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«Cr#%# d’oiseau cave» de Aaron Posner: La Mouette à l’ère des réseaux sociaux

par Yanik Comeau (ZoneCulture / Comunik Média)


Jusqu’à maintenant, le dramaturge américain a publié quatre pièces dont deux sont des adaptations, des modernisations, de pièces de Tchekhov. Stupid Fucking Bird est l’une de celles-ci et la traduction que Benjamin Pradet nous en fait et la mise en scène que Michel-Maxime Legault en signe à La Licorne ces jours-ci nous donne le goût de voir aussi Life Sucks, son clin d’œil à Oncle Vania. Autour de lui, le jeune metteur en scène de l’heure, qui nous a donné dernièrement Centre d’achats et Savoir compter entre autres, au Théâtre d’aujourd’hui, réunit des comédiens de calibre qui adhèrent à une proposition pour le moins étonnante.


Étonnante parce que, bien qu’il y ait une mode à monter des textes dans des scénographies dépouillées ou inexistantes – Le Terrier chez Duceppe et Centre d’achats n’en sont que deux exemples cette saison –, Michel-Maxime Legault pousse l’exercice à l’extrême ici en traçant un rectangle de tape blanc sur la scène comme une bande de patinoire de la LNI et faisant jouer ses acteurs qu’à l’intérieur de cette aire de jeu. Faisant complètement confiance à la pertinence et à la qualité de son texte tout autant qu’à cette brochette d’interprètes hallucinante, le metteur en scène gagne son pari.



Criss d’oiseau cave met en opposition l’art et le divertissement, la littérature et le petit théâtre pour le peuple, celui que certains considèrent tout aussi noble et que d’autres snobent sévèrement. Celui que veut faire Conrad (un excellent François-Xavier Dufour viril/pleine barbe !, le Edmond de Denoncourt à Juste Pour Rire l’été dernier et la Ivana de Galluccio dans Les Secrets de la Petite Italie chez Duceppe il y a deux ans) en contraste avec celui que fait sa mère (toujours sublime Danielle Proulx qui ravissait plus tôt cette saison autant dans Centre d’achats que dans Enfant insignifiant ! en tournée et dans Il faudra bien qu’un jour dans le cadre des 5 à 7 de Duceppe jusqu’à quelques jours avant de monter sur scène ici). David se sent éclipsé par l’écriture obscure, hermétique mais louangée de son beau-père (Robert Lalonde qu’il fait si bon revoir sur scène) et aimerait donc, malgré tout, recevoir la reconnaissance de sa mère qu’il trouve méprisante à son égard.



Sa jeune amoureuse comédienne Nina (Catherine Lavoie) s’éprendra même du grand écrivain, séduite par sa plume, sa verve, son pouvoir ou plutôt son standing dans le monde artistique. On reconnaîtra l’univers de Tchekhov et ceux qui l’aiment moins pourront même y trouver leur compte. Personnellement, étant un fan du dramaturge russe quand il est bien monté, je me suis régalé de cette production et n’ai pas du tout été agacé par ce choix de miser complètement sur le texte et le grand talent de la distribution.


Voir jouer d’excellents comédiens dirigés par un bon directeur d’acteurs, c’est toujours un ravissement. Quand on accepte la proposition.


Cr#%# d’oiseau cave Texte: Aaron Posner Traduction : Benjamin Pradet Mise en scène : Michel-Maxime Legault Avec Roxane Bourdages, François-Xavier Dufour, Robert Lalonde, Catherine Lavoie, Danielle Proulx, Sasha Samar et Richard Thériault Une production du Théâtre de La Marée Haute en codiffusion avec La Manufacture 30 avril au 25 mai 2019 – mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h (1h45 sans entracte) Théâtre La Licorne, 4559, avenue Papineau, Montréal Billetterie: 514-523-2246 – theatrelalicorne.com Photos : Julie Rivard

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