Tous les jours, Théâtralités souligne les événements qui ont marqué le théâtre québécois: créations, naissances, décès de nos créateurs. Que le rideau se lève!
1960: Création de Henni soit qui joual y pense de Louis Martin-Tard et Albert Brie dans une mise en scène d’Yvette Brind’Amour et Loïc Le Gouriadec, une production du Théâtre du Rideau Vert (Montréal)
Dans la plus pure tradition des revues de fin d'année et de temps des fêtes, le Théâtre du Rideau Vert, installé au Théâtre Stella de la rue Saint-Denis, présentait sa toute première revue qui allait devenir une nouvelle tradition qui durera plusieurs années et connaîtra un grand succès. Tradition que reprendra Denise Filiatrault dans les années 2000 avec la formule Revue et corrigée. Henni soit qui joual y pense mettait en vedette Thérèse Laporte, Jean Rafa, Raymond Royer, Yvon Leroux, François Cartier, Louisette Dussault, Jean Mathieu, Juliette Béliveau, Edgar Fruitier, Claude Brabant, Lucie de Vienne, Jacques Bernard, Francine Larivée, Madeleine Gauthier, Germain Boisvert, Pierre Dupuis et Robert Blondin.
1962: Création de Qui s’y frotte s’y pique de Jean Rafa et Roger Joubert dans une mise en scène d’Yvette Brind’Amour, une production du Théâtre du Rideau Vert (Montréal)
La troisième revue du Rideau Vert était écrite par Jean Rafa, qui avait signé les paroles de chansons de Henni soit qui joual y pense, et Roger Joubert (aussi compositeur de la musique), déjà bien connu comme comédien et dans le milieu des variétés. La distribution comprenait Marthe Choquette, Jean Rafa, Raymond Royer, José Barrio, Benoît Marleau, Maria Krishna, Roger Joubert, Juliette Béliveau, André Montmorency, Claude Brabant, Michelle Tisseyre, Marieanik et Marie Fresnières.
1965: Création d’On grève… de rire! de Gina Bausson, André Montmorency et Jacques Lorain dans une mise en scène d’Yvette Brind’Amour, une production du Théâtre du Rideau Vert (Montréal)
Après Ne perdez pas la tête en 1964, André Montmorency et Gina Bausson se voient encore confier la revue des fêtes du Rideau Vert et Jacques Lorain se joint à eux pour l'écriture et l'interprétation. André Gagnon signe la musique du spectacle. Comme dans la majorité des revues, les interprétes jouent plusieurs personnages. Cette année-là, Germaine Giroux, Rolland Bédard, Arlette Saunders, André Montmorency, Jacques Lorain, Marthe Choquette, Françoise Lemieux et Benoît Marleau montaient sur scène.
1975: Naissance de Fabien Cloutier
Photo: APIH
Originaire de Sainte-Marie-de-Beauce, Fabien Cloutier est comédien, auteur, conteur et metteur en scène. Il est de la promotion 2001 du Conservatoire d’art dramatique de Québec et multiplie les projets tant à la scène qu'au petit et au grand écran depuis. Au théâtre, il a joué dans plus d’une vingtaine de productions autant à Québec qu’à Montréal, travaillant entre autres avec Marie-Josée Bastien, Patric Saucier, Gill Champagne, Olivier Choinière, Lorraine Côté et Frédéric Blanchette. Comme auteur, ses pièces ne passent jamais inaperçues non plus. En plus de ses solos Scotstown et Cranbourne qui ont été présentés sur plusieurs scènes partout au Québec, tout comme son spectacle d’humour, sa pièce Billy (les jours de hurlement) a remporté le Prix Gratien-Gélinas en 2011 et sa pièce Pour réussir un poulet s'est méritée le prestigieux Prix littéraire du Gouverneur général à l’automne 2015. Sa pièce Bonne retraite, Jocelyne, dont il a aussi signé la mise en scène, a connu un énorme succès à La Licorne, au Trident et en tournée. Au petit et grand écran, on a pu le voir dans Karl & Max, La Maison du pêcheur, Chasse-galerie, Blue Moon, Les Pays d’en haut, Plan B. et Boomerang. Avec sa performance dans Les Beaux Malaises, il a remporté le Prix Gémeaux du meilleur rôle de soutien en 2015. En 2017, il a interprété Mike Pratt dans Faits divers de Joanne Arseneau, rôle pour lequel il remporte le Prix Gémeaux du meilleur premier rôle pour une série dramatique en 2018. Encore plus récemment, il ne cesse de recevoir les éloges des critiques et du public pour sa série télévisée Léo dont il est concepteur, auteur et acteur principal. Notons aussi qu'il a agi comme chroniqueur aux émissions PararaGilles et Esprit critique. Bonne fête, Fabien!
1978: Création de Une Histoire de marionnettes de Diane Bouchard par le Théâtre de L’Avant-Pays au Musée des Beaux-Arts
2003: Décès de Dora Wasserman
Ukrainienne de naissance, Dora Goldfarb est née le 30 juin 1919 et fait ses études théâtrales à l'école du Théâtre d'État juif de Moscou (le GOSET) auprès des grands maîtres de l'époque. En 1939, elle est embauchée au Théâtre d'État de Kiev, mais la guerre la forcera rapidement à s'exiler au Kazakhstan où elle travaillera comme danseuse et chanteuse. C'est en 1949 qu'elle quitte pour Montréal avec son mari, Sam Wasserman, et leurs deux filles. Dès son arrivée ici, elle donnera des cours de yiddish et initiera les jeunes Juifs au théâtre. Rapidement, avec l'appui de la communauté juive - mais aussi l'aide du comédien, auteur, metteur en scène et directeur de théâtre Gratien Gélinas -, elle pourra créer le Groupe de Théâtre Yiddish en 1957. Cette troupe permanente unique en son genre donne en moyenne deux spectacles par année depuis sa fondation. Dora Wasserman a non seulement fait découvrir à un nouveau public des oeuvres du répertoire yiddish qui n'avaient pas vu la lumière du jour depuis un moment, dépoussiérant parfois son répertoire traditionnel, mais elle a créé un tel engouement, qu'elle en est même venue à commander des oeuvres nouvelles et à rassembler compositeurs et paroliers autour de projets novateurs.
Évitant de ghettoïser mais choisissant plutôt de créer des ponts, elle familiarise les autres communautés montréalaises avec le théâtre yiddish et amène aux Juifs montréalais des oeuvres du répertoire mondial en les faisant traduire en yiddish. En 1992, elle crée même Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay dans sa langue... la même année qu'elle reçoit l'Ordre du Canada! Victime d'un AVC en 1996, elle cède alors les rênes du Montreal Yiddish Theatre à sa fille Bryna. Comédienne, metteure en scène, directrice de théâtre et formatrice, Dora Wasserman a été une figure de proue du Centre Saidye Bronfman, fondé en 1967, qui est devenu la résidence permanente du théâtre yiddish montréalais. Maintenant rebaptisé Centre Segal for the Performing Arts, ce théâtre magnifique présente toujours du théâtre yiddish sous la direction artistique de Lisa Rubin. Dora Wasserman a 84 ans au moment de son décès à Montréal.
2010: Création de Minuit chrétien de Tilly adaptée et mise en scène par René Richard Cyr à la Compagnie Jean Duceppe au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts (Montréal)
Pour sa pièce du temps des fêtes en 2010, Michel Dumont fait appel à René Richard Cyr qui adapte le Minuit chrétien de Tilly. Une brillante distribution défend cette comédie bon enfant, quelques-uns des habitués de la famille théâtrale du metteur en scène: Michèle Deslauriers, Gilles Renaud, Adèle Reinhardt, Yves Amyot, Chantal Baril, Bobby Beshro, Émilie Bibeau, Anne-Élisabeth Bossé, Vincent-Guillaume Otis et Monique Spaziani.
2013: Décès de Denis Gravereaux
Le comédien Denis Gravereaux n'a que 52 ans lorsqu'il meurt, foudroyé par une crise cardiaque le 15 décembre 2013. Français d'origine, celui qui a créé le rôle de Bashir Lazhar au théâtre a commencé à travailler comme acteur au Québec en 1997. On a pu le voir dans Lorenzaccio d'Alfred de Musset monté par Claude Poissant, dans Willy Protagoras enfermé dans les toilettes et Littoral de Wajdi Mouawad qu'il a aussi jouée en tournée en France et au Liban, et dans plusieurs productions montées par Brigitte Haentjens dont Électre, Malina et Éden cinéma. Avec Pascal Contamine, il joue dans Five Wolf Deavtov Circus et Oportet. Il sera également de la dernière mise en scène de Jean-Pierre Ronfard, Oedipe à Colonne. Il laissera sa marque dans deux spectacles solo, Quelques conseils utiles aux huissiers de Lydie Salvayre monté par Jean-Marie Papapietro et, bien sûr, Bashir Lazhar d’Evelyne de La Chenelière qu'il crée dans une mise en scène de Daniel Brière. Pendant trois ans, cette pièce le mènera aux quatre coins du pays. Il jouera deux fois sous pour le Théâtre de la Veillée dans des pièces montées par Gregory Hlady (Coeur de chien et La Noce). À Espace Libre, il a joué dans L'Affiche de Philippe Ducros, et au TNM, on a pu le voir dans le rôle du Duc d’Albany dans L’Histoire du roi Lear, mise en scène par Denis Marleau. Aux petit et grand écrans, on l'a vu notamment dans C.A., Tout sur moi, Les Rescapés, C'est pas moi, je le jure de Philippe Falardeau et Le Piège américain de Charles Binamé. Malgré sa trop courte carrière chez nous, il a laissé une trace indélébile.
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