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Photo du rédacteurYanik Comeau

Cirque/Performance: «Sandy and Noah» de Sandy Tugwood et Noah Nielsen: Beckett, Jarry et les autres

par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)

Le Vermontois Noah Nielsen et l’Australienne Sandy Tugwood se sont rencontrés à l’École Nationale de Cirque de Montréal. Tous deux des enfants de la balle, ils ont le cirque dans le sang, l’ayant côtoyé toutes leurs vies chacun de leur côté, aux extrémités de la planète. Ils se sont reconnus et ont eu envie de créer ensemble, transportant la première mouture de la première collaboration à Portland dans le Maine et au Western Australian Circus Festival.



L’argumentaire de Sandy and Noah sur le site de La Chapelle et la bande-annonce pour inviter les spectateurs ne semblent plus avoir grand-chose à voir avec ce que l’on reçoit ces jours-ci sur scène mais on ne s'en formalise pas. Perpétuelles work-in-progress, les quarante-cinq minutes que proposent le duo sont plutôt une série de vignettes somme toute assez indépendantes mais toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Clairement, l’expérimentation est au cœur de la démarche qui, au final, donne un riche alliage de cirque, mouvement, théâtre-texte (un monologue en anglais), humour, éclairage et son.



Avec Sandy and Noah, ce sont les interprètes-créateurs qui sont évidemment au cœur du spectacle. Les tableaux mettent en valeur leur souplesse, leur agilité, leur originalité, leur sens de l’absurde. On a en effet l’impression d’être plongé dans un univers dystopique, post-apocalyptique (encore? Peut-on s’en sortir après ce que nous venons de traverser et dont nous ne sommes pas tout à fait sortis encore? Ça semble bien gravé dans notre ADN nouveau maintenant) où de tout petits gestes du quotidien sont accomplis dans des positions qui demandent une flexibilité et une précision qui relèvent en effet du cirque. Le monologue que livre Noah Nielsen rappelle l’écriture de Tennessee Williams et s’avère un des moments forts du spectacle. Mais il n’y a pas de moment faible vraiment. Dans certains numéros, on a l’impression d’être dans un monde beckettien, avec des personnages qui pourraient être parents avec le Willie d’Oh les beaux jours ! ou le Lucky d’En attendant Godot. À d’autres moments, on a l’impression d’être plongé dans un univers ubuesque. L’absurde est toujours un peu au rendez-vous et se marie bien avec le jeu physique des artistes de cirque qui se livrent avec générosité sur la scène de La Chapelle.



Comme spectateur, on est à la fois troublé et amusé, touché et bousculé. Et visiblement pas aux mêmes moments. À la sortie du spectacle, un spectateur semblait très offusqué que le public ait autant rigolé, semblant croire qu’il aurait plutôt fallu que les spectateurs reçoivent la proposition comme une chose sérieuse et grave. Il est vrai que les personnages étaient parfois plongés dans un certain pathétisme qui suscitait empathie et solidarité mais je peine à croire que les créateurs ne souhaitaient pas aussi recevoir tout l’amour et les rires enthousiastes que leur ont refilé le public le soir de la première.



Pour ma part, j’ai rigolé, j’ai été épaté et j’ai retenu mon souffle par moments… comme je fais toujours lorsque des artistes de cirque se contorsionnent à plusieurs mètres au-dessus du sol. Sandy et Noah ont clairement une complicité et un plaisir à travailler ensemble. Et c’est contagieux.


Sandy and Noah

Co-création, scénographie et direction technique: Sandy Tugwood et Noah Nielsen

Costumes : Baxter Koziol et Noah Nielsen

Coproduit par La Chapelle Scènes Contemporaines

19 avril 2022 19h, 22 avril 2022 20h, 23 avril 2022 18h (45 minutes sans entracte)

La Chapelle, Scènes Contemporaines, 3700, rue Saint-Dominique, Montréal

Réservations : 514-843-7738 – www.lachapelle.org

Photos: Brin Schoellkopf

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