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«Manifeste de la Jeune-Fille» d’Olivier Choinière: Master class, master blast

Dernière mise à jour : 8 juil. 2019

par Yanik Comeau (Comunik Média / Zone Culture)


Après avoir vu Jean dit l’an dernier au Théâtre d’aujourd’hui et avoir raté la première mouture de Manifeste de la Jeune-Fille à Espace Go, je me réjouissais d’apprendre que cette pièce allait être reprise et j’avais le souffle coupé en voyant la distribution. L’anticipation était à son comble. Et ni le texte, ni la production de L’Activité, ni la distribution époustouflante ne déçoivent. Manifeste de la Jeune-Fille se doit d’être présentée sur le plus de scènes possibles et découverte par le plus large des publics.


Le soir de la première de cette nouvelle mouture, des jeunes tout autant que des aînés composaient le public du Théâtre Outremont. Si l’on se fie aux réactions en direct et aux commentaires pendant la rencontre avec les artistes après la représentation, pas de doute que ce texte touche, rejoint, fait rire (parfois très jaune), touche la cible.



Manifeste de la Jeune-Fille, c’est une manifestation théâtrale à la forme singulière qui, par moments, rappelle Ionesco et Jarry, et au fond tout aussi fabuleux. Inspiré d’un véritable collectif philosophique pamphlétaire publié en France en 2001, Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille, Olivier Choinière a pondu une œuvre théâtrale qui traite de cette tendance marketing qui veut que tout soit créé pour plaire au prototype de la jeune femme, l’adolescente, la décideuse, l’influenceuse. Autour de ce texte, Choinière metteur en scène a réuni deux acteurs septuagénaires, deux acteurs cinquantenaires et trois acteurs dans la vingtaine/jeune trentaine pour parler d’environnement, de réseaux sociaux, de consommation, de surconsommation, de guerre, d’injustice sociale, de culture, de publicité, de sexualisation, bref de capitalisme et de cette quête du bonheur au centre de cet inévitable magma qu’est la vie humaine dans la deuxième décennie du 21e siècle.


Dans un décor blanc d’une efficacité redoutable de Max-Otto Fauteux qui représente clairement une grande boutique trendy dans laquelle magasine la Jeune-Fille ciblée par les bonzes du marketing, les comédiens défilent, parfois comme des mannequins de runway, parfois comme des soldats, parfois comme quoi encore, arrachant aux tringles et aux cintres des centaines de vêtements et d’accessoires, multipliant les looks pour appuyer les propos. Absolument brillant dans l’illustration de la surconsommation.


Il faut voir Raymond Cloutier, Muriel Dutil, Stéphane Crête et Isabelle Vincent non seulement incarner ces jeunes filles toute-en-une mais aussi multiplier les clins d’œil au monde culturel, au star system et au milieu théâtral québécois. Il faut entendre Sébastien René (toujours magnifique et encore épatant ici après son incroyable tour de force dans Le Bizarre Incident du chien dans la nuit de Duceppe la saison dernière et qui sera – oh joie! – repris l’été prochain au Théâtre Gilles-Vigneault de Saint-Jérome… où passera bientôt, justement, Manifeste de la Jeune-Fille), Catherine Paquin-Béchard et Joanie Martel (ma découverte de ce spectacle – quelle comédienne extraordinaire!) dans des tirades délicieuses qui collent tellement au quotidien et à la rapidité de l’actualité, du tabloïd de l’aujourd’hui qui est déjà hier.



Cerises sur le délicieux sundae doux-amer qu’est Manifeste de la Jeune-Fille? Le pittoresque délire sur les affiches de théâtre et la charge sans merci (ou serait-ce une étrange déclaration d’amour tordue?) des acteurs devenus spectateurs, assis dans le public, multipliant les commentaires positifs ou négatifs sur l’expérience théâtrale.

Manifeste de la Jeune-Fille est, en effet, une expérience théâtrale qui divertit et bouscule à la fois, qui fait rire et réfléchir, qui décourage et encourage.


Au Périscope de Québec jusqu’au 20 octobre et en tournée jusqu’au 29 novembre.


Manifeste de la Jeune Fille de Olivier Choinière Mise en scène : Olivier Choinière Avec Raymond Cloutier, Stéphane Crête, Muriel Dutil, Catherine Paquin-Béchard, Joanie Martel, Sébastien René et Isabelle Vincent Une création de L’ACTIVITÉ en collaboration avec Espace Go En tournée jusqu’au 29 novembre 2018 Théâtre Outremont – 5 octobre Théâtre Le Périscope (Québec) – 9 au 20 octobre Théâtre Gilles-Vigneault (St-Jérôme) – 31 octobre Théâtre Juliette-Lassonde (St-Hyacinthe) – 2 novembre Théâtre Lionel-Groulx (Ste-Thérèse) – 3 novembre Théâtre du Vieux-Terrebonne – 9 novembre Théâtre de la Ville (Longueuil) – 10 novembre Théâtre Hector-Charland (L'Assomption) – 13 novembre Le Carré 150 (Victoriaville) – 15 novembre Théâtre de la Rubrique - Salle Pierrette-Gaudreault (Saguenay) – 17 novembre Salle J. Antonio-Thomson (Trois-Rivières) – 27 novembre Maison des arts de Laval – 29 novembre

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