Qu'ont en commun Jean-Guy Sabourin, Sylvie Moreau et Marie-Laure Cabana? Le 30 décembre et leur passion pour le théâtre!
1934: Naissance de Jean-Guy Sabourin
Né à L'Original, en Ontario, Jean-Guy Sabourin est un metteur en scène, pédagogue et directeur de théâtre que j'ai eu le plaisir d'avoir comme professeur à l'Université du Québec à Montréal. La biographie que lui consacre Michel Vaïs dans Le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois est éloquente. L'homme a eu une influence importante sur notre dramaturgie. Il nous rappelle qu'après ses études au Collège Sainte-Croix, à l'Université de Montréal et à l'Université d'Ottawa, il a lui-même enseigné au Collège Sainte-Marie (1957-1968) et à l'UQAM (1970 à 1995). «En 1955, il fonde avec Jean Bellemare la troupe d'amateurs Les Apprentis-Sorciers, dont il devient le directeur artistique (1956-1966). Après avoir travaillé dans plusieurs espaces temporaires, la troupe s'installe en 1957 rue Davidson, à Montréal, dans une ancienne boulangerie dont elle gardera le nom quand le théâtre déménagera rue De Lanaudière.» Sabourin y monte une vingtaine de pièces, «tirées surtout du répetoire contemporain européen et glissant graduellement vers l'avant-garde: Claudel, Brecht, Ionesco, Dürrenmatt, Gorki, Synge, Adamov, Pierre Perrault, avec Au coeur de la rose, est un des rares auteurs québécois joués par la troupe.» Pédagogue dans l'âme, il s'adresse souvent au public avant les spectacles pour mettre en contexte et instruire. Les Apprentis-Sorciers deviendront une des compagnies qui composeront le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. En 1966-1967, Jean-Guy Sabourin assume la direction du Service du théâtre au Ministère des Affaires culturelles du Québec. De 1968 à 1970, il dirige le Théâtre du Capricorne au Centre National des Arts à Ottawa. Puis, tout en enseignant à l'UQAM, il prend la barre du Théâtre Populaire du Québec, une compagnie de tournée, où il met en valeur la dramaturgie québécoise: Roch Carrier, André Major, Jean Barbeau, Jean-Robert Rémillard... «En 1976, il fonde Terre Québec - Le Théâtre de la Grande Réplique, où il explore à nouveau le répertoire de Brecht, surtout au moyen de montages, dont plusieurs signés par Madeleine Greffard. S'opposant à la fois à un théâtre assimilé à la politique et à l'indifférence face à l'actualité, Sabourin croit que l'artiste doit avoir la foi inébranlable de pouvoir "changer le monde",» termine Michel Vaïs. Jean-Guy Sabourin s'est éteint le 12 mars 2023 à l'âge de 88 ans.
1964: Naissance de Sylvie Moreau
Photo: Éric Myre
Née à Montréal, Sylvie Moreau a complété un baccalauréat en art dramatique à l'UQAM et une formation à l'École de Mime Corporel de Montréal auprès de Jean Asselin avant de se consacrer principalement à la création et à l'exploration théâtrale avec Omnibus (Burlesque, Romance de loups, Jabbarnack!, Fatal, L'Aigle emblématique, Célestine là-bas près des tanneries au bord de la rivière..), Momentum (Le Dernier Délire permis, Nuits blanches, Helter Skelter, Oestrus), Théâtre Urbi et Orbi (Contes urbains 1994), Pigeons International (Savage/Love, Du sang sur le cou du chat) et la Ligue Nationale d'Improvisation pour laquelle elle est devenue une grande joueuse. À la télé, on l'a bien sûr vue dans les sitcoms Majeurs et vaccinés, Catherine dans laquelle elle tient le rôle-titre, Rock et Rolland, Madame Lebrun et l'inoubliable rôle de Valence dans Dans une galaxie près de chez vous. Elle tiendra aussi des rôles dans des séries plus dramatiques mais sera souvent le comic relief: Annie et ses hommes, 30 Vies... récemment, on l'a vue dans L'Heure bleue, File d'attente, Rue King... Elle a été mémorable dans la série anthologie États-humains avec ses camarades de Momentum. Revenant au théâtre, dans son exploration, elle a aussi beaucoup participé à des créations collectives ou coécrit des pièces, notamment avec Réal Bossé et Jean Asselin (Conte à rendre (un interrogatoire), Rue Fable) et a été de presque toutes les productions du Cycle des Rois de Shakespeare par Jean Asselin (Richard II, Henry IV, Henry V). Elle explorera également Shakespeare avec Lewis Furey dans Antoine et Cléopâtre au TNM, jouera Feydeau (Un Fil à la patte) avec Daniel Roussel au CNA et au Rideau Vert et sera une Sally Bowles mémorable auprès de son conjoint de l'époque, François Papineau, dans le théâtre musical Cabaret dirigé par Denise Filiatrault. On la verra autant dans des créations de François Archambault (Les Gagnants), Reynald Robinson (La Salle des Loisirs) et Stéphane Crête (Mauvais goût) que dans des pièces de Claude Gauvreau (La Charge de l'orignal épormyable), Claude Meunier-Louis Saïa (Les Voisins) ou Jules Romains (Knock ou Le Triomphe de la médecine). Aussi à l'aise sur la scène d'Espace Libre que sur celle du TNM ou de Duceppe, elle excelle aussi au cinéma, balançant entre des comédies légères (Camping sauvage d'André Ducharme et Guy A. Lepage, Les Aimants d'Yves P. Pelletier) et des films dramatiques (Maelström de Denis Villeneuve, La Bouteille d'Alain Desrochers, Familia de Louise Archambault, Post Mortem de Louis Bélanger et Papa à la chasse aux lagopèdes de Robert Morin). On ne sait jamais quel sera son prochain projet et elle ne cesse jamais de nous étonner. Bonne fête, Sylvie!
1998: Décès de Marie-Laure Cabana
Pionnière de la création de costumes de théâtre au Québec, Marie-Laure Cabana est née à Saint-Pie-de-Bagot. Elle sera, selon la regrettée Renée Noiseux-Gurik, celle qui jetera «les bases d'un nouveau professionnalisme dans le domaine du costume». Elle met l'accent «sur la création et l'unité scénique, et sur une interprétation plus personnelle des personnages». Elle signera des costumes pour le théâtre, la télé et le cinéma pendant quatre décennies, de 1933 à 1972. Elle dessine ses premiers costumes pour la Société Canadienne d'Opérette au Her Majesty's à l'automne 1933, habillant Le Pays du sourire, opérette romantique allemande, Le Grand Mongol d'Edmond Audran, Alfred Duru et Henri Chivot, Le Barbier de Séville de Rossini d'après Beaumarchais et Le Voyage en Chine. Après avoir reçu une formation théâtrale de Mme Audet, elle crée des costumes formidables pour les revues Les Fridolinades de Gratien Gélinas. Leur collaboration durera longtemps. Elle créera les costumes de Tit-Coq, entre autres. Elle sera de l'aventure de L'Équipe dirigée par Pierre Dagenais, signera les costumes des quatre premiers spectacles du TNM à partir de 1951 et sera des premiers génériques du cinéma québécois avec Un Homme et son péché, Le Curé du village et La Petite Aurore, l'enfant martyre. Dès la naissance de la télévision, c'est elle qui devient la première dessinatrice et créatrice de personnages de Radio-Canada tout en dirigeant son département de costumes et de maquillage pendant 20 ans. À sa retraite, elle est recrutée par l'Option-Théâtre du Cégep Lionel-Groulx où elle transmettra «son savoir, son talent, sa fantaisie, sa joie de vivre et, surtout, son amour du métier et du théâtre» aux étudiants comme professeure de création de costumes, selon Renée Noiseux-Gurik qui y enseignait aussi.
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