Le 2 avril a été marqué par deux créations et deux décès. Suivez-nous dans les éphémérides du théâtre québécois pour en connaître davantage.
1957: Décès d’Arthur Petrie
Né à Ottawa le 27 mai 1890, Arthur Mastaï Pitre, qui prendra le nom d'artiste Petrie, commence sa carrière de comédien, humoriste et meneur de revue burlesque en anglais, durant la Première Guerre Mondiale. Il viendra tenter sa chance à Montréal encore dominée par les comics américains à l'époque. C'est pourtant lors d'une tournée en Ontario qu'il fera la rencontre d'Olivier Guimond père qui deviendra rapidement son partenaire... après avoir été son porteur de bagages! Rapidement aussi, ils connaîtront un succès fulgurant, triomphant au Starland (Monument-National) et l'autre côté de la rue au King Edward. Petrie rencontrera la comédienne québécoise Juliette Vermeersch qui deviendra sa femme... et la principale danseuse, comédienne et conceptrice de costumes de sa troupe. Quand Guimond quittera pour fonder sa propre troupe, les Petrie connaîtront quand même du succès au Ouimetopscope avec leur troupe les Poupées françaises à laquelle se joindront Rose Ouellette et Juliette Béliveau qui deviendront elles aussi, on le sait, de grandes vedettes. Les troupes Petrie et Guimond finiront par fusionner et ainsi devenir la plus importante compagnie de burlesque francophone du Québec. Ils envahiront le Théâtre National (rue Sainte-Catherine presque en face du Métro Beaudry, là où sont encore présentés bon nombre de spectacles - surtout musicaux - et où l'on enregistre l'émission Belle et Bum de Normand Brathwaite). En 1944, Petrie subira un grave accident cérébral et mourra 13 ans plus tard à l'âge de 66 ans.
1987: Création de Le Vrai Monde? de Michel Tremblay dans une mise en scène d’André Brassard au Théâtre français du Centre National des arts (Ottawa) en coproduction avec le Théâtre du Rideau Vert (Montréal).
Avant d'être présentée au Théâtre du Rideau Vert qui en coproduit néanmoins la création, la nouvelle pièce de Michel Tremblay, très attendue après son classique Albertine, en cinq temps qui a vu le jour au Rideau Vert tout comme Les Belles-Soeurs, naît au Théâtre français du Centre National des Arts à Ottawa dont André Brassard, metteur en scène des créations de Tremblay devant l'éternel, est directeur artistique. Tremblay avoue qu'il écrit cette pièce presque pour se faire pardonner d'avoir vampirisé sa famille, particulièrement sa tante Robertine, l'héroïne d'Albertine, en cinq temps, son chef d'oeuvre qui l'a rendu indépendant de fortune. Dans Le Vrai Monde?, il se questionne sur le «droit» d'un auteur de se «servir» de sa famille, d'en transposer les membres sur scène. La pièce est bien accueillie et fait le tour du monde comme toutes ses pièces maintenant. À la création, Brassard s'entoure de Rita Lafontaine et Gilles Renaud, des incontournables de la famille, auxquels se joignent Raymond Bouchard et Angèle Coutu pour jouer les doublures fictives d'Alex et de Madeleine, Patrice Coquereau en début de carrière qui deviendra le premier Claude, Sylvie Ferlatte et Julie Vincent qui seront sa soeur Mariette, la réelle et la fictive. L'Association Québécoise des Critiques de Théâtre décernera son prix d'interprétation masculine à Gilles Renaud cette année-là. D'autres productions mémorables suivront sur nos scènes. Martine Beaulne revisitera le texte en 1999 toujours au Rideau Vert avec Serge Mandeville, Raymond Legault, Linda Sorgini, Christiane Pasquier, Henri Chassé, Maude Guérin et Isabel Richer. René Richard Cyr la montera pour la Compagnie Jean Duceppe en 2007 avec Benoit McGinnis, Normand D'Amour, Marie-France Lambert, Josée Deschênes, Bernard Fortin, Émilie Bibeau et Milène Leclerc alors que Marie-Hélène Gendreau en fera aussi une excellente production pour le Théâtre du Trident à Québec en 2017 avec Jean-Denis Beaudoin, Nancy Bernier, Christian Michaud, Anne-Marie Olivier, Jean-Michel Déry, Ariel Charest et Claude Breton-Potvin.
1993: Création de Marina, le dernier rose aux joues de Michèle Magny, d’après l’œuvre de Marina Tsvétaéva, dans une mise en scène de Martine Beaulne, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (Montréal)
Martine Beaulne réunira Anne Dorval, Élise Guilbault et Emmanuel Bilodeau autour de ce texte très dense de Michèle Magny, programmé au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui par la directrice artistique de l'époque, Michelle Rossignol. La Marina du titre, c'est «Marina Tsvétaéva, poète russe, à la veille de son départ pour Moscou en 1939 après un exil de dix-sept ans, [qui] se remémore, dans un long flashback, sa rencontre amoureuse avec des acteurs et une actrice pendant la révolution russe. C'est un hommage à l'amour et à l'amitié dans un monde dramatiquement en changement. Sonne l'heure des départs pour une destination dont on ne revient pas.»
2003 : Décès de Luc J. Béland
Né à Sainte-Thècle en 1961 et formé en arts plastiques au Cégep de Trois-Rivières, le costumier Luc J. Béland obtient son diplôme de l'École Nationale de Théâtre du Canada en 1983. Pendant vingt ans, il dessine les costumes de plus de trente productions théâtrales et spectacles de ballet, une vingtaine de longs et courts métrages au cinéma et deux téléséries. À la télé, ses costumes pour Blanche, la suite des Filles de Caleb, série réalisée par Charles Binamé, et ceux de Miséricorde, série écrite par Fabienne Larouche et Réjean Tremblay et réalisée par Jean Beaudin lui attirent bien des éloges. Au cinéma, on se rappellera particulièrement de son travail sur Le Polygraphe de Robert Lepage et sur La Beauté de Pandore de Binamé, mais aussi comme directeur artistique du film Le Secret de Jérôme de Phil Comeau qui lui vaut une nomination aux prix Génie en 1994. À la scène, il a travaillé avec Serge Denoncourt, Luce Pelletier, Alain Fournier et Martin Faucher comme costumier attitré du Théâtre de l'Opsis (12 productions) mais aussi avec Claude Poissant (Les Amis de Kôbô Abe, Théâtre PàP), Isabelle Villeneuve (Les Fantômes de Martin de Gilbert Turp, Centre du Théâtre d'Aujourd'hui), René Richard Cyr (L'Opéra de Quat'Sous de Bertolt Brecht au TNM), François Girard (Novecento d'Alessandro Baricco au Théâtre de Quat'Sous) et Françoise Faucher (Andromaque de Racine au Théâtre Le Trident), entre autres. Il reçoit le prix de l'AQCT pour ses costumes d'À propos de Roméo et Juliette de Pierre-Yves Lemieux d'après Shakespeare (Théâtre de l'Opsis) et pour ceux du Roi Lear de Shakespeare (TNM). Pour son travail sur La Cerisaie de Tchekhov, il reçoit le Masque des meilleurs costumes. Il n'avait que 42 ans au moment de son décès.
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