Des naissances, des décès et des créations ont marqué le 25 novembre au fil des années dans l'histoire du théâtre québécois. Que le rideau se lève!
1893: Naissance d’Honoré Vaillancourt
Né à Montréal, Honoré Vaillancourt est un jeune artiste, interprète, homme d'affaires que l'on retrouve sur toutes les scènes. Il chante (baryton), joue (comédien), dirige (metteur en scène) tout en agissant à titre d'administrateur et directeur artistique. Il fait ses débuts au Monument National dans Les Noces de Jeannette, un opéra-comique de Victor Massé. Toujours en 1917, il sera de la seule production de la Société nationale d'opéra-comique, La Basoche d'André Messager. En 1921, il fondera avec ses camarades Camille Bernard, Élisa Gareau et Henri Letondal le Théâtre Intime, le premier théâtre expérimental montréalais. La même année, cet «infatigable pionnier», comme le décrit Pascal Blanchet dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois, fonde l'une des premières entreprises culturelles du Québec, la Société Canadienne d'Opérette autour de laquelle il réussit à réunir 217 actionnaires. Cette compagnie non-subventionnée offrira plus de 300 représentations en 10 ans, se partageant entre l'opéra-comique et l'opérette dont plusieurs créations canadiennes. Bien qu'Honoré Vaillancourt nous ait quittés bien jeune (son décès en 1933 envoie une onde de choc dans le monde lyrique et théâtral québécois puisqu'il n'a que 39 ans et travaille alors à la création d'un théâtre national), c'est un peu grâce à lui que Lionel Daunais et Charles Goulet ont par la suite fondé une autre troupe consacrée au théâtre musical, les Variétés Lyriques.
1902: Naissance de Germaine Giroux
Comme sa soeur Antoinette, de trois ans son aînée, Germaine Giroux naît dans le quartier Saint-Henri de Montréal et étudie le théâtre au Conservatoire Lassalle. Elle entame sa carrière professionnelle à seulement 12 ans, carrière qui s'étendra sur plus d'un demi-siècle. C'est donc avant même d'entrer dans l'adolescence qu'elle donne la réplique à Eugénie Verteuil dans le drame Les Oiseaux de proie d'Adolphe d'Ennery sur la scène du Théâtre Canadien en septembre 1914. Elle jouera autant la comédie que le drame au Théâtre National, à l'Arcade et au Family. En 1930, elle suit Antoinette et leurs amis Albert Duquesne et Fred Barry dans l'aventure du Stella, comme nous le raconte Jean-Marc Larrue, historien du théâtre, dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois. Dans le rôle-titre de Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou, elle triomphe. Dix ans plus tard, elle jouera la Môme Crevette dans La Dame de chez Maxim's de Feydeau. Quand Pierre Dagenais fondera L'Équipe, elle se joindra à sa troupe, attirée par le génie du jeune prodige. En 1954, Jean Dalmain mettra encore son talent comique en valeur dans Trois Farces de Molière, Le Mariage forcé, Le Cocu imaginaire et La Jalousie du barbouillé. Toujours au TNM, elle alternera entre le drame et la comédie, jouant Pirandello sous la direction de Paul Hébert (Six Personnages en quête d'auteur), Irwin Shaw et Brecht sous la direction de Jean Gascon (Philippe et Jonas, L'Opéra de Qut'Sous), Michel Faure avec Paul Buissonneau (D.D.T.), Molière avec Jean Gascon (Le Médecin malgré lui en 1962 et L'Avare en 1963) et Feydeau avec Albert Millaire (La Main passe). Au Théâtre du Rideau Vert (la scène du Stella qu'elle revisitera périodiquement), elle est la première Thérèse Dubuc des Belles-Soeurs de Michel Tremblay et incarnera Germaine Lauzon à la reprise en 1971 (aussi au Centre National des Arts et au Grand Théâtre de Québec). La scène du Rideau Vert, elle la foulera souvent et dans un vaste éventail de textes: Assassins associés de Robert Thomas aux côtés de sa soeur Antoinette, Chat en poche de Feydeau, Fleurs de cactus de Barillet et Gredy, L'Oiseau bleu de Maurice Maeterlinck (trois productions!), La Poudre aux yeux de Labiche, Je veux voir Mioussov de Valentin Kataiev, Pour Lucrèce de Jean Giraudoux et dans les revues de fin d'année On grève... de rire (1965) et En rire... et en couleurs! (1966). À la radio et à la télé, elle sera la Lionne (Victorine) dans Les Belles Histoires des pays d'en haut, Acayenne dans Le Survenant et Au chenal du moine et jouera deux rôles différents à six ans d'intervalle dans Rue des Pignons. Elle jouera aussi en anglais, notamment dans le téléfilm Anne, la maison aux pignons verts en 1957. Elle meurt à l'âge de 72 ans le 16 août 1975.
1970: Décès d’Éloi de Grandmont
Écrivain, poète, dramaturge et metteur en scène, on se souvient surtout d'Éloi De Grandmont comme un des cofondateurs du Théâtre du Nouveau Monde et auteur d'une des deux premières pièces «canadiennes-françaises» à être présentées par la compagnie pendant sa troisième saison. Né le 17 avril 1921, il mourra très jeune, à 49 ans. Né à Baie-du-Fèbvre, Joseph Éloi Augustin Grandmont aura en effet écrit la comédie-farce La Fontaine de Paris. Sa mère étant morte lorsqu'il n'avait que 18 mois, il a été élevé dans un foyer dirigé par sa tante à Nicolet. C'est d'ailleurs pour ça que la ville de Nicolet a baptisé une rue en son honneur. Après ses études au Séminaire de Nicolet et à l'École des Beaux-Arts de Montréal, il devient critique d'art au journal Le Devoir pendant deux ans avant de s'inscrire à La Sorbonne et à l'École du Louvre où il étudiera pendant deux ans. De retour à Montréal, il fonde le Théâtre d'Essai avec Jean-Louis Roux en 1949 et c'est une de ses pièces, Un Fils à tuer, qui sera le spectacle inaugural de cette compagnie. C'est à ce moment qu'il ajoute le «de» et devient Éloi de Grandmont. Deux ans plus tard, il est de la fondation du TNM et en devient son secrétaire général pendant trois ans. De 1954 à 1964, Radio-Canada diffuse l'adaptation radiophonique de son roman Le Silence des uns assure le repos de tous en plus de présenter quatre de ses adaptations dans le cadre de la série «Nouveautés dramatiques» et quatre de ses textes dans des séries humoristiques hebdomadaires ou quotidiennes. Il a aussi fait une adaptation joualisante du Pygmalion de George Bernard Shaw au TNM quelques mois avant la création des Belles-Soeurs de Michel Tremblay en 1968 qui a connu un grand succès. Ses recueils de poèmes gagneraient à être redécouverts aujourd'hui même si, semble-t-il, ses pièces de théâtre n'étaient peut-être pas marquantes.
1976: Création de Gapi d’Antonine Maillet dans une mise en scène d’Yvette Brind’Amour au Théâtre du Rideau Vert (Montréal)
Habitués du théâtre d'Antonine Maillet, ce sont les comédiens Gilles Pelletier et Guy Provost qui ont joué les personnages de Gapi et Sullivan pour la première fois sur la scène du Théâtre du Rideau Vert. Une semaine après la dernière représentation à Montréal, la production se déplaçait vers le Centre National des Arts à Ottawa pour offrir 10 représentations dont deux scolaires. À l'été 1978, le Théâtre du Rideau Vert présentait Gapi, La Sagouine et Évangéline Deusse d'Antonine Maillet au prestigieux Festival d'Avignon en France.
1976: Création de Mandrake chez lui, texte et mise en scène de Raymond Cloutier, une production du Grand Cirque Ordinaire présentée au Théâtre de Quat’Sous (Montréal)
One-man show de Raymond Cloutier dans lequel il jouait aussi, entouré de musiciens (Charlo Barbo et Yves Laferrière), Mandrake chez lui comportait plusieurs chansons dont Cloutier avait écrit les paroles et dont les musiques étaient signés Suzanne Garceau, Jean-François Garneau, Pierre Flynn, Charlo Barbo, Yves Laferrière et Louis Baillargeon. Le spectacle a été présenté jusqu'au 23 décembre dans un décor et des éclairages de Claude Goyette et des costumes de Lyse Bédard.
1990: Décès de Gaétan Labrèche
Né à Montréal le 15 janvier 1930, ce grand comédien et metteur en scène nous a quittés à seulement 60 ans des suites d'un cancer. Dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois, Claire Dé nous rappelle qu'il a enseigné à l'École Nationale de Théâtre et qu'il était reconnu pour ses cours privés également. Il aura formé autant de comédiens que celle qui l'a formé lui, la célèbre Mme Audet. Il a joué pour tous les publics à la télé (téléthéâtres, téléromans, émissions pour enfants) et a été de la distribution d'une vingtaine de productions du Théâtre du Rideau Vert en plus de jouer sur toutes les scènes montréalaises et en tournée. Il excellait tout autant dans les rôles dramatiques que dans les rôles comiques et jouait avec une subtilité étonnante malgré ses airs de cabotin de la commedia dell'arte. Bien qu'il ait peu joué avec son fils, Claire Dé affirme que Gaétan retenait sa participation à la pièce L'Oiseau bleu comme un des moments les plus marquants de sa carrière parce qu'il y avait donné la réplique au jeune Marc, encore enfant. Peu de temps avant sa mort, il participait bien sûr à un mémorable épisode d'Avec un grand A de Janette Bertrand dans lequel ils jouaient père et fils. Personnellement, je retiens aussi sa mise en scène de Caviar ou Lentilles de Scarnicci et Tarabusi chez Duceppe, le «spectacle des fêtes» de la saison 1983-1984, ma première pièce au Théâtre Port-Royal de la Place des Arts. Une rue de l'arrondissement de Saint-Laurent porte maintenant son nom.
2008: Création d’Opium_37 de Catherine Léger en collaboration avec Eric Jean à Espace GO, une production Théâtre de Quat’Sous (Montréal)
D'abord présentée à la salle 2 d'Espace GO pendant les rénovations du Théâtre de Quat'Sous, cette pièce écrite par Catherine Léger avec la collaboration d'Eric Jean, metteur en scène et directeur artistique du Quat'Sous, mettait en vedette une distribution impressionnante: Stéphan Allard, Normand Daneau, Kathleen Fortin, Muriel Dutil, Ève Gadouas, Eric Paulhus, Évelyne Rompré, Yann Perreau, Daniel Thomas et Marie-Martine Lalande. Lorsqu'elle était reprise en 2010, au Quat'Sous nouvellement rénové, Anka Rouleau remplaçait Kathleen Fortin.
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