LE PROJET «BIENVENUE À BORD !» APPROCHE DE SON TERMINUS: AUJOURD'HUI, DEUX PIÈCES, DEUX STATIONS QUI COMMENCENT PAR «J»
par Yanik Comeau (Comunik Média)
La fin du mois de mars approche et, quand j'ai recommencé à écrire sur le projet «Bienvenue à bord!» à la fin février après presqu'un an d'arrêt complet à cause de cet inconfort que je ressentais à l'idée d'aller «flâner» dans le métro avec toutes les mesures sanitaires - moi qui ne suis pas du tout anti-masque mais qui préfère rester à la maison si ça peut me permettre de ne pas en porter -, je me suis dit qu'il me fallait un peu reprendre le temps perdu parce que ce projet aurait dû être terminé pour la rentrée... 2020-2021.
Ainsi, ce matin, j'ai tapé la troisième pièce que j'avais écrite mercredi et, cet après-midi, je suis retourné dans le métro avec un objectif clair: dans les trois heures qui s'offraient à moi, me rendre dans deux stations sur les cinq qu'il me restait à visiter et... écrire, créer, évidemment!
Je me suis donc rendu à la station Joliette qui - je vous confie un petit secret - a été une des rares stations à m'avoir résisté pour une raison ou pour une autre. Je ne me rappelle pas exactement quand mais... il y a plusieurs mois, j'ai passé des heures assis dans cette station, devant les pages blanches de mon cahier, et rien ne s'est passé. Cet après-midi, j'ai eu peur qu'il arrive la même chose parce que... c'était parti pour ça.
Figurez-vous que pendant que j'approchais de la station, Michèle Deslauriers nous annonçait qu'«un objet sur la voie causait un ralentissement de service sur la ligne verte en direction Angrignon. D'autres messages suivront.» J'ai souri en me disait que j'étais chanceux parce que j'allais dans l'autre direction, mais quand je suis descendu à Joliette, le train n'est pas reparti et Michèle a annoncé que le service était carrément interrompu pour une demi-heure sur toute la ligne!
Je me suis promené dans la station. J'en ai profité pour la redécouvrir. Apprécier l'oeuvre d'art de Marcel Raby près du poste du changeur et j'ai cherché des personnages parmi les personnes impatientes qui devenaient de plus en plus frustrées d'être coïncées à Joliette.
Mais rien. Je n'arrivais pas à me construire une histoire, à mettre des personnages en interaction. Puis, je me suis dit: «Tu as déjà écrit plus de 60 pièces... c'est pas vrai qu'il y a UNE station qui va te résister. C'est psychologique! Ne sois pas ridicule. Détends-toi. Arrête de stresser et... laisse l'inspiration et les personnages venir à toi».
Après près d'une demi-heure, assis sur le quai direction Angrignon, quand le métro s'est remis en marche, que les trains se sont mis à se succéder aux deux minutes et que Michèle a annoncé que «le service reprenait graduellement sur la ligne verte», je me suis mis à inspirer profondément derrière mon masque et à hurler de toutes mes forces quand les trains entraient en station pour voir si j'allais attirer l'attention de quelqu'un. Voir si quelqu'un allait reconnaître mon existence. Le fait que j'étais LÀ, VIVANT! Même avec ma voix puissante de comédien, personne ne s'est tourné vers moi. Personne n'a cherché à savoir d'où venaient ces cris primaux. Puis, une jeune femme avec deux sacs d'épicerie est arrivée... et je me suis imaginé qu'elle m'entendait. Nous avons eu une conversation imaginaire. Et c'est devenu ma pièce. Touchante. Inspirée par la solitude de la pandémie. Ma solitude.
Ensuite, je me suis rendu à la station Jarry sur la ligne orange. Il y a plusieurs mois, j'étais passé à Jarry et j'y avais rencontré un itinérant avec tout un bagage installé sur la passerelle au-dessus des rails. Il portait une casquette des Expos et je m'étais imaginé qu'il vivait encore dans la nostalgie du Parc Jarry. J'avais déjà mon inspiration. Il fallait juste, aujourd'hui, que je retrouve cette énergie que j'avais ressentie de lui. J'attendais le moment pour y retourner maintenant que j'avais fait mes recherches sur les premiers matchs des Expos au stade du Parc Jarry. C'était aujourd'hui. Dans mon coeur, ce soir, j'ai retrouvé Rusty qui m'avait ému cette journée-là. Et j'ai écrit sa pièce comme s'il avait été encore là. J'en suis vraiment très fier et j'espère que mes amis fans de sports et de baseball en particulier la trouveront amusante, touchante, empreinte d'une certaine nostalgie. Ce qui ne veut pas dire que je souhaite le retour de Denis Coderre à la mairie. Non. Les Expos, oui. Denis, non.
Il ne me reste plus que trois pièces à écrire pour atteindre les 68 pièces, 68 stations. Le terminus est proche. Je suis à la fois fébrile et triste. J'ai hâte d'avoir terminé et ce ne sont pas les projets qui manquent pour la suite, mais... wow. J'aurai fini d'écrire dans le métro.
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