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«ColoniséEs» d’Annick Lefebvre: Poétiquement historique, mais pas que…

Dernière mise à jour : 6 juin 2019

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Après le solo Les Barbelés à Paris et à Montréal au Quat’Sous à l’automne, Annick Lefebvre revient au Théâtre d’aujourd’hui (c’est là qu’on avait créé J’accuse, une pièce qui a connu un immense succès avec sa première production et qui sera sans doute reprise encore souvent) avec une pièce – chorale celle-ci –, ColoniséEs, un texte d’une poésie virtuose qui rend hommage à Pauline Julien et Gérald Godin, mais dans un contexte plus grand que les deux géants eux-mêmes, une ode à la résilience québécoise dans son contexte historique moderne.



René Richard Cyr, qui fait un retour au théâtre de la rue Saint-Denis qu’il a dirigé de 1998 à 2004 après avoir cofondé et codirigé le Théâtre Petit à Petit (PàP) de 1981 à 1998, signe une mise en scène sobre, subtile, totalement au service du texte. Il s’est entouré d’une distribution étonnamment hétérogène et tout aussi étrangement symbiotique. Trois comédiens incarnent Gérald Godin parce qu’ils ne seront pas trop de trois. Trois comédiennes prêtent vie à Pauline Julien parce qu’elles ne seront pas trop de trois. Et Maude Demers-Rivard incarnera essentiellement tout le reste du Québec, nous dit le programme. Et bien que cette jeune comédienne de talent soit à la fois touchante et forte dans ces monologues d’une grande poésie, c’est peut-être la seule petite faille de la production que de lui mettre toute la province sur les épaules. Peut-être aurait-on dû avoir trois comédiennes pour livrer ces textes si puissants, si exigeants.


Pour le reste, on savoure les mots d’Annick Lefebvre, le souffle de Pauline Julien et celui de Gérald Godin, livrés par Macha Limonchik, Myriam Fournier et Zoé Tremblay-Bianco, Charles-Aubey Houde, Benoit McGinnis et Sébastien Rajotte. On reconnaît l’efficacité de la direction d’acteurs de René Richard Cyr, les influences qui ont façonné le metteur en scène: ses productions de pièces de Tremblay, son amour du théâtre musical, ses mises en scène d’opéra.

On se laisse transporter dans chacune des époques, chacune des décennies que Pau et G ont partagées, on entre dans leur vie amoureuse, mise en contexte historique de brillante façon par une auteure habile, brillante, dont on reconnaît la poésie. Intéressant de voir combien le rythme ici est si différent de celui de Les Barbelés. Une auteure qui fait preuve de versatilité mais dont on reconnaît le style néanmoins.

Pauline Julien et Gérald Godin sont résolument dans l’air du temps avec tous les spectacles hommages qu’on leur consacre ces derniers temps. Heureusement, comme Je cherche une maison qui vous ressemble et La Renarde : sur les traces de Pauline Julien, ColoniséEs a sa saveur bien à elle. On ne se lasse pas d’explorer de grandes œuvres, de grands personnages.

ColoniséEs est la chanson d’amour d’Annick Lefebvre à un Québec qu’on souhaite toujours bien vivant, pas du tout disparu, peut-être affaibli par la disparition de plusieurs de ses grands… ? Peut-être pas non plus… ou pas que.Une pièce poétique, aide-mémoire, touchante, mais pas que.


ColoniséEs Texte: Annick Lefebvre Mise en scène: René Richard Cyr Interprétation: Maude Demers-Rivard, Myriam Fournier, Charles-Aubey Houde, Macha Limonchik, Benoit McGinnis, Sébastien Rajotte et Zoé Tremblay-Bianco. Assistance à la mise en scène et régie: Marie-Hélène Dufort Scénographie: Jean Bard Éclairages: Erwann Bernard Musique originale : Guido Del Fabbro Une création du Centre du Théâtre d’aujourd’hui Du 22 janvier au 16 février 2019 (1h45 sans entracte)

*** Supplémentaire: Mardi, 19 février 2019 à 19h Salle principale – Théâtre d’aujourd’hui, 3900, rue Saint-Denis, Montréal Billetterie: 514-282-3900 poste 1 Photos : Valérie Remise

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