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«Foirée montréalaise – Plateau Mont-Royal»: À l’intérieur des frontières mais au-delà des clichés

Dernière mise à jour : 13 juil. 2019

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Après avoir réhabilité l’arrondissement Montréal-Nord avec sa troisième édition de la Foirée montréalaise, cette désormais traditionnelle soirée variétés festive, le metteur en scène Martin Desgagné et l’animateur/comédien/pierre angulaire Pascal Contamine s’attaquent cette année au mythique Plateau Mont-Royal. Rappelant encore et toujours un beau gros party artistique de fin d’année ou la bonne vieille Soirée canadienne de Louis Bilodeau, les rendez-vous Foirée montréalaise sont devenus une vraie de vraie fête de famille comme en témoigne d’entrée de jeu le mini-sondage auprès du public qui confirme que plusieurs n’en sont pas à leur première fois et que plusieurs fidèles n’en ont pas manqué une en quatre ans!

Avec une distribution toute renouvelée mais les deux mêmes musiciens en direct, la Foirée montréalaise fait encore et toujours dans la nostalgie avec les anecdotes et monologues des artistes invités qui replongent dans leur enfance (des moments souvent touchants qui, parfois, tombent un peu dans le convenu et le lieu commun, mais… pas de place pour le cynisme ici) tout autant que dans le here and now, comme avec le «règlement de compte» d’Eugénie Beaudry avec les Français qui envahissent le quartier. Ce soliloque aux allures xénophobes prendra assez vite une tournure Yvon Deschamps qui rachètera le tout. Habile.


Encore une fois cette année, Foirée montréalaise fait une belle place à la musique et au chant, tant le trad avec les reels de violon et autres chansons anciennes revisitées (on a même droit à un numéro de gum boots auquel le public sera appelé à participer) que le plus actuel (on retient les chansons originales de Brigitte Saint-Aubin L’Arbre de la rue Durocher, un hommage à Armand Vaillancourt, et Quand on dormait su’l balcon, ainsi que celles de François Parenteau, Les petites Françaises et Noël Beige en réponse à White Christmas). Tout au long du spectacle, les artistes se feront plaisir en interprétant aussi des chansons de célèbres résidents du Plateau – natifs ou adoptifs – dont Jean-Pierre Ferland, Dédé Fortin, Jean Leloup, Leonard Cohen, Pauline Julien/Réjean Ducharme/Robert Charlebois avec Déménager ou rester là, entre autres. Pendant plus de deux heures (presque 150 minutes, en fait, incluant un entracte de quinze minutes qui n’en est un qu’à moitié puisqu’il est animé, chanté et partagé avec les spectateurs), les joyeux lurons, habités d’une complicité qui ne fait aucun doute, entraînent le public dans un heureux mélange d’émotions reçu comme un comfort food à la fois rassasiant et rassérénant.


Dans cette quatrième mouture (ma deuxième), dont la dramaturgie et la mise en forme du texte ont été confiées à Julie-Anne Ranger-Beauregard qui fait un travail remarquable et crée une belle cohésion, j’ai trouvé les artistes moins statiques, moins «assis» bien que, déjà, l’an dernier, ils participaient généreusement aux numbers de leurs collègues. Encore cette année, plusieurs des comédiens s’avèrent aussi d’excellents musiciens, notamment Fabien Dupuis et Brigitte Saint-Aubin, ce qui contribue toujours à dynamiser le tout.

Bien que l’on fasse moins de déboulonnage de mythes cette année que l’on en faisait l’an dernier dans la foirée consacrée à Montréal-Nord, il reste qu’on apprend des choses sur le Plateau, sur sa géographie, sur son histoire, et jamais on ne s’ennuie. J’ai particulièrement raffolé du monologue de Fabien Dupuis (son premier Noël familial dans son premier appartement «d’adulte» où a eu lieu une confrontation mémorable avec un beau-frère exécrable), du témoignage de Tatiana Zinga Botao qui raconte le point de vue d’une Française (pas tellement Française finalement) un peu étourdie par les messages pas clairs de sa nouvelle communauté, et l’hommage de Marcel Pomerlo à Michel Tremblay après son très beau monologue sur Nita la waitress veuve qui aura élevé seule ses cinq filles sur ses pourboires de serveuse dans un diner du Plateau en servant des clubs et des hamburger platters comme Françoise Durocher.


Qu’on se le dise, j’ai presque raté cette quatrième Foirée montréalaise avec mon calendrier débordant de spectacles formidables cet automne. Je me suis décidé à y assister – voire y participer – à la toute dernière minute et je m’en félicite maintenant. Je n’aurais pas nécessairement su tout ce que j’aurais manqué, mais… maintenant que je l’ai vue, ça aurait été très dommage de la manquer. L’an dernier, j’avais terminé ma critique en disant que ce ne serait pas ma dernière. Et encore cette année, j’en suis sorti avec le sourire, heureux d’avoir fait la rencontre de cette belle troupe et me demandant dans quel arrondissement nous nous retrouverons l’an prochain. Foirée montréalaise Plateau Mont-Royal Dramaturgie et mise en forme du texte: Julie-Anne Ranger-Beauregard Textes: Eugénie Beaudry, Fabien Dupuis, Geneviève Labelle, François Parenteau, Marcel Pomerlo, Mélodie Noël Rousseau, Brigitte Saint-Aubin et Tatiana Zinga Botao

Mise en scène : Martin Desgagné Avec Eugénie Beaudry, Robin Boulianne (musique), Pascal Contamine (animation), Claude Fradette (musique), Fabien Dupuis, François Parenteau, Geneviève Labelle, Marcel Pomerlo, Brigitte Saint-Aubin et Tatiana Zinga Botao Une production du Théâtre Urbi et Orbi en codiffusion avec le Théâtre de la Manufacture Du 4 au 21 décembre 2018 – mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h (2h10 incluant un court entracte animé) Théâtre La Licorne, 4559, avenue Papineau, Montréal Billetterie: 514-523-2246 Pour en savoir plus : theatrelalicorne.com

Photos : Théâtre Ubi et Orbi

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