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Photo du rédacteurYanik Comeau

6 avril

Dernière mise à jour : 13 mars 2023

Que doit-on souligner qui a marqué le 6 avril au fil des années dans le monde du théâtre québécois? C'est ici que vous le saurez!


1945: Décès d’Idola Saint-Jean


Si vous avez entendu le nom Idola Saint-Jean à l'extérieur du milieu du théâtre, ce n'est pas étonnant. Cette fille d'avocat née à Montréal en 1880 a certes eu une carrière artistique, mais surtout une carrière de pédagogue, de journaliste, et a été reconnue pour son engagement social. Militante et féministe, elle a mis ses talents de comédienne et de pédagogue à se battre pour l'égalité des sexes, le droit de vote des femmes (elle fonde l'Association artistique des dames canadiennes en 1909 et l'Association canadienne pour le vote des femmes en 1927) et a même tenté de se faire élire aux élections provinciales avant même que les femmes puissent voter. Pour ce qui est de sa carrière artistique, Idola Saint-Jean se fait remarquer quand elle est encore aux études chez les Dames de la Congrégation. Pendant des «séances» en 1900 et 1901, le critique Jules Jéhin-Prume des Débats et du Monde illustré dit d'elle qu'elle est une «sympathique diseuse» et qu'elle est «douée de dispositions sérieuses pour l'élocution». Aujourd'hui, on trouverait cette critique un peu... froide... mais Jéhin-Prume encourage Idola à entreprendre une carrière artistique. Elle choisit plutôt de se tourner vers l'enseignement de la diction. Elle se rendra à Paris pour étudier auprès de Coquelin aîné et de Renée Dumesnil pendant la Première Guerre mondiale. À son retour, elle dirigera les cours de diction donnés au Monument-National avant de se retrouver au département de français de l'Université McGill. Elle donnera toujours des cours particuliers et publiera des recueils de textes qui ont pour objectif d'aider à parfaire la diction et l'élocution: Récitations enfantines et Morceaux à dire. Elle nous quittera en 1945 mais aura fait beaucoup pour la cause des femmes et pour l'enseignement de la diction.


1968: Naissance de Pascale Desrochers


Formée au Conservatoire d'art dramatique de Montréal, la comédienne Pascale Desrochers s'est fait connaître du grand public par le rôle de Mathilde dans Radio-Enfer et celui de Louise Pouliot dans la quotidienne Virginie. On l'a aussi vue au petit écran dans La Petite Vie, Sauve qui peut, Vice caché, Détect inc., Music-Hall, La Galère, Série noire, Unité 9, Jeunes Loups, Les Simone, Lâcher prise, Léo, Demain des hommes, Une Autre Histoire, Une Affaire criminelle et Indéfendable, entre autres. Au théâtre, elle a travaillé avec René Richard Cyr (Les Muses orphelines, Rhinocéros, À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, En pièces détachées, L'Ex-Femme de ma vie, Le Babier de Séville), Yves Desgagnés (Un SImple Soldat), Denis Bouchard (Appelez-moi Stéphane, Les Voisins, Les Noces de tôle, La Déprime), Martin Faucher (Le Menteur et Qui a peur de Virginia Woolf?) et Alain Zouvi (La Puce à l'oreille, Huit Femmes), entre autres. Au cinéma, elle a tournée avec Pierre Gang, Denise Filiatrault, André Turpin, Charles Binamé, André Forcier, Jean-François Rivard, Phiilppe Falardeau, Maryanne Zéhil, Alexis Durand-Brault, Valérie Lemercier (Aline). Bonne fête, Pascale!


1994: Création de Cent Millions qui tombent de Georges Feydeau et Pierre Yves Lemieux, mise en scène de Serge Denoncourt, présentée au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts (Montréal), une production de la Compagnie Jean Duceppe


Pièce incomplète de Georges Feydeau et complétée par l'auteur québécois Pierre Yves Lemieux, cofondateur du Théâtre de l'Opsis, Cent Millions qui tombent est créée sous la direction artistique de Michel Dumont. Serge Denoncourt dirige Annick Bergeron, Denis Bernard, Luc Bourgeois, Sophie Faucher, Benoit Girard, Normand Lévesque, Esther Lewis, Denis Roy et Jean-Guy Viau. Remarquez l'affiche très colorée conçue par le célèbre illustrateur Vittorio qui faisait toutes les affiches de Duceppe à l'époque et qui, bien sûr, a créé la célèbre mascotte de Juste Pour Rire.



2004: Création de Le Peintre des Madones ou La Naissance d’un tableau de Michel Marc Bouchard dans une mise en scène de Serge Denoncourt au Théâtre Espace GO (Montréal)

Photo: Yves Renaud


Chaque nouvelle pièce de Michel Marc Bouchard est attendue comme un événement. Depuis le succès des Muses orphelines dans le tout petit Théâtre d'Aujourd'hui de la rue Papineau dans une mise en scène d'André Brassard, pièce qui est devenue un classique maintes fois traduit et monté aux quatre coins du monde, on a eu droit à autant de pièces intimistes, «familiales» comme Le Chemin des Passes-Dangereuses, Des Yeux de verre (La Poupée de Pélopia), Tom à la ferme qu'à des fresques monumentales à saveur parfois religieuse, parfois historique, parfois les deux comme Les Feluettes, Christine, la reine-garçon, La Divine Illusion, Le Voyage du couronnement et Le Peintre des Madones ou La Naissance d'un tableau.


Photo: Yves Renaud

D'une beauté infinie, d'une violence troublante, d'une poésie touchante, cette pièce ramenait Bouchard dans une théâtralité plus proche des Feluettes. Plantée solidement dans son Lac-Saint-Jean natal à l'époque de la Première Guerre Mondiale, la pièce raconte l'arrivée d'un jeune curé (Renaud Paradis) dans une petite paroisse aux prises avec une maladie épidémique ramenée par les soldats (difficile de ne pas penser à la #covid19 par les temps qui courent!) et qui propose d'orner les murs de l'église d'une murale dédiée à la Vierge Marie. Les madones locales (Éveline Gélinas, Caroline Lavigne, Évelyne Rompré et Annie Charland) qui serviront de modèles au beau peintre italien (Giorgio Lupano), invité à venir réaliser la fresque, auront un impact majeur sur l'oeuvre finale qui ne ressemblera pas du tout à ce qu'elle devait être au départ. La pièce, dont la première version a été écrite au printemps de 2002 pendant un séjour de l'auteur au Teatro della Limonaia de Sesto Fiorentino à Florence, en Italie, a été présentée par ce même théâtre dans une traduction et une mise en scène de la femme de théâtre italienne Barbara Nativi, une habituée/amoureuse du théâtre québécois, en juin 2002. La pièce se mérite le Primo Arte Candoni 2002 pour la meilleure nouvelle pièce étrangère en Italie puis elle est présentée dans sa version florentine au Teatro della Limonaia en novembre 2003.


Photo: Yves Renaud

Tout ça avant de nous arriver au Québec dans la magnifique version à laquelle nous avons eu droit à Espace GO dans une mise en scène spectaculaire de Serge Denoncourt. Cette production est aussi celle qui m'a fait découvrir Olivier Morin, un comédien que j'adore et que j'aimerais voir davantage. Il jouait un ange troublant et troublé absolument bouleversant que je n'oublierai jamais. Germain Houde complétait cette distribution colossale. Un grand moment de théâtre !


2011: Création de Trans(e) de Christian Lapointe à la Salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (Montréal), une production de Théâtre Péril

Une oeuvre de Mathilde Corbeil


En résidence à la Salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, le Théâtre Péril de Christian Lapointe propose cette création coup de poing qui ne recule devant rien. Christian Lapointe écrit et met en scène cette pièce qu'il interprète avec Maryse Lapierre. «Le transsexualisme n'est pas quelque chose de neuf. Comme figure symbolique de l'humanité, le transgenre apparaît comme l'icône la plus complète. Paradoxalement, il transcende et brise toute image attendue que l'on a de l'humanité au sens traditionnel. Dans ce texte, posé en symbole de la population mondiale, le shemale se démembre morceau par morceau au centre d'un dépotoir gigantesque tout en offrant un soliloque entre l'arrachement des fragments mâles et femelles qui le composent. C’est ainsi que ce corps étranger à lui-même se met au monde par élimination de ses composantes charnelles. Du passage d’homme vers femme, aux aspirations de la transformation totale, c’est en attente, en arrêt entre les deux genres «qu’évolue» cette figure inclassable qui cherche à faire sa propre rencontre. C’est la mise à mort de l’humanité par elle-même qui est ici, en scène, mise à nue, éprouvée jusqu’à l’écartèlement. Tragédie «futuriste» sous forme de poème incantatoire, Trans(e) est écrite à même la violence de notre époque. Loin d’être soumis aux lois de la violence de divertissement, ce théâtre veut nous sensibiliser à la véritable horreur de notre monde duquel nous sommes éminemment distanciés par les médias.»

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