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«Art» de Yasmina Reza: Subjectivité ultime

Dernière mise à jour : 6 juil. 2019


par Yanik Comeau (Comunik Média / ZoneCulture)


Benoît Brière, Martin Drainville et Luc Guérin sont des amis dans la vie, des associés en affaires et des complices de l’enfer sur scène. Avec leur entreprise Ménage à trois, ils multiplient les projets et occupent depuis déjà quelques années la scène du Théâtre du Vieux-Terrebonne pendant la saison estivale. Entre Pierre, Jean, Jacques l’été dernier et la reprise de Broue l’été qui s’en vient, ils reprennent le néoclassique «Art» de la dramaturge française Yasmina Reza, une comédie qui a été créée à Paris il y a vingt-cinq ans, qui a été jouée à travers le monde depuis et traduite dans une quarantaine de langues… et qui n’a pas pris une ride !


Presque comme un clin d’œil à Trois hommes et un couffin, le Théâtre du Rideau Vert vend le spectacle avec le slogan Trois hommes et une peinture. Et c’est bien de cela dont il s’agit, même si j’aurais plutôt utilisé le mot «tableau». L’œuvre d’«art» en question (les guillemets font référence au titre) est le tableau que s’est payé Serge, un amateur d’art contemporain, médecin de profession, qui a craché 100 000$ pour une toile blanc sur blanc. Avec ses gants blancs (littéralement), il partage son achat avec ses amis, Marc et Yvan qui auront des réactions bien différentes. Une totalement épidermique et sans appel, l’autre plus nuancée mais probablement pas très sincère, plutôt tournée vers un objectif de garder la paix.


Comme c’est l’habitude de l’auteure, on parle ici de bourgeoisie, de prétention, on plonge des personnages humains et on ne peut plus faillibles dans une situation banale à la base qui dérape solidement. Bien que le sujet (la pertinence de l’art contemporain) puisse sembler pointu à première vue, il n’en est rien. La pièce et son humour (somme toute assez fin) sont accessibles et ne restent pas trop collés à l’anecdote.



Signant sa première mise en scène, Marie-France Lambert réussit à harnacher habilement ses acteurs qui auraient pu facilement tomber dans la caricature, dans le théâtre d’été. Ici, ils font beaucoup moins appel aux mimiques et ressorts comiques qu’ils utilisent couramment lorsqu’ils se retrouvent sur scène… ensemble ou avec d’autres. Quel bonheur de les voir nous faire rire autrement ! Ils sont toujours au sommet de leur forme, mais pas de cabotinage, pas de jeu physique burlesque. Trois excellents comédiens au service d’un texte qui n’a pas besoin d’embellissement pour être drôle et efficace!

La saison du Rideau Vert se poursuit donc avec un autre succès après le fulgurant passage des Fées ont soif à l’automne (et toujours en tournée à l’automne prochain) et l’excellente mouture de Revue et corrigée, une valeur sûre qui ne manque pas de souffle. Pas étonnant que les billets pour «Art» s’envolent comme des pains chauds et qu’on ne cesse de rajouter des supplémentaires avec un pareil trio de têtes d’affiche… mais c’est rassurant de voir que le triumvirat livre sans contredit la marchandise.


Art de Yasmina Reza Mise en scène : Marie-France Lambert Avec Benoît Brière, Martin Drainville et Luc Guérin. Assistance à la mise en scène : Emanuelle Kirouac-Sanche Décors: David Gaucher Costumes: François St-Aubin Éclairages: Lucie Bazzo Musique : Paul Aubry Une production du Théâtre du Rideau Vert Du 29 janvier au 2 mars 2019 (1h20 sans entracte) *** Supplémentaires : Mercredi, le 20 février 19h30 Samedi, le 23 février 20h Dimanche, le 24 février 14h Mardi, le 26 février 19h30 Mercredi, le 27 février 19h30 Samedi, le 2 mars 2019 20h Théâtre du Rideau Vert, 4664, rue Saint-Denis, Montréal Réservations : 514-844-1793 Photos : Jean-François Hamelin

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