – 4530 avenue Papineau, Montréal Du 5 au 9 décembre 2023 20h – relâche 7 décembre, deux représentations samedi: 16h et 20h (2h10 incluant un entracte) Billetterie 514-529-5000 |514-845-2014 | billetterie@latulipe.ca | www.latribu-latulipe.com
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