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«La Maison» au Petit Théâtre du Nord: Un chalet, quatre époques, quatre auteures

Dernière mise à jour : 9 mars 2021

par Yanik Comeau (Comunik Média/ZoneCulture)


L’an dernier, le Petit Théâtre du Nord célébrait ses vingt ans avec une création de François Archambault, Quelque chose comme une grande famille, une pièce qui s’inscrivait tout à fait dans ce mandat très particulier et original qu’il s’est toujours donné – consciemment ou inconsciemment à en lire le mot des codirecteurs artistiques dans le programme – de présenter des pièces qui brisent le moule des structures dramatiques traditionnelles. Avec La Maison, c’est encore le cas.


On pourrait presqu’aller jusqu’à dire que La Maison est du «théâtre d’été» expérimental. Faire appel à quatre auteures qui écriront chacune une partie d’histoire, quatre univers plantés dans un même lieu à quatre époques différentes, ce n’est certes pas très pantouflard comme façon d’aborder le théâtre en été. Le résultat n’est certes pas 100% concluant et le texte aurait peut-être profité d’un encadrement dramaturgique plus serré, mais on passe néanmoins un bon moment et la deuxième partie, plus ramassée, plus efficace, réussit à racheter les égarements du début en nous amenant vers une conclusion qui explique ce qui nous avait fait froncer les sourcils avant l’entracte.



C’est cette narration de la mère pré-Révolution Tranquille (incarnée par l’excellente Geneviève Alarie qui joue aussi deux autres personnages à d’autres époques) qui rattachera les ficelles à la toute fin et qui expliquera le pourquoi du comment. La pièce raconte en filigrane l’histoire d’une maison, devenue en quelque sorte chalet, dont l’actuel propriétaire, Claude (Luc Bourgeois dans un rôle écrit sur mesure pour lui, un bourgeois aisé pas très sympathique), souhaite se départir en embauchant une agente d’immeuble locale (énergique et amusante Annick Bergeron) dont il ne se souvient pas mais avec qui il a déjà eu une petite aventure… charnelle. Celle-ci est mariée à un vieil ami d’enfance (joué par Antoine Durand qui est formidable dans ses quatre rôles si différents et si clairement amusants à jouer) qui n’est pas le plus tranchant des couteaux dans le tiroir !



À cause de ces sauts dans le temps, de ce va-et-vient entre les époques et des liens entre les personnages de différentes générations d’une même famille, on ne peut faire autrement que penser à La Maison suspendue de Michel Tremblay. Même le titre, hein ? Mais là s’arrêtent les comparaisons étant donné que la pièce de Tremblay est beaucoup moins «amusante» et légère que cette nouvelle création.


On se régale de plusieurs scènes dans la pièce, tout particulièrement la plus loufoque d’entre elles, celle dans laquelle Geneviève Alarie et Kim Despatis jouent des bouffonnes justicières qui ont décidé de mettre le feu au chalet mais n’ont pas bien peaufiné leur projet et se font interrompre par un homme à tout faire qui s’improvise tueur à gages (Antoine Durand). Un délice !


Comme l’an dernier, Olivia Piat Audet a conçu un décor très réaliste et efficace. Pas sur scène cette année, Sébastien Gauthier signe la mise en scène de cette nouvelle création, dirigeant de main de maître une distribution qui, déjà à la première, fait preuve d’une maîtrise impressionnante.


Bien qu’il faille éviter les comparaisons toujours inévitables, La Maison n’atteint clairement pas les sommets rejoints avec Quelque chose comme une grande famille l’an dernier, mais on passe encore une fois un très agréable moment avec le Petit Théâtre du Nord. Et bien que l’on se plaise dans la salle qu’il occupe depuis plusieurs années à Blainville, on se réjouit pour l’équipe qui déménagera dans un nouveau centre de création à Boisbriand à partir de l’été 2020. Petit Théâtre deviendra grand ? Le jeu de mot est aussi inévitable que les comparaisons, mais il faut croire qu’il ne grandira pas assez pour se dénaturer.


La Maison de Gabrielle Chapdelaine, Rébecca Déraspe, Mélanie Maynard et Maryse Warda Mise en scène: Sébastien Gauthier Avec Geneviève Alarie, Annick Bergeron, Luc Bourgeois, Kim Despatis et Antoine Durand Une production du Petit Théâtre du Nord Du 20 juin au 23 août 2019 les jeudis, vendredis et samedis à 20h (2h10 incluant l’entracte) * relâche les 25, 26 et 27 juillet Petit Théâtre du Nord, 1000, chemin du Plan-Bouchard, Blainville Information et billetterie: 450-419-8755 ou www.petittheatredunord.com Photos : François Larivière

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