par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)
La saison de l’Opéra de Montréal se sera ouverte sur le classique Les Noces de Figaro de Mozart avant les créations La Reine-Garçon et Enigma pour revenir vers le classique des classiques de Verdi, La Traviata. Trois œuvres inspirées de pièces de théâtre et un opéra inspiré d’un roman, La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils. Il est intéressant de savoir que La Traviata a été créée en Italie en 1853, seulement cinq ans après la publication du roman de Dumas.
Coproduction majeure entre cinq compagnies d’opéra canadiennes, cette nouvelle Traviata dirigée par Alain Gauthier, un habitué de l’Opéra de Montréal, rassemble d’excellents interprètes dont la sublime soprano Talise Trevigne dans le rôle de la courtisane Violetta, cette dame aux camélias que cette nouvelle production transpose dans la Ville Lumière des années folles où elle séduit le tout Paris comme artiste de jazz. On pourrait même aller jusqu’à faire des parallèles avec Joséphine Baker. Un choix audacieux et moderne qui dépoussière sans dénaturer, une qualité que j’apprécie toujours.
Bien que la direction du jeu des interprètes soit parfois un peu rigide (on aurait voulu sentir plus d’intimité, plus de passion entre Alfredo et Violetta), on est néanmoins toujours aussi impressionné par le talent du ténor Antoine Bélanger dans le rôle, lui qui avait ravi dans Enigma le mois dernier et qui a été appelé à remplacer Rame Lahaj à quelques jours de cette première. La magnifique Ilanna Starr est pétillante, joyeuse et sensuelle dans le rôle de Flora, celle qui accueillera le grand bal du deuxième acte. La prestation de l’imposant baryton James Westman incarnant Giorgio Germont, le père d’Alfredo, rôle qu’il a joué plus de 250 fois sur toutes les scènes du monde, amène une gravité remarquable tout comme celle du baryton Mikelis Rogers qui fait des débuts prometteurs à l’Opéra de Montréal. Fort efficace, le chœur, composé d’une trentaine d’artistes, est aussi appelé à danser et impressionne par sa simple présence.
Seuls petits bémols de cette magnifique production qui manque de panache au niveau des costumes (surtout dans la scène de bal), la direction musicale et la déjà mentionnée direction des interprètes au niveau du jeu manquent de fluidité et rendent le tout un peu trop géométrique.
Néanmoins, on peut dire que l’Opéra de Montréal aura offert une saison bien équilibrée, généralement audacieuse et dynamique, qui n’aura pas trop effarouché les traditionnalistes mais aura aussi ravi les moins initiés qui se régalent de nouveautés et de directions plus éclatées.
La Traviata (en italien avec surtitres en français et en anglais)
Compositeur: Giuseppe Verdi Librettiste: Francesco Maria Piave
Mise en scène: Alain Gauthier
Chef d’orchestre: Jordan De Souza dirigeant l’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal
Assistant chef d’orchestre: Christopher Gaudreault
Interprétation: Talise Trevigne (Violetta Valéry), Antoine Bélanger (Alfredo Germont), James Westman (Giorgio Germont), Ilanna Starr (Flora Bervoix), Geoffrey Schellenberg (Marquis d’Obigny), Angelo Moretti (Gastone), Mikelis Rogers (Baron Douphol), Jean-Philippe Mc Clish (Docteur Grenvil), Chelsea Colić (Annina), Jaime Sandoval (Giuseppe), Emanuel Lebel (Commissionario)
Chef de chœur: Claude Webster
Scénographie et costumes: Christina Poddubiuk
Éclairage: Kevin Lamothe
Pianiste-répétitrice: Carol-Anne Fraser
Chorégraphie: Noëlle-Émilie Desbiens
Une coproduction du Manitoba Opera, du Edmonton Opera, du Pacific Opera (Victoria), du Vancouver Opera et de l’Opéra de Montréal
Les 4, 7, 9 mai 2024 à 19h30, 12 mai 2024 à 14h (durée: 2h48 incluant deux entractes et une pause de 5 minutes)
*** supplémentaire: Mardi le 14 mai 2024 à 19h30
Théâtre Wilfrid-Pelletier, Place des Arts, Montréal
Photos: Vivien Gaumand
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