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Opérette/Théâtre musical: «Docteur Ox» de Jacques Offenbach: Délirante balade flamande

par Yanik Comeau (Comunik Média)

Pour leur 16e saison, les Productions Belle Lurette ont choisi de rendre hommage au maître de l’opérette et de l’opéra-bouffe, Jacques Offenbach, dont on souligne en 2019 le 200e anniversaire de la naissance. Après La Grande Duchesse de Gerolstein, La Belle Hélène, Barbe-Bleue et un spectacle hommage à l’œuvre du prolifique compositeur au printemps dernier (D’amour et d’Offenbach) entre autres, le directeur artistique Etienne Cousineau a choisi de programmer une œuvre moins connue mais pas moins intéressante d’Offenbach, Docteur Ox, inspirée d’une nouvelle de Jules Verne. Faisant feu de tout bois et ne reculant pas devant une œuvre fantastique ou de science-fiction pour la transposer à l’opérette, Offenbach s’était déjà intéressé à Verne avec Le Voyage dans la Lune que Belle Lurette a aussi montée il y a quelques années.



Prenant d’assaut le magnifique Théâtre des Muses de la Maison des arts de Laval, Etienne Cousineau (le sopraniste qui a fait irruption sur la scène musicale québécoise avec son passage remarqué à la première saison de l’émission La Voix) et sa bande racontent l’histoire de ce mystérieux Docteur Ox (le charismatique ténor Étienne Isabel) et son assistant Ygène (rôle masculin joué ici par l’excellente et rafraîchissante Nadine Arnaud-Drouelle avec une énergie remarquable) qui viennent installer leur usine à gaz au sommet d’une tour dans le petit village flamand de Quiquendone. Ils seront accueillis en héros par les villageois, mais rapidement, tout ce beau monde déchantera quand il découvrira les conséquences des tests sur les comportements de leurs concitoyens.


Le livret signé Arnold Mortier et Philippe Gille met en scène une jolie brochette de personnages colorés qui rappellent aussi les villageois de la comédie américaine Un village de fous (Fools) de Neil Simon. Légère mais bien ficelée, l’intrigue soutient l’intérêt et se laisse porter harmonieusement par les mélodies caractéristiques d’Offenbach. L’arrivée de Prascovia (Etienne Cousineau jouant, à son habitude, le rôle féminin principal évitant cette fois les caricatures trop poussées et interprétant avec beaucoup d’énergie et de vérité cette princesse caucasienne aux émotions changeantes) et de Shaoura (l’excellent comédien Philippe Gobeille dont la seule présence en scène produit une cohésion immédiate dans la distribution, comme une colle magique qui créerait une fusion aussi fantastique que l’effet du gaz du Docteur Ox) vient consolider cette histoire et lui donner des nuances et des couches supplémentaires.


On se plaît à entendre les belles voix et à apprécier les interprétations de Frédérique Labelle (la jeune première Suzel, promise au docteur), Marie-Pier Chamberland (une présence impressionnante en Lotche, la bonne) et Patrice Côté dans le rôle du bourgeois Monsieur Van Tricasse. La voix et la présence de Jonathan Robert sont aussi remarquables dans ses deux rôles bien distincts, Josse et le coloré Grand Personnage de Virgamen. Bien que la voix et l’interprétation de Jocelyne Cousineau soient impeccables, on s’étonne de ne pas l’entendre davantage. Question d’acoustique, de projection ?

Maximisant l’utilisation de la scène du Théâtre des Muses, particulièrement dans les scènes de groupe qui auraient pu s’avérer laborieuses avec autant de chanteurs/comédiens sur les planches à la fois, Etienne Cousineau mise sur des chorégraphies toutes simples mais d’une grande efficacité. Difficile aussi de ne pas s’incliner devant le talent de ce chœur d’une cohésion rare qui joue à la fois l’équipe de scientifiques, la cohorte de bohémiens et les citoyens de Quiquendone. Pas un seul maillon faible ici, bien au contraire !


Avec des costumes magnifiques, des éclairages et des effets de fumée d’un esthétisme remarquable, des décors crédibles et colorés, cette nouvelle production de Belle Lurette offre une homogénéité exceptionnelle. Permettant autant aux amateurs d’opéra, d’opérette, d’art lyrique et de théâtre musical qu’aux non-initiés ou aux rébarbatifs d’y trouver leur compte, Docteur Ox remporte son pari à tous les niveaux.



Docteur Ox, opéra-bouffe de Jacques Offenbach Mise en scène et chorégraphies: Etienne Cousineau Direction musicale et accompagnateur : Pierre McLean Interprètes: Nadine Arnaud-Drouelle (Ygène), Marie-Pierre Chamberland (Lotche), Pierre-Luc Cossette (Niklausse), Patrice Côté (Monsieur Van Tricasse), Etienne Cousineau (Prascovia), Jocelyne Cousineau (Madame Van Tricasse), Philippe Gobeille (Shaoura), Étienne Isabel (Docteur Ox), Frédérique Labelle (Suzel), Jonathan Robert (Josse et Grand Personnage de Virgamen), Tristan Roy (Frantz) et Guillaume Duvois-Beauchemin (journaliste). Scientifiques, bohémien.ne.s et Quiquendonnien.ne.s : Juliandrée Bourque, Jacinthe Décarie, Guillaume Dubois-Beauchemin, Sylvain Jr Giroux, Pierre-Luc Laforest-Jean, Mily Tchang-Leith et Lara-May Viger Conception d’éclairages et régie: Maude Serrurier Une production de Productions Belle Lurette 1er au 3 novembre 2020 (2h + entracte) Théâtre des Muses – Maison des arts de Laval, 1395, boulevard de la Concorde, Laval Informations: 450-667-2040 – www.bellelurette.org

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