par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)
Après avoir eu la très grande chance de voir Les Jolies Choses en reprise à l’Agora de la danse il y a quelques semaines, je trépignais d’impatience à l’idée de renouer avec l’univers de la chorégraphe Catherine Gaudet. Parce que c’est comme ça, l’art. Quand on découvre un.e artiste, un.e auteur.trice, un.e créateur.trice, on a envie de tout dévorer ce qu’il.elle fait. Avec sa nouvelle pièce Les Mondes parallèles, créée à la demande de la danseuse Sarah Williams, Catherine Gaudet réunit sur scène deux vétérans de la danse contemporaine, Louise Bédard et Sarah Williams, dans un puissant duo dépouillé mais transcendant.
Parce que Les Mondes parallèles est une pièce qui transpire le style unique de Catherine Gaudet tout en donnant à deux interprètes légendaires l’opportunité de s’éclater dans une partition époustouflante. À l’instar de Les Jolies Choses, on retrouve dans Les Mondes parallèles une montée constante de la première à la dernière seconde de la pièce. Les interprètes bougent à peine dans les premières minutes et atteignent le paroxysme de l’exaltation corporelle à la fin.
La musique d’Antoine Berthiaume – le même qui a créé celle de Les Jolies Choses – est ensorcelante, «hypnotisante», volontairement répétitive et évolutive. S’ajoutent graduellement, tout du long des soixante minutes que dure la pièce, de subtiles variantes qui accompagnent l’intensification de la chorégraphie. Cette chorégraphie, comme avec Les Jolies Choses, illustre bien le génie de Catherine Gaudet qui consiste à donner au spectateur l’impression par moments d’assister à des dérapages contrôlés mais rapidement redressés par les interprètes. Absolument enivrant et fascinant !
Avec Les Mondes parallèles, les virtuoses du mouvement que sont Sarah Williams et Louise Bédard font preuve d’une puissante énergie qui suit la musique et la chorégraphie dans son ascension vers l’euphorie de l’apothéose orgasmique, l’ultime sensation de satisfaction vers laquelle les interprètes entraînent le public en le regardant droit dans les yeux, fracassant allégrement le quatrième mur.
Les Mondes parallèles porte bien son titre puisque Sarah Williams et Louise Bédard semblent tout du long incarner le yin et le yang, le clown joyeux et le clown triste, comme des trains aux chemins parallèles mais qui se croiseront parfois. Elles sortent constamment de la synchro des mouvements pour y revenir sans heurts, comme par magie. Elles s’écartent que pour se retrouver, se séparent que pour mieux se ressouder. Et au final, le spectateur est aussi époustouflé qu’elles sont essoufflées, aussi exalté qu’elles ont été exaltantes.
Les Mondes parallèles
Initiatrice du projet: Sarah Williams
Chorégraphie: Catherine Gaudet
Interprètes: Louise Bédard et Sarah Williams
Aide à la dramaturgie et direction des répétitions: Sophie Michaud
Aide à la repetition: Lucie Vigneault
Soutien à la dramaturgie: Mathieu Leroux
Lumière: Hugo Dalphond
Musique: Antoine Berthiaume
Costumes: Marilène Bastien
Direction de production: Mégane Trudeau
Direction technique: François Marceau
Administration: Brenda Recinos-Ramirez
Coordination: Sylviane Martineau
Communications: Dgeyne Dantiste
Soutien à l’administration: Louise Bédard Danse
Coproduction: Sarah Williams et Agora de la danse
Agora de la danse – Espace Bleu
1435, rue de Bleury, #102, Montréal
Du 17 au 19 mai 2023, 19h – 20 mai 2023, 16h (durée: 60 minutes sans entracte)
Information: https://agoradanse.com/evenement/les-mondes-paralleles/
Photos: Thomas Mazerolles
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