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«KINK» de Pascale St-Onge et Frédéric S.-Painchaud: Découvrir le BDSM dans l’humour et le respect

par Yanik Comeau (Comunik Média)



J’allais voir KINK à reculons. Un spectacle «expérimental» développé sur deux ans autour du thème du BDSM? L’exercice pouvait s’avérer fort intéressant, mais pouvait aussi s’échouer comme un cachalot désorienté et finir comme une masse immonde et imbuvable. Hors, la démarche de Pascale St-Onge et Frédéric Sasseville-Painchaud a convergé vers un spectacle fin et sobre, à la fois ludique et réfléchi, rafraîchissant et sain, intelligent et respectueux d’un public qui n’a peut-être pas envie de s’en faire mettre plein la gueule, au propre comme au figuré. KINK est le résultat d’une exploration de ce que l’on peut dire et montrer d’un univers très peu connu et surtout, méconnu et traînant de grossiers préjugés.



Composé de tableaux thématiques bien structurés, courts, complets, qui intègrent souvent des membres du public acceptant l’invitation «Veux-tu jouer avec moi ?», faite doucement, respectueusement et sans pression, le spectacle marie harmonieusement la poésie, le témoignage (les interprètes se mettent généreusement à nu sans jamais se dévêtir – quel concept!) et l’anecdote. La musique de Christophe Godon est brillante, jamais assommante ou envahissante. Elle participe à créer des ambiances variées tout comme les éclairages d’Emmanuelle Brousseau.



Il est à parier que ce spectacle ne passerait pas aussi bien s’il n’était pas interprété par Pascale St-Onge et Frédéric Sasseville-Painchaud, comédiens affables, sympathiques, attachants et généreux. Même ceux qui jamais n’adhéreront à la moindre pratique BDSM peuvent se laisser porter par les histoires – vécues ou inspirées de faits vécus, on ne le saura pas vraiment, mais ça n’a aucune importance parce que, ce qui importe, c’est qu’elles soient empreintes de sincérité et d’authenticité –, jamais frontales, jamais violentes, jamais dégradantes. Le respect est clairement la ligne directrice et, bien que tout soit permis tant qu’il y a consentement éclairé, le spectateur est libre de quitter la salle quand il veut. Les règles du jeu, étalées dans le programme, font aussi partie de l’intro du spectacle, expliquées doucement, simplement, sans jugement.


KINK est certes une expérience théâtrale en lien avec la sexualité des interprètes (Sammy Bessette s’ajoutera un moment pour un numéro de bondage exécuté comme une fine chorégraphie très réussie), une exploration qui permettra aussi au spectateur de se questionner ou non – sans remettre en question nécessairement –sur sa propre sexualité tout en étant témoin de «performances à saveur BDSM (bondage, discipline, sadomasochisme)» qui peuvent heurter les plus sensibles, mais qui sont néanmoins plutôt soft (et c’est tant mieux).



Dans une ère où les arts veulent souvent choquer, heurter, frapper en plein visage, en mettre plein la vue et pousser les limites du tolérable, il est réjouissant de voir la démarche du duo Frédéric Sasseville-Painchaud (qui «n’est pas le chum de Pascale si ce n’est pas clair depuis le début») et Pascale St-Onge qui parlent avec candeur de sexualité, de leur sexualité… parce qu’après tout, la sexualité, y a pas de quoi fouetter un chat.


KINK Texte, performance et mise en scène: Pascale St-Onge et Frédéric Sasseville-Painchaud Cordes: Sammy Bessette Musique: Christophe Gordon Scénographie et costumes: Sunny Doyle Lumières: Emmanuelle Brousseau Conseils à la dramaturgie: Marilyne Lamontagne Conseils artistiques, assistance à la mise en scène et régie: Sandrine Lemieux Production : Pascale St-Onge et Frédéric Sasseville-Painchaud Du 18 au 27 octobre 2018 (1h30 sans entracte) Espace Libre, 1945, rue Fullum, Montréal Réservations : 514-521-4191

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