par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)
Venant du monde du théâtre, je me sens parfois imposteur dans l’univers de la danse (quoi que de moins en moins grâce à la confiance que l’on me fait d’observer cet art de la scène si près du théâtre au fond, malgré ses codes très spécifiques) mais quand je croise le chemin d’une créatrice comme Isabelle Van Grimde, je me sens en terrain de connaissance. La théâtralité et l’intégration du cinéma dans sa dernière proposition, Transes, me permet de me sentir tout à fait chez moi malgré l’univers glauque et postapocalyptique.
Avec Transes, Isabelle Van Grimde nous accueille dans l’Espace Bleu de l’Édifice Wilder avec une scénographie fascinante, ce qui semble être des arbustes de papier saupoudrés un peu partout dans l’aire de jeu et des amoncellements de débris forestiers (feuilles mortes, morceaux d’écorces, etc…) ainsi qu’une musique d’ambiance envoûtante jouée – on le réalisera plus tard si on n’a pas lu sur le spectacle au préalable (comme j’évite presque toujours de le faire pour ne pas avoir d'a priori) – en direct par le compositeur Thom Gossage, caché derrière.
Et avant que n'apparaisse l'interprête, on aura droit à une première partie assurée par un robot-araignée qui donne le ton.
Sans trop dévoiler parce qu’une des grandes forces de ce spectacle est l’élément de surprise, la mise en scène et la chorégraphie pensées par Isabelle Van Grimde et exécutée (la chorégraphie) par son interprète, Emmanuelle Martin, nous entraînent dans un univers qui fait penser au roman The Road de Cormac McCarthy ou à d’autres décors de fin du monde, décor qui se déploiera au fur et à mesure que le spectacle progressera, l’écriture scénique prenant tout son sens au cours de ces cinquante minutes saisissantes.
La performance, l’abandon de la danseuse Emmanuelle Martin est remarquable. Sous la direction d’Isabelle Van Grimde, lorsqu’elle émerge, on a l’impression d’assister à une renaissance, une résurrection, le retour à la vie de l’humanité incarnée par une seule femme.
Transes est le résultat d’une recherche riche et bien développée qui nous amène dans un ailleurs aussi troublant que réjouissant artistiquement, un univers glauque mais étonnamment coloré où la verdure naturelle permettra une certaine photosynthèse.
Un spectacle, un univers à découvrir… pour se laisser trans-porter.
Transes
Chorégraphie: Isabelle Van Grimde Interprètes: Emmanuelle Martin, Thom Gossage Musique : Thom Gossage Conception sonore: Frédéric Filteau Scénographie et costumes: Isabelle Van Grimde et Marilène Oliver Lumières: Bobby Léon et Justin Houde Direction technique: Samuel Thériault Direction de production: Iloé Françon Compagnie: Van Grimde Corps Secrets Coproduction: Agora de la danse Résidence de création: Agora de la danse Du 24 au 26 avril 2024, 19h, 27 avril 2024, 16h (durée: 50 minutes sans entracte) Information: https://agoradanse.com/evenement/transes/ Photos: Marilène Oliver et Bobby Léon
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