par Yanik Comeau (ZoneCulture/Comunik Média)
Comédien, auteur et metteur en scène, Nicolas Gendron est conseiller artistique de Claude Poissant au Théâtre Denise-Pelletier en plus de mener parallèlement ses propres projets. Parmi ceux-ci, Oh, la boulette !, un intrigant théâtre forum / théâtre vérité qui se colle à l’actualité et qui semble s’être donné comme mandat de s’exprimer sur les sujets chauds tout en sondant le public de manière informelle et ludique.
Sous le prétexte de réunir un groupe d’amis comédiens autour d’un bol de plastique contenant les noms de personnalités de l’actualité – plus ou moins connues – écrits sur de petits papiers et mis en boulette, on fera des jeux de société, on jouera à faire deviner les autres, mais les noms seront assez pour créer des malaises, lancer des débats, alimenter des réflexions, de bonne ou de mauvaise foi.
Oh, la boulette !, c’est une série de tableaux aux canevas plus ou moins écrits, surtout improvisés, mais néanmoins dirigés, encadrés. Le metteur en scène / idéateur en expliquera les règles d’entrée de jeu et interviendra quelques fois pendant la représentation, du haut de la régie, comme la voix de Dieu. Le public aussi pourra participer.
Bien que tous les numéros ne soient pas criants d’intérêt, notamment les témoignages Quel est l’événement d’actualité qui a marqué ton enfance ? auxquels chacun des interprètes se prêteront et qui ne seront pas tous de qualité ou de pertinence égale (on parlera du référendum de 1995, de la crise du verglas, de Tchernobyl,…), l’événement – et surtout l’exercice –, appelé à s’adapter à l’actualité d’une représentation à l’autre, est néanmoins intéressant dans son ensemble.
Particulièrement intéressant parce qu’il tâte non seulement le pouls du public mais parce qu’il montre clairement les limites du sondage à froid, des statistiques spontanées, du vote impulsif. Les interprètes donneront leur opinion sur divers sujets – politiques, sociaux, environnementaux, culturels – teintée de leur biais personnel, leur passé, leur ADN, leur éducation. On se demande cependant pourquoi la distribution n’est pas plus diversifiée, pourquoi on a l’impression que les interprètes soient tous de la même génération (ou presque), de backgrounds plutôt uniformes. Pas que ce soit un reproche, mais si on voulait vraiment parler de polarisation, de gauche, droite, nord, sud, migrants, de souche, français, anglais, n’aurait-on pas gagné à Benetton-iser la troupe ? En même temps, diversifier pour diversifier, est-ce absolument nécessaire ? Une autre question qui pourrait être posée pendant le spectacle et qui pourrait encore démontrer la polarisation dans notre société.
D’une représentation à l’autre – et il y en aura deux autres à La Chapelle la saison prochaine –, Oh, la boulette !, comme un forum public, un rassemblement de perron d’église, un town hall comme en font les Américains, propose des aliments pour nourrir la réflexion, des éléments pour attiser des feux. Cependant, n’allez pas croire qu’il soit impartial. Ce serait bien naïf. Réflexion, réflexion, réflexion…
Oh, la boulette ! de Nicolas Gendron (idéateur et metteur en scène) Un spectacle de et avec Sylvio Arriola, Guillaume B. Choquette, Maxime Beauregard-Martin, Nicolas Gendron, Letitia Hamaoui, Danielle Le Saux-Farmer, Jean-René Moisan, Lila Mourmant, Leila Thibeault Louchem et Alex Trahan Une production de On a tué la une ! Oh, la boulette ! (1/4) 3 février 2019 Oh, la boulette ! (2/4) 12 mai 2019 16h
Oh, la boulette ! (3/4) 18 septembre 2019 20h Oh, la boulette ! (4/4) 1er décembre 2019 16h
(75 à 90 minutes sans entracte) La Chapelle, Scènes Contemporaines, 3700, rue Saint-Dominique, Montréal Réservations : 514-843-7738 – www.lachapelle.org Photos: Jules Bédard
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