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Photo du rédacteurYanik Comeau

7 décembre

Dernière mise à jour : 7 déc. 2023

Une naissance et un décès marquants en ce 7 décembre dans les éphémérides du théâtre québécois. Que le rideau se lève!


1944: Naissance de Teo Spychalski

Comédien et metteur en scène, figure de proue du Groupe de la Veillée devenu maintenant Théâtre Prospero, Téo Spychalski naît en Pologne en 1944. En 1967, il obtient une maîtrise en littérature et en théâtre de l’Université Nicolas Kopernik de Toruń. La même année, il devient membre du Théâtre Laboratoire de Jerzy Grotowski, à Wrocław; il y dirige, jusqu’en 1980, le Studio international du Théâtre Laboratoire. Invité en 1981 à se joindre au Groupe de la Veillée, à Montréal, dont il demeure directeur artistique jusqu’en 1988, il met en scène les spectacles suivants: Till l’Espiègle, Le Journal de Nijinski, L’Idiot d’après Dostoïevski, Dans le petit manoir de Witkiewicz, Parade sauvage – théâtre de chansons, Un Bal nommé Balzac et Les Cahiers de Malte Laurids Brigge de Rainer Maria Rilke. Au cinéma, on a pu le voir dans Les Noces de papier de Michel Brault et Nuages sur la ville de Simon Galiero. Bon anniversaire, monsieur Spychalski.


1990: Décès de Jean Duceppe


«À sa mort, une partie de l'âme du Québec a disparu,» dixit Michel Vaïs dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois. «Celui qui avait bâti une compagnie vouée à un théâtre d'émotion et d'identification était le plus connu et le plus adulé des acteurs québécois». Né le 25 octobre 1923 dans le quartier du «Faubourg à m’lasse» à Montréal, Jean Duceppe est le cadet d’une famille de dix-huit enfants. Il n’a que 2 ans lorsque sa mère meurt et à peine 9 ans lorsque son père quitte ce monde à son tour. Il est alors recueilli par sa sœur aînée, nous rappelle sa biographie sur le site de la compagnie qu'il a fondée. C'est en donnant la réplique aux élèves de Sita Riddez qu'il s'initie au théâtre, lui qui n'a pas les moyens de se payer de tels cours à l'époque. Rapidement, on lui découvre un talent certain, mû par une passion qu'il gardera jusqu'à son dernier souffle. Il jouera avec L'Arcade (34 pièces en six ans!). participera aux tournées d'Henry Deyglun et interprétera souvent des rôles plus vieux que son âge tout au long de sa carrière qui s'étalera sur plus de cinquante ans. Comme le rappelle Michel Vaïs, «il est habile dans tous les rôles, mais découvre vite une facilité à jouer les truands, les chefs, les pères de famille.» Il participera à la création de Bousille et les Justes de Gratien Gélinas, deviendra une des muses de Marcel Dubé qui lui écrira plusieurs de ses plus grands personnages (le détective Ledoux dans Zone, Max dans Un Matin comme les autres, Georges dans Pauvre Amour, Victor dans Les Beaux Dimanches, Gaston dans Florence, William dans Bilan,... ) qu'il jouera à la scène et à la télé (téléthéâtres et téléséries) et sera le premier Stan Labrie dans Les Plouffe à la télé. Quand Paul Hébert le dirigera en Willy Loman dans Mort d'un commis-voyageur d'Arthur Miller et en Duplessis dans son adaptation de Charbonneau et le Chef de John Thomas McDonough au Trident à Québec, Duceppe fondera sa deuxième compagnie (il avait fondé le Théâtre des Prairies à Joliette qui connaîtra de beaux succès, particulièrement en été, pendant 21 ans), celle qui portera son nom, sur la présentation de ces deux pièces aux Montréalais. Dès la première saison, ce sont 152 262 spectateurs qui se rueront au Théâtre Port-Royal de la Place des Arts pour découvrir un théâtre qui les touche, leur parle, dans lequel ils peuvent se reconnaître comme Québécois, Canadiens, Nord-Américains. Patriote et militant, Jean Duceppe s'impliquera en marge de la politique, tant par ses actions et ses prises de parole à la radio et sur différentes tribunes publiques (on n'oubliera jamais son discours enflammé de la Saint-Jean-Baptiste en 1990 quelques mois seulement avant son décès) que comme président de l'Union des Artistes de 1957 à 1959. Tout en jouant régulièrement sur les planches du Port-Royal, il ne cessera de jouer à la télé (le vieux Candy dans le téléthéâtre mémorable de Des Souris et des Hommes de Steinbeck réalisé par Paul Blouin, Rue des Pignons, Terre humaine, Monsieur le Ministre et Robert et compagnie coécrit par son dauphin, Michel Dumont) et au cinéma (Mon Oncle Antoine de Claude Jutra, Les Colombes et Bingo de Jean-Claude Lord, Les Vautours de Jean-Claude Labrecque, Le Vieillard et l'enfant de Claude Grenier). À la scène, il programmera les grandes oeuvres du théâtre américain (Arthur Miller, Eugene O'Neill, Neil Simon, Tennessee Williams, Edward Albee, Jason Miller, George Sibbald, Paul Orbourn, John Pielmeier, Michael Cristofer...) et britannique (Harold Pinter, Arnold Wesker, Alan Ayckbourn, les comédies de Ray Cooney,...), quelques classiques québécois (Gratien Gélinas), des créations de chez nous (Françoise Loranger, Antonine Maillet, Guy Dufresne, Roch Carrier, Jean Daigle, Michel Tremblay, Elizabeth Bourget, Jean Barbeau, Pierre Morency, Marie Laberge, René-Daniel Dubois, Claude Meunier-Louis Saïa, Anne Legault...), donnera à Broue la visibilité qui la catapultera dans le firmament du théâtre québécois et jouera lui-même jusqu'à la toute fin de sa vie, malgré les complications liées à son diabète. Je garde un souvenir impérissable de ses performances en Duplessis dans Charbonneau et le Chef aux côtés de Michel Dumont, Jim, le patriarche, dans Le Clan de George Sibbald, Henri Blouin dans État civil: célibataire de Wendy Wasserstein, Juré no. 9 dans Douze Hommes en colère de Reginald Rose, Télesphore Tremblay dans Le Gars de Québec de Michel Tremblay d'après Le Revizor de Gogol et le grand-père Ben dans Bonjour Broadway! de Neil Simon, son dernier rôle à la scène. Vous avez été une inspiration et je garde un souvenir précieux de nos rencontres au fil des années alors que j'étais toujours adolescent, monsieur Duceppe. J'espère que vos retrouvailles avec monsieur Dumont ont été touchantes.

Jean Duceppe en Willy Loman dans Mort d'un commis-voyageur d'Arthur Miller. (Photo: François Brunelle)


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