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Photo du rédacteurYanik Comeau

«Hosanna» de Michel Tremblay: Remugles sur la Plaza

Dernière mise à jour : 23 mars 2022

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Victime, comme toutes les productions et tous les projets d’arts vivants, des hauts et des bas, du slalom géant du gouvernement Legault en matière de mesures sanitaires, la plus récente production d’ENSEMBLE – Compagnie théâtrale LGBTQ+, la reprise d’Hosanna de Michel Tremblay dans une mise en scène de Jean-François Quesnel, aura enfin pu voir le jour sur la scène de la Comédie de Montréal où elle est présentée jusqu’au 22 mai.



Une première représentation a eu lieu au Bar L’Otre Zone de Sherbrooke le 8 mai dernier avant que la garçonnière du coiffeur Claude Lemieux, alias Hosanna, se déploie sur la scène de la Comédie de Montréal. Bien que ces planches aient plutôt l’habitude de recevoir des comédies légères comme Le Sexe pour les nuls, Maudite Job !, Les Hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus et des spectacles d’humoristes, j’y ai vu aussi des pièces plus dramatiques lorsque des compagnies en location s’y sont produites. Hosanna est de celles-ci comme l’avait été L’Amant de Samuel de Denis-Martin Chabot présentée dans le cadre de Fierté Montréal en 2018.


Créée presque jour pour jour il y a 48 ans, le 10 mai 1973 sur la scène du Théâtre de Quat’Sous, Hosanna relève davantage de la tragédie que de la comédie. Bien que l’on reconnaisse l’humour et la répartie de l’auteur dans toutes ses pièces, des Belles-Sœurs à Coronavarius, Michel Tremblay est plus près de Sophocle que de Feydeau, de Tchekhov que de Marivaux.



Au moment de sa création, Tremblay avait même dit que ce duel vertigineux avait des relents politiques, une saveur subtilement souverainiste. En effet, la crise d’identité que vit Claude/Hosanna peut cacher des messages nationalistes, mais toute remise en question, recherche intérieure ou thérapie transpersonnelle ne le pourrait-elle pas aussi?


Hosanna est une pièce étrangement déconstruite alors que la majorité des pièces de Tremblay, même celles qui font un pied de nez aux conventions du temps (Albertine, en cinq temps, À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, La Maison suspendue), qui mélangent la réalité et la fiction (Le Vrai Monde?) ou qui basculent d’un point de vue à l’autre entre les personnages (Damnée Manon, Sacrée Sandra, L’Impératif présent), sont réglées au quart de tour, solidement ficelées. Hosanna est plus «brouillonne». Comme le personnage. Tremblay nous sert le plus gros morceau – le règlement de compte entre Hosanna et Cuirette et la remise en question de «genre» de Claude/Hosanna – au premier acte et garde le monologue «m’en va vous raconter c’qui est arrivé plus tôt aujourd’hui», l’anecdote, pour le deuxième. C’est un peu le monde à l’envers et, malgré mes quelques lectures de la pièce et les quelques productions que j’aie pu voir au fil des années, c’est la première fois que ce fait me frappait.



On le sait, Hosanna raconte l’histoire de ce coiffeur by day, travesti by night qui espère triompher lors d’une soirée d’Halloween spéciale au Cabaret Chez Sandra, sa plus grande rivale, et qui verra toute la Main lui faire le pire «coup de cochon». De retour chez elle après avoir subi la pire des humiliations, elle se mettra à nue au propre comme au figuré, au malpropre comme au défiguré, devant son «gars d’bécyk» d’amoureux depuis quatre ans, Cuirette alias Raymond Bolduc.



Dans sa critique de Fragments de mensonges inutiles, le journaliste Christian Saint-Pierre écrivait dans Voir en 2009, «quand vient l'heure d'entrelacer humour cinglant, colère, lyrisme et rage de vivre, Tremblay n'a pas son pareil. Cette fois, c'est d'une efficacité redoutable.» C’était déjà le cas dans Hosanna 36 ans plus tôt.


Pour monter ce texte colossal, il fallait que le metteur en scène Jean-François Quesnel n’ait pas froid aux yeux et qu’il trouve deux comédiens qui pourraient, humblement mais avec assurance, marcher dans les escarpins et les bottes de cuir de duos «redoutables» pour reprendre le mot du collègue Saint-Pierre. À la création, André Brassard avait dirigé Jean Archambault et Gilles Renaud dans un Quat’Sous qu’on pouichait de parfum cheap avant chaque représentation. Cette même scène avait ensuite accueilli René Richard Cyr et Gildor Roy dirigés par Lorraine Pintal qui avait aussi signé le téléthéâtre avec ces mêmes comédiens. Depuis, la scène du TNM a vu Benoît Brière et Normand D’Amour incarner le célèbre duo et La Bordée à Québec a eu Jacques Leblanc et Marco Poulin.


Dans cette nouvelle mouture d’ENSEMBLE, Marc-André Leclair (Hosanna) et Jacob Lévesque (Cuirette) s’approprient les personnages et les font leur, se glissant non seulement avec aisance et puissance dans les costumes des deux paumés de la Plaza Saint-Hubert mais encore dans chaque cellule de peau de ces homosexuels «vieillissants» qui n’ont pas pris une ride. Bien que, par moments, Jacob Lévesque semble un peu dépassé par la performance sublime de Marc-André Leclair dont chaque mot, chaque phrase, même dans l’excès, ne bascule jamais dans la non-vérité, on ne peut pas lui reprocher une seconde tant il soutient avec générosité voire amour son partenaire de jeu, son amoureux de scène.



Jean-François Quesnel semble avoir dirigé ses comédiens avec tout autant d’amour et de doigté, laissant place à l’immense talent de ses interprètes et les guidant avec subtilité et parcimonie. Il aura fait ses devoirs, aura su saisir les subtilités de l’époque et du texte de Tremblay et se mettre humblement à son service.


Après avoir été privés de théâtre en présence pendant des mois, malgré le parfum cheap d’Hosanna qui empeste le «batchelor qu’on a pas eu l’honnêteté d’appeler franchement un one-room-expensive-dump», la nouvelle production d’ENSEMBLE arrive comme un vent de fraîcheur dans le Village.



Hosanna de Michel Tremblay Mise en scène: Jean-François Quesnel Avec Marc-André Leclair et Jacob Lévesque Une production d’Ensemble – Compagnie théâtrale LGBTQ+ Du mercredi au samedi, 12 au 22 mai 2021 à 18h00 (durée : 2h15) La Comédie de Montréal, 1113, boul. Maisonneuve Est, Montréal Achat de billets : www.lepointdevente.com

*** Supplémentaires: Les lundis 5, 12, 19 et 26 juillet 2021 à 20h30 Cabaret Mado, 1115, rue Sainte-Catherine Est, Montréal Billets sur lepointdevente: https://lepointdevente.com/?q=Hosanna&locality=11&radius=100

Nouvelle production avec Florent Deschênes en remplacement de Jacob Lévesque Tournée 2022: * Ranch O-Bois-Rond (St-Côme, Lanaudière): 20 au 22 mai 2022 - www.theatreduranchoboisrond.com

* Vieux Bureau de poste (Lévis): 26-27 mai 2022 - www.vieuxbureaudeposte.com * L'Odyssée de Gatineau - 10 juin 2022

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Unknown member
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