Qu'ont en commun Françoise Graton, Gabriel Arcand, Michel Smith, Michel Tremblay et Étienne Lepage? Le 4 juin et le théâtre, bien sûr !
1930: Naissance de Françoise Graton
Photo: Martine Doucet
C'est à 17 ans que la future cofondatrice de la Nouvelle Compagnie Théâtrale, Françoise Graton, commence sa formation avec la Compagnie du Masque. Avec cette troupe, elle jouera les jeunes premières. Au début des années 60, elle devient directrice du Théâtre du Centre d'art de Percé où elle joue Tennessee Williams et Alfred de Musset. C'est en 1964 que son rêve partagé avec Georges Groulx et Gilles Pelletier, son conjoint, de faire découvrir les grandes oeuvres à un public étudiant verra le jour. Ensemble, ils fondent la NCT qui se produit un peu partout - particulièrement au Gesù - jusqu'à ce qu'elle élise domicile au Théâtre Granada qui deviendra le Théâtre Denise-Pelletier après le décès de sa belle-soeur en 1976. Pendant près de vingt ans, Françoise Graton pratiquera tous les métiers au sein de la compagnie: animatrice, relationniste, directrice de production, administratrice, comédienne. Elle jouera le rôle titre d'Iphigénie dans le classique de Racine, toute première production de la compagnie. Tout en multipliant les grands rôles dans les classiques à la NCT (Sophocle, Euripide, Molière, Marivaux, Rostand, Tchekhov, Corneille), elle joue aussi au Théâtre Club, à La Poudrière, au Théâtre Populaire du Québec, chez Duceppe, au Rideau Vert et plus tard même à l'Usine C. Elle s'attaque aux auteurs contemporains également, ceux du Québec comme ceux de l'étranger: René de Obaldia (Du vent dans les branches de sassafras), Jean Barbeau, Noel Coward, Robert Gurik, Jean Cocteau, Pavel Kohout (Auguste, Auguste, Auguste), Eugène Ionesco (L'Avenir est dans les oeufs, Jacques ou la soumission, La Cantatrice chauve), August Strindberg (Le Père), Henrik Ibsen (Une Maison de poupée), Eugène O'Neill (Désir sous les ormes), Pierre Goulet (Pontiac) pour n'en nommer que quelques-uns. Elle sera des débuts de la télé, tant dans des émissions pour enfants, des téléthéâtres que des téléromans, de Cap-aux-Sorciers avec Gilles Pelletier et La Famille Plouffe jusqu'à Chartrand et Simonne, Providence, Aveux, Trauma et Au secours de Béatrice quelques mois avant son décès. Au cinéma, on la voit dans des films de Paul Quinn (This is My Father), Agnès Obadia (Romaine par moins 30) et Denys Arcand (L'Âge des ténèbres). Suite à son décès le 8 novembre 2014 à l'âge de 84 ans, le Théâtre Denise-Pelletier a instauré le Prix Françoise-Graton.
1949 : Naissance de Gabriel Arcand
Né à Deschambault dans la MRC de Portneuf, Gabriel Arcand est un des comédiens les plus marquants de sa génération et la communauté théâtrale lui doit beaucoup comme cofondateur et tête de proue du Groupe La Veillée. Frère de l'anthropologue Bernard Arcand, de la criminologue Suzanne Arcand et du réalisateur Denys Arcand, c'est sans doute son rôle de Mario dans Le Déclin de l'Empire américain de ce dernier qui demeure un des plus mémorables. Mais bien avant ça, il avait joué dans à peu près tous les films et projets télé de son aîné (La Maudite Galette, Réjeanne Padovani, Gina, Duplessis...) ainsi que dans Les Plouffe et Le Crime d'Ovide Plouffe. Il est tout aussi marquant sur les planches. Après avoir terminé sa maîtrise en philosophie à l'Université McGill en 1971, il part pour Marseille où il étudie au Centre national dramatique du Sud-Est et développe une expertise et une affinité pour la méthode Grotowski. De retour à Montréal, il tourne avec son frère et avec Jean-Guy Noël (Tu brûles... tu brûles...) mais son ventre brûle de poursuivre sa formation dans le pays d'origine de Grotowski. Il fait donc un stage de six mois au Théâtre-Laboratoire de Pologne où il rencontre Téo Spychalski qui deviendra plus tard un de ses complices dans La Veillée. C'est lorsqu'il revient à Montréal qu'il fonde le groupe avec Marie Eykel, Alain Lamontagne et Laurent Rivard. Le Groupe La Veillée produit surtout des créations collectives pendant ses huit premières années d'existence, mais quand Spychalski s'installe à Montréal, il amène avec lui la littérature mondiale. Arcand deviendra un de nos plus grands interprètes de la dramaturgie internationale, jouant, mettant en scène, adaptant Dostoïevski, Kafka, Balzac, Dorst, Ionesco, explorant l'écriture en théâtralisant de grandes oeuvres littéraires et même des essais, qu'il s'agisse de Nijinski (Till l'Espiègle) ou Artaud (Artaud/Tête à tête). Bien qu'il ait surtout joué à La Veillée, son Tartuffe au TNM en 1997 lui aura mérité le Prix Gascon-Roux cette saison-là et il aura participé au colossal Hamlet du TNM mis en scène par Patrice Caurier et Moshe Leiser qui sera aussi présenté en tournée en France. N'ayant jamais complètement abandonné le jeu devant la caméra, il a été marquant dans Le Démantèlement de Sébastien Pilote (2013) et a fait un retour fracassant à la télé dans deux rôles à sa mesure dans des séries à succès, Monsieur P le thérapeute dans Au secours de Béatrice de Francine Tougas et Jean-Marc Beauchemin (le père de Julie, Fanny Mallette) dans Mensonges de Gilles Desjardins. Encore plus récemment, on l'a vu dans la reprise de Moi, Feuerbach, Avant la retraite et Écoutez nos défaites au théâtre, Classé secret à la télé et le Maria Chapdelaine (2020) de Sébastien Pilote au cinéma. Joyeux anniversaire, monsieur Arcand!
1958: Naissance de Michel Smith
Concepteur sonore, compositeur de grand talent et aux styles d'une fascinante et étonnante variété, Michel Smith signe des musiques de théâtre, d'opéra, de films et d'émissions de télé depuis plus de vingt-cinq ans. En 1988, il obtient sa maîtrise en composition musicale et multimédia à l'Université de Montréal. Depuis, il est invité à y enseigner. Issu du courant électroacoustique, il ne s'y limite pas pour autant et explore différentes influences en fonction des spectacles qu'on lui confie. Il travaille autant avec de toutes petites compagnies sur de toutes petites scènes qu'avec les plus grandes sur les plus grands plateaux. Les répertoires n'ont pas de limite pour lui non plus. Il est aussi à l'aise avec Shakespeare (on retient ses trois productions de La Tempête, d'abord avec Guillermo de Andrea au Rideau Vert en 1997, puis avec Robert Lepage pour Ex Machina, le Centre National des Arts et Le Trident en 1998 et enfin avec Denise Guilbeault, Michel Lemieux et Victor Pilon pour le TNM, prix Gascon-Roux pour la musique en 2005) qu'avec Tremblay (À toi, pour toujours, ta Marie-Lou chez Duceppe, En pièces détachées, Bonjour, là, bonjour au TNM avec René Richard Cyr et Impératif présent au Quat'Sous avec Brassard pour qui il signe aussi la musique de la dernière mise en scène en carrière, Oh les beaux jours de Beckett à Espace GO). Il multiplie les collaborations avec René Richard Cyr (Le Fils au Rideau Vert), René-Daniel Dubois, Lorraine Pintal, Guillermo de Andrea et crée la musique pour de nombreuses créations de Michel Marc Bouchard (Les Manuscrits du déluge, Sous le regard des mouches, Le Chemin des Passes-Dangereuses), Larry Tremblay (La Leçon d'anatomie), Daniel Danis (Cendres de cailloux, Le Chant du dire-dire), Alexis Martin (Bureaux, Grid) pour n'en nommer que quelques-uns. On ne pourrait pas non plus passer sous silence sa fructueuse collaboration avec Julie Vincent et sa compagnie Singulier-Pluriel pour laquelle il a aussi signé plusieurs musiques (La Robe de mariée de Gisèle Schmidt, Le Portier de la Gare Windsor, Soledad au hasard, La Mondiola, Valparaîso et La Chair de Julia). Il a fondé l'Ensemble Karel en 1992, orchestre à vélo qui l'a fait voyager aux États-Unis, à Amsterdam et à Singapour. Il a signé autant de compositions pour des spectacles à grand déploiement comme Corteo du Cirque du Soleil, Kosmogonia et NEM it que pour des spectacles plus intimes comme les créations d'Ondinnok (Iwouskéa et Tawiskaron et La Conquête de Mexico) ou à la Salle Jean-Claude-Germain (La Genèse de la rage de Sébastien Dodge). Au moment de la pandémie de #covid19, on pouvait apprécier sa musique dans Les Trois Soeurs de Tchekhov au TNM, dans une nouvelle mise en scène de René Richard Cyr. Encore plus récemment, fidèle aussi du Théâtre Samsara, il signait la musique de Tonne de briques et René Richard Cyr lui confiait celle de Le Fils au Théâtre du Rideau Vert. On n'a pas fini d'apprécier et d'être surpris par le talent de cet artiste impressionnant. Bonne fête, monsieur Smith!
1992: Création de Marcel poursuivi par les chiens de Michel Tremblay dans une mise en scène d’André Brassard au Théâtre du Nouveau Monde (Montréal).
Photo: Les Paparazzi
On n'avait pas vu Marcel et Thérèse sur scène depuis En pièces détachées mais on les avait suivis dans la série de romans de Tremblay, Les Chroniques du Plateau Mont-Royal. On n'avait jamais vu les tricotteuses et leur mère, Rose, Violette, Mauve et Florence sur scène, seulement dans les romans. Voilà que Michel Tremblay remédiait à tout ça avec Marcel poursuivi par les chiens sur la scène du TNM, une production de la Compagnie des Deux Chaises, dans le cadre des Fêtes du 350e anniversaire de Montréal, la dernière pièce à être présentée sous la direction d'Olivier Reichenbach avant l'arrivée de Lorraine Pintal à la barre de la direction artistique du TNM. Robert Brouillette (pré-4 et demi...) et Nathalie Gascon (post-L'Héritage et Un Signe de feu) incarnaient Marcel et Thérèse alors qu'un quattuor hallucinant, Renée Claude, Rita Lafontaine, Amulette Garneau et Gisèle Schmidt (les trois dernières ayant été des Albertines à la création d'Albertine, en cinq temps en 1984), devenait Violette, Rose, Mauve et Florence respectivement. Dans un décor de Richard Lacroix, des éclairages de Claude Accolas, des maquillages et coiffures d'Angelo Barsetti, des costumes de Louise Jobin et une musique de Catherine Gadouas, ce maillon de l'univers de Tremblay venait toucher droit au coeur, même si la pièce n'est pas devenue un classique comme Albertine, en cinq temps, À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, Le Vrai Monde? ou Les Belles-Soeurs. J'ai eu le plaisir d'en monter des extraits avec mes élèves dans le cadre de ma semaine de camp de théâtre consacrée à l'oeuvre de Tremblay en 2010 et j'espère qu'elle sera un jour remontée dans un de nos grands théâtres à Montréal ou à Québec. Entre temps, Alice Ronfard en a intégré plusieurs extraits dans La Traversée du siècle.
2011: Création de L'Enclos de l'éléphant d'Étienne Lepage dans une mise en scène de Sylvain Bélanger à Espace Libre (Montréal), une production du Théatre du Grand Jour en coproduction avec le Festival TransAmériques.
Denis Gravereaux et Paul Ahmarani défendaient cette pièce d'Étienne Lepage du 4 au 8 juin 2011 dans le cadre du Festival TransAmériques et la reprenaient deux fois par le suite soit du 23 août au 10 septembre 2011 et du 14 au 25 mai 2013.
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