C'est le 9 mai que nous perdions la comédienne et professeure Jeanne Maubourg, le comédien Paul Guèvremont, l'auteure et poétesse Rina Lasnier et la comédienne Huguette Oligny.
1953: Décès de Jeanne Maubourg
Née à Namur en Belgique, la comédienne, chanteuse et professeure Jeanne Maubourg est venue s'établir à Montréal en 1917. En plus de chanter au Metropolitain Opera de New York, elle a participé à plusieurs opérettes produites à Montréal et dans lesquelles elle excellait dans les rôles de composition. Elle a enseigné au Conservatoire Lassalle et en privé. Parmi ses élèves illustres, on compte Amanda Alarie, Camille Ducharme, Honoré Vaillancourt et Guy Mauffette. Elle a tourné au cinéma (notamment dans un des premiers films québécois, Le Père Chopin en 1945) et a joué Joséphine Velder dans La Pension Velder et Métropole de Robert Choquette à la radio. Elle meurt à Montréal le 9 mai 1953.
1979: Décès de Paul Guèvremont
Comédien au théâtre, à la radio, à la télé et au cinéma, en plus d'être réalisateur, Paul Guèvremont est né le 28 décembre 1902 et est mort le 9 mai 1979 à l'âge de 76 ans. Le grand public se rappelle particulièrement de lui parce qu'il a été le premier Théophile Plouffe dans la série La Famille Plouffe aux côtés de Juliette Huot, personnage qu'il a repris dans deux autres séries, En haut de la pente douce et Le Petit Monde du Père Gédéon, mais ce qui est particulièrement intéressant c'est qu'il ne se destinait pas du tout à cette carrière et qu'il a résisté longtemps à la pratiquer exclusivement. On dit qu'il était comptable dans une banque de jour et que, pendant 20 ans, il faisait la double vie, jouant au théâtre le soir. Il a joué autant des classiques de Rostand, L'Aiglon et Cyrano de Bergerac que des créations d'Antonine Maillet, Les Crasseux chez Duceppe, Mariaagélas et Évangéline Deusse au Rideau Vert. À la scène, il a aussi été le vieux Candy dans Des Souris et des Hommes de Steinbeck à la Nouvelle Compagnie Théâtrale (1970), monsieur Morin dans Charbonneau et le Chef en 1973 au Grand Théâtre de Québec, au Théâtre Port-Royal de la Place des Arts, au Centre National des Arts et en tournée, le Père Laramée dans Visa le noir, tua le blanc, l'adaptation chez Duceppe de Vol au-dessus d'un nid de coucou, et François Joncas dans Le Temps sauvage d'Anne Hébert au Théâtre du Nouveau Monde, ces deux dernières productions mises en scène par Albert Millaire. À la télé, on l'a aussi vu dans plusieurs autres séries, notamment les comédies Cré Basile, Symphorien, Quelle famille! et La Petite Patrie.
1994: Lecture publique de En circuit fermé de Michel Tremblay sous la direction de René Richard Cyr au Théâtre du Nouveau Monde (Montréal).
Présentée en lecture publique sur la vaste scène du TNM, En circuit fermé, une charge comique et satyrique contre le milieu de la télévision - particulièrement les politicailleries dans les coulisses de la télévision publique -, a pour ainsi dire été relayée aux oubliettes. Dans la pièce, on trouve un clin d'oeil à une autre pièce de Tremblay, L'Impromptu d'Outremont, puisque le personnage de Nelligan Beaugrand-Drapeau, joué par Denis Mercier, est clairement le fils de Fernande Beaugrand-Drapeau, rôle créé par Monique Mercure, sur la scène du même TNM. Les autres personnages étaient lus/joués par Gérard Poirier, Monique Joly, Gilles Renaud, Diane Lavallée, Amulette Garneau, Michel Poirier et Danièle Lorain.
1997: Décès de Rina Lasnier
Poétesse et dramaturge née à Saint-Grégoire en 1910, Rina Lasnier s'est éteinte le 9 mai 1997 à l'âge de 86 ans. Récipiendaire du Prix Molson et du Prix Athanase-David, elle est membre fondatrice de l'Académie canadienne-française, grande officière de l'Ordre national du Québec et membre de la Société royale du Canada. Après ses études primaires au pensionnat de la Congrégation de Notre-Dame à Saint-Jean-sur-Richelieu, elle étudie pendant un an au couvent Palace Gate d'Exeter en Angleterre avec sa soeur Alda. En 1927, elle fréquente le Collège Marguerite-Bourgeoys de Montréal, mais doit s'en retirer l'année suivante pour cause de maladie. En 1930, elle étudie la littérature française et la littérature anglaise à l'Université de Montréal avant de se tourner vers la bibliothéconomie en 1939. C'est cette même année qu'elle publie sa première pièce de théâtre, Féerie indienne. Très attachée à sa région natale qu'elle quittera néanmoins en 1955 pour s'établir à Joliette (la bibliothèque intermunicipale de Joliette et de Saint-Charles-Borromée porte d'ailleurs maintenant son nom), en plus de publier ses premières œuvres aux Éditions du Richelieu et d'écrire des dizaines d’articles pour les journaux johannais Le Richelieu et Le Canada français, elle a aussi publié dans Les Carnets viatoriens, Le Devoir, Le Droit, Notre temps, le magazine Châtelaine et la revue littéraire Liberté, entre autres. Ses poèmes ont été recensés dans une multitude d'anthologies et publiés dans une multitude de revues littéraires du Québec, de l’Ontario, du Manitoba, de la France, des États-Unis et de Russie. Elle fait partie du quatuor de grands poètes québécois de sa génération que les critiques anglophones surnomment souvent «the big four», avec Anne Hébert, Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois. Il existe un enregistrement de certains de ces poètes, fait à New York en 1958, qui se trouve maintenant dans les archives du Smithsonian à Washington. Ses poèmes ont aussi été traduits en anglais, en espagnol, en italien, en hongrois, en polonais et en russe. Au théâtre, elle écrira une pièce en hommage à la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame, Marguerite Bourgeoys, Le Jeu de la voyagère, et plusieurs autres pièces souvent à caractère religieux et parfois commandées par des institutions d'enseignement ou des congrégations pour célébrer des événements historiques ou autres. Parmi les titres, soulignons Le Noël de Marie Félicie, Notre-Dame du Pain, Le Soleil noir et Notre mère, notre rose. C'est au début des années 1990 que la maladie commence à l’empêcher d’écrire. Elle se résout donc à cesser ses activités littéraires et élit domicile au Centre d’hébergement Georges-Phaneuf de Saint-Jean. Elle repose au cimetière de Saint-Jean-sur-Richelieu. Le Fonds Rina-Lasnier est conservé au centre d'archives de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal. Le Prix Rina-Lasnier a été créé en 2000 par l'Association des écrivains de la Montérégie.
2013: Décès d’Huguette Oligny
Adorée du public, la comédienne Huguette Oligny nous quittait le 9 mai 2013 à l'âge de 91 ans. Récipiendaire de sept prix d'interprétation au cours de sa carrière qui s'est étendue sur plus de 60 ans, après ses débuts avec le volet français du Montreal Repertory Theatre où elle côtoie Gratien Gélinas et Pierre Dagenais, Huguette Oligny sera de la toute première production de L'Équipe, troupe fondée par Dagenais. Tout de suite, son jeu est remarquable et remarqué. Son amitié avec Gratien Gélinas amènera ce dernier à lui offrir le rôle de Marie-Ange dans la reprise de Tit-Coq. Plus tard, ils se marieront. Ce sera un deuxième mariage pour chacun. Comme presque toutes les comédiennes de sa génération, elle jouera pour les Compagnons de saint Laurent et participera aux premiers spectacles du TNM. On souligne ses interprétations de Toinette dans Le Malade imaginaire de Molière en 1956 et, en 1968, elle jouera Elmire dans Tartuffe et le rôle-titre dans Bérénice de Racine. Mais sa carrière ne se limitera pas qu'aux classiques, loin de là. Elle sera de la création d'Albertine, en cinq temps de Michel Tremblay dans laquelle elle incarne Albertine à 70 ans, elle créera le rôle de Laurencienne Robichaud dans La Passion de Narcisse Mondoux de Gratien Gélinas qu'elle jouera avec lui plus de 300 fois en français et en anglais, en tournée dans tout le pays. En 2000, elle partira encore en tournée dans tout le Québec avec le spectacle solo La Dame de cent ans de Françoise Loranger. Un autre grand succès. On se souviendra aussi de sa tante Charlotte aux côtés de la Gilberte de Janine Sutto dans le téléthéâtre de Bonjour, là, bonjour de Tremblay réalisé par Jean-Yves Laforce. Michel Tremblay a même fait référence à Huguette Oligny dans Encore une fois, si vous permettez quand Nana confie sa curiosité à son fils en lien avec la vie personnelle de la comédienne quand elle n'est pas dans son petit écran, un passage qui avait beaucoup flatté l'actrice. Pascal Gélinas, fils de Gratien, réalisait une série d'entrevues à la fin de la vie de sa belle-mère, entrevues qui allait devenir la matière première pour le magnifique documentaire Huguette Oligny, le goût de vivre.
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