Quatre naissances et deux créations à souligner en ce 2 septembre dans le monde du théâtre québécois. Levons le rideau!
1926: Naissance d’Hugo Wuethrich
Né à Berne, en Suisse, Hugo Wuethrich a été un grand scénographe. Lorsqu'il est arrivé au Canada en 1951, il s'est d'abord installé à Toronto et Radio-Canada lui a ouvert ses portes avec l'avènement de la télévision où il sera assistant décorateur. Après 10 ans, il déménage à Montréal et obtient un poste de décorateur à Radio-Canada. Il mènera deux carrières de front, se partageant entre la télé et la scène (théâtre et opéra). Au théâtre, il signera une quinzaine de spectacles au Quat'Sous, une vingtaine au Rideau Vert et participera aux débuts de la Compagnie Jean-Duceppe tout en travaillant à la Comédie Canadienne, au Théâtre de la Marjolaine à Eastman, au Théâtre Populaire du Québec (TPQ) et à la Nouvelle Compagnie Théâtrale (NCT). Il a travaillé avec Louis-Georges Carrier, Yvette Brind'Amour, André Brassard et Paul Buissonneau, entre autres. Il est mort le 17 janvier 2010 à l'âge de 84 ans.
1940: Naissance de Nicole Leblanc
Née à Saint-Jogues/Maria en Gaspésie, Nicole Leblanc a complété sa formation à l'École Nationale de Théâtre du Canada en 1965 et a passé ensuite deux ans à parcourir le monde avec deux spectacles présentés en tournée. En 1971, elle participe à la fondation du Théâtre du Même Nom, une des compagnies qui fait partie du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. Sorte de pied de nez au Théâtre du Nouveau Monde (TNM, TMN) qu'ils jugent trop formel, pas assez «nouvelles voix, nouveaux textes», Jean-Claude Germain, Nicole Leblanc et leurs complices multiplieront les créations. Elle participe à une dizaine des nouvelles pièces de Germain en douze ans, dont Les Hauts et les Bas dla vie d'une diva, L'Indiva, L'Affront commun, Dédé Mesure et Diguidi diguidi ha! ha! ha! S'imposant aussi à la télé dans Rue des Pignons puis dans l'univers de Pierre Gauvreau (la Rose-Anna du Temps d'une paix et la Bella de Cormoran) avant de devenir l'adorable Paméla de 4 et demi..., le public court la voir au théâtre d'été (Bateau-théâtre L'Escale, Théâtre Beaumont-Saint-Michel, Théâtre du Lac Delage, Théâtre du Bois-de-Coulonge) tout autant que pendant la saison régulière. Elle sera de la création des Belles-Soeurs de Michel Tremblay (jouant à 28 ans la vieille Olivine Dubuc de 93 ans en fauteuil roulant !) et sera de deux autres productions de cette pièce, jouant Germaine Lauzon à la NCT en 1984 et Des-Neiges Verrette chez Duceppe en 1993 dans une mise en scène de Denise Filiatrault. Dans l'univers de Tremblay, elle jouera aussi Marie-Lou dans À toi, pour toujours, ta Marie-Lou et Denise dans Bonjour, là, bonjour au TNM. En plus de ses solos avec Jean-Claude Germain, elle monte sur scène seule dans Valentine de Willy Russell au Rideau Vert (mise en scène de son deuxième Joseph-Arthur du Temps d'une paix, Jean Besré) et dans Maudite machine d'Abla Farhoud. Elle jouera beaucoup - et surtout - les auteurs québécois, en reprise et en création: Bousille et les Justes de Gratien Gélinas, En attendant Trudot de Victor-Lévy Beaulieu, Mon homme de Suzanne Aubry, Élizabeth Bourget et Maryse Pelletier, Le Faucon de Marie Laberge, Un Simple Soldat de Marcel Dubé, Août - Un repas à la campagne de Jean-Marc Dalpé et Sur le bord de la fenêtre, un tout petit chien en flammes de Patrick Quintal (avec le Théâtre du Double Signe en tournée à travers le Québec pendant deux ans). C'est à 76 ans qu'elle nous quittera après une longue maladie, le 23 mai 2017.
1945 : Naissance de Victor-Lévy Beaulieu
Né à Saint-Paul-de-la-Croix, Victor-Lévy Beaulieu est un romancier, essayiste, dramaturge, chroniqueur et éditeur. Très actif dans le domaine de l'édition, il fonde avec Léandre Bergeron les Éditions de l'Aurore puis, en 1976, VLB Éditeur. Professeur de littérature à l'École Nationale de Théâtre de 1972 à 1978, il est aussi très impliqué politiquement, militant pour l'indépendance du Québec et allant même jusqu'à se présenter en politique pour le Parti Indépendant. Particulièrement apprécié pour ses dialogues, ses téléromans Race de monde, L'Héritage, Bouscotte et Montréal, P.Q. proposaient des personnages à la fois truculents et poétiques, riches et bien plantés dans la terre du Québec. Monument de la littérature québécoise, il a exploré l'écriture sous toutes ses formes, proposant des oeuvres colossales sur Herman Melville (Monsieur Melville), James Joyce (L'Irlande, le Québec et les mots) et Jack Kerouac (Essai-poulet) entre autres, Tout au long de son impressionnante carrière, il s'est vu remettre le Prix Spirale-Eva-le-Grand, le Prix Athanase-David, des prix Gémeaux, le Prix Annik, le Prix Arthur-Buies, le Prix Belgique-Canada, le Prix Jean-Béraud-Molson, le Prix Ludger-Duvernay, le Prix Québec-Paris, le Prix du Gouverneur Général, le Grand Prix littéraire de la Ville de Montréal et le Prix Larousse-Hachette. Plusieurs de ses pièces ont été créées au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, notamment En attendant Trudot, Ma Corriveau, La Tête de monsieur Ferron ou Les Chians et Votre fille Peuplesse par inadvertance, d'autres au Théâtre Le Bic (La Table de concertation), au Théâtre d'été de Trois-Pistoles (Sophie et Léon) ou au Caveau-Théâtre de Trois-Pistoles (La Guerre des clochers dans une mise en scène de Lorraine Pintal et La Nuit de la Grande Citrouille dans une mise en scène de Jean Salvy). En 2013, Stéphane Bellavance créait sa version de La Chasse-Galerie au Théâtre Denise-Pelletier. Bonne fête, monsieur Beaulieu!
1950 : Naissance de Denis Denoncourt
Denis Denoncourt a terminé sa formation en scénographie dans sa ville natale, au Conservatoire d'art dramatique de Québec, en 1972. Deux ans plus tard, il signe les costumes de la pièce Les Nègres de Jean Genet que met en scène Claude Régy dans le cadre de la Superfrancofête. Il reçoit le Prix Jean-Vacourt et se rend à Paris, Bruxelles et Strasbourg pour parfaire sa formation. Principalement actif sur les scènes de Québec depuis plus de 40 ans, il conçoit des costumes pour le théâtre et l'opéra. Il enseigne aussi l'histoire du costume au Conservatoire de Québec tout en guidant les étudiants dans leurs projets de décors et d'éclairages. En 1984, c'est lui que l'on consulte pour l'aménagement de l'Implanthéâtre, une structure et un espace voués à la diffusion. En plus d'être cofondateur et président de l'Implanthéâtre auquel il demeure associé même après qu'il devienne Le Périscope, Denis Denoncourt remporte le prix Jacques-Pelletier pour ses costumes de Coup de sang de Jean Daigle au Trident 1981 et est finaliste pour trois Masques: les Molières Dom Juan et Les Femmes savantes en 1994 et 1999 respectivement et Un Village de fous de Neil Simon en 1996, une production de Jean-Bernard Hébert. En plus de travailler sur des décors, des éclairages et des costumes de productions du Théâtre du Bois-de-Coulonge, du Trident, de La Bordée, du Théâtre des Confettis, du Théâtre du Vieux-Québec, du Théâtre Repère, du Théâtre Niveau Parking et du Théâtre de la Commune, il crée les costumes de trois séries pour enfants de Radio-Canada, Félix et Ciboulette, Kim et Clip et La Ribambelle. Au cinéma, Yves Simoneau lui confie la direction artistique de ses films Le Dernier Voyage et Les Yeux rouges. Bonne fête, monsieur Denoncourt!
1975: Création de Mademoiselle Marguerite de Roberto Athayde (traduction et adaptation de Michel Tremblay) au Théâtre du Nouveau Monde (Montréal)
Pièce solo très irrévérencieuse de l'auteur et metteur en scène brésilien Roberto Athayde, Mademoiselle Marguerite est produite par les Entreprises Luc Phaneuf et est présentée au Théâtre du Nouveau Monde, puis au Centre National des Arts à Ottawa en février 1976, au Toronto Workshop Production Theatre par le Théâtre du P'tit Bonheur et au Théâtre de l'Île d'Orléans à l'été 1978. C'est Jean Dalmain qui en signera la mise en scène et c'est sa conjointe, Monique Leyrac, qui incarnera l'enseignante complètement déjantée, névrosée et - disons-le - carrément fêlée. Avec sa traduction, Michel Tremblay trouve le ton juste entre le français international et les québécismes de rigueur. J'ai justement relu cette pièce dernièrement et je crois qu'il serait très amusant de la reprendre, surtout en cette période de #covid où l'on cherche à monter des pièces à peu de personnages. Mademoiselle Marguerite interagit qu'avec un seul élève muet et prend le public à parti. J'aimerais bien voir cette pièce jouée par Chantal Baril ou Chantal Lamarre qui pourrait faire un retour au théâtre. On peut bien rêver, non?
2020 : Création de désAmours et éLogesDesPetitsRiens de Geneviève Robitaille, adaptation de Pier DuFour et Marcel Pomerlo, mise en scène de Marcel Pomerlo, avec Pier DuFour et la voix de Danièle Panneton, une production KoboL, à La Chapelle – Scènes Contemporaines
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