Trois naissances, un décès et une création ont marqué le 12 août au fil des années dans le monde du théâtre québécois. Apprenez-en davantage ici!
1939: Naissance de Jean-Marie Papapietro
Avant de s’installer au Québec en 1991, Jean-Marie Papapietro, né à Alger, en Algérie, a mené parallèlement, en France et en Italie, une carrière de professeur (théâtre et littérature), d’animateur dans différents centres culturels et de metteur en scène. En 2002, il fondait chez nous le Théâtre de Fortune qui s'est donné comme mandat de produire et de présenter au public montréalais des spectacles conçus à partir d’œuvres fortes de la littérature universelle, quel qu’en soit le genre ou la forme. Jean-Marie Papapietro considère le théâtre comme un authentique moyen de connaissance, un laboratoire où l’homme apprend à se découvrir et à se reconnaître. En plus de monter une excellente adaptation de La Promenade de Robert Walser avec Paul Savoie et Roch Aubert, L'Histoire de Marie de Georges Brassaï avec Sophie Clément, Premier amour de Samuel Beckett avec Roch Aubert, Trois courtes pièces de Samuel Beckett au Théâtre Outremont avec Sophie Clément, Ginette Morin, Christophe Rapin et Paul Savoie, il écrit et monte, entre autres, L'Énigme Camus: une passion algérienne à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier en novembre 2014. Il contribue comme conseiller dramaturgique à l'excellent solo Omi Mouna ou ma rencontre fantastique avec mon arrière-grand-mère de Mohsen El Gharbi. Bonne fête, monsieur Papapietro!
1941: Naissance de Réjean Ducharme
Né à Saint-Félix-de-Valois dans la région de Lanaudière, Réjean Ducharme était écrivain (L'Avalée des avalés, Le Nez qui voque, L'Océantume, Les Enfantômes, Va savoir...), dramaturge (Ha ha!..., Le Marquis qui perdit, Le Cid Maghané, Ines Pérée et Inat Tendu...), parolier (Robert Charlebois, Pauline Julien), scénariste (Les Bons Débarras, Les Beaux Souvenirs, Le Grand Sabordage, adaptation de son roman Le Nez qui voque), sculpteur et dessinateur. Réussissant à maintenir un quasi-anonymat presque tout au long de sa carrière, que ses amis les plus proches l'ont vraiment fréquenté. L'Avalée des avalés a été en nomination pour le prix Goncourt et remportait le Prix du Gouverneur général du Canada en 1967. Son deuxième roman, Le Nez qui voque, lui mérite le Prix littéraire de la Province de Québec en 1967. La Fille de Christophe Colomb (1969) est adapté pour le théâtre par Martin Faucher et joué par Markita Boies, tout comme Le Lactume (Autour du Lactume), un recueil de dessins accompagnés de légendes. Martin Faucher a aussi créé un collage inoubliable de ses textes intitulé À quelle heure on meurt? en 1988. Ce spectacle a connu un succès phnoménal et a été repris à quelques reprises. Alors qu'il met en scène des personnages enfants, le spectacle devait être repris à nouveau au Théâtre de Quat'Sous au printemps 2020 avec Gilles Renaud et Louise Turcot, mais à cause de la #covid19, il a dû être annulé/reporté (?). En fin de compte, on a créé un nouveau spectacle intitulé À quelle heure on est mort? auquel participaient virtuellement Gilles Renaud et Louise Turcot alors que deux jeunes comédiens foulaient la scène du Quat'Sous. Lorraine Pintal, pour sa part, adapte L'Hiver de force (prix Belgique-Canada, 1973) pour le TNM et y monte ses pièces Ha ha!... et Ines Pérée et Inat Tendu. Au moment de son décès, Réjean Ducharme lègue ses droits d'auteur à la Fondation du Théâtre du Nouveau Monde, toujours dirigé par Lorraine Pintal, une des plus grandes défenderesses et amoureuses de son oeuvre. L'adaptation de L'Avalée des avalés, aussi signée Lorraine Pintal, devait être présentée sur la scène du TNM en juin 2020 mais a été reportée jusqu'en 2021 à cause de la #covid19. Récipiendaire de plusieurs prix et honneurs, Réjean Ducharme a reçu le Prix Gilles-Corbeil, le Prix Athanase-David, le Guggenheim Fellowship for Creative Art, le Grand Prix National des Lettres, a été nommé Officier de l'Ordre National du Québec et Compagnon de l'Ordre des Arts et des Lettres du Québec. Il est décédé le 21 août 2017 à Montréal à l'âge de 76 ans.
1944: Naissance de Jean-Denis Leduc
Photo: Bérubé Geoffroy Communications
Natif de Salaberry-de-Valleyfield, Jean-Denis Leduc fait ses études à l'École Nationale de Théâtre du Canada avant de fonder le Théâtre de La Manufacture avec Christiane Raymond, Louise Gamache et Claude Maher en 1975. En 1981, La Manufacture ouvre le Café-théâtre La Licorne sur le boulevard Saint-Laurent, coin Saint-Norbert (tout près du siège social de Juste pour rire aujourd'hui). En plus d'y présenter des créations québécoises et des traductions québécoises de textes étrangers forts, La Manufacture y accueille de jeunes compagnies qui ont le même objectif (La Rallonge, Tess imaginaire, Les Éternels Pigistes, etc...). Comme nous le rappelle Claire Dé, dans le Dictionnaire des artistes québécois, La Licorne est le seul café-théâtre à avoir survécu à cette période où ils étaient très populaires. Directeur général et artistique seul à partir de 1997 après avoir partagé la responsabilité avec Daniel Valcourt et Daniel Simard, Jean-Denis Leduc sera l'auteur du déménagement de La Licorne vers ses locaux plus spacieux de la rue Papineau en 1989. Comme directeur artistique, il fait découvrir les oeuvres des Québécois Marco Micone, François Archambault, Jean-Marc Dalpé, François Létourneau et initie les Montréalais aux oeuvres d'auteurs irlandais (Mark O'Rowe), écossais (Gregory Burke), américains (David Mamet), canadiens-anglais (Joan MacLeod), acadiens (Herménégilde Chiasson) et franco-ontariens (Patrice Desbiens). En 2009, il prend sa retraite de la direction, cédant la place à Denis Bernard, mais il n'abandonne pas pour autant la compagnie qu'il a cofondée et qu'il a tatouée sur le coeur, siégeant toujours à son conseil d'administration et impliqué comme directeur fondateur. Bonne fête, Jean-Denis!
1996: Décès de Robert Gravel
Le Québec en entier et la communauté artistique montréalaise tout particulièrement sont secoués en apprenant le décès subit du comédien, cofondateur et codirecteur du Théâtre Expérimental de Montréal, cocréateur de la Ligue Nationale d'Improvisation Robert Gravel à Saint-Gabriel-de-Brandon à l'âge de 51 ans. Natif de Montréal, il fait ses études au Conservatoire d'art dramatique de Montréal duquel il gradue en 1969. Il se joint à la troupe des Jeunes Comédiens du TNM que dirige Jean-Pierre Ronfard et devient rapidement un complice du maître. Ronfard le dirige au sein de la vénérable institution, particulièrement dans des oeuvres de Claude Gauvreau et de Réjean Ducharme. Déjà gourmand de la parole d'ici, de la création, de l'exploration et du refus des conventions, Gravel sera là avec Ronfard et Pol Pelletier lors de la fondation du Théâtre Expérimental de Montréal en 1975. Deux ans plus tard, avec Yvon Leduc, il crée le concept de la LNI qui connaîtra un énorme succès et fera le tour du monde. En 1979, le TEM se divisera en Nouveau Théâtre Expérimental et Théâtre Expérimental des Femmes. Avec Ronfard, il sera Richard 1er dans le mythique Vie et Mort du Roi Boiteux et développera des projets collectifs qui défoncent les conventions et explorent toutes sortes de nouvelles avenues. Il écrira aussi La Tragédie de l'homme, Durocher le milliardaire, L'Homme qui n'avait plus d'amis et Il n'y a plus rien qui seront créées dans le nouvel espace du NTE, Espace Libre. En 1996, peu de temps avant sa mort, on aura droit à une version partielle de son oeuvre Thérèse, Tom et Simon, «pièce de toutes les démesures» selon Marie-Andrée Brault dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois. Elle ne sera présentée dans son intégralité qu'en 1997 après sa mort. «Les quatre spectacles développent une esthétique hyperréaliste et mettent à l'épreuve son idée du non-jeu. Cette façon d'être en scène qui paraît extrêmement détendue, voire relâchée, et qui refuse les effets - dont la projection vocale - est évoquée dans Tête à tête (1994), pièce où Ronfard et Gravel livrent une réflexion sur leur pratique expérimentale,» poursuit-elle. À la télé, il sera le Don Quichotte des 36 épisodes de la série de Raymond Plante L'Ingénieux Don Quichotte aux émissions jeunesse de Radio-Canada. Avec son rôle de Miville Galarneau dans L'Héritage de Victor-Lévy Beaulieu et son fameux patois «Gonebitch!», Robert Gravel deviendra connu du grand public. Il sera également de la quotidienne Marilyn de Lise Payette, jouera le Ron Langlois du Jamais deux sans toi de Guy Fournier, deviendra le directeur Gilles Bazinet de l'école secondaire Sainte-Jeanne-d'Arc de Virginie de Fabienne Larouche... et nous quittera pendant les tournages de cette quotidienne. Il sera remplacé par Pierre Curzi. Au cinéma, il tourne avec Jacques Godbout, Jean-Claude Labrecque, Gilles Carle, Paul Tana, André Forcier, Yves Simoneau, Jean-Marc Vallée (Liste Noire et le court-métrage Les Mots magiques) et Paul Thinel (Remue-ménage qui sera son dernier long-métrage). Il a publié deux ouvrages sur l'improvisation chez Leméac et ses pièces sont encore lues, étudiées, montées. D'ailleurs, Durocher le milliardaire a été présentée au TNM avec Jacques L'Heureux dans le rôle titre. L'École secondaire Robert-Gravel, au coeur de Montréal, est spécialisée en art dramatique. Une murale de faïence, dans l'arrondissement Ville-Marie, non loin d'Espace Libre, conçue et réalisée par Laurent Gascon de la Société de promotion des arts gigantesques, honore aussi sa mémoire.
2008: Création de Tout ce qui est debout se couchera de Patrick Drolet et Olivier Kemeid dans une mise en scène des auteurs assistés de Stéphanie Capistran-Lalonde, une production de Trois Tristes Tigres à Espace Libre (Montréal)
Première production de la jeune compagnie Trois Tristes Tigres fondée par Patrick Drolet, Olivier Kemeid et Stéphanie Capistran-Lalonde à laquelle se joindra Romain Fabre. Ce dernier signe d'ailleurs la scénographie de cette première production.
2008: Création de Le Paradis à la fin de vos jours de Michel Tremblay dans une mise en scène de Frédéric Blanchette au Théâtre du Rideau Vert (Montréal)
Alors que nous avions toujours été habitués de voir les créations de nouvelles pièces de Michel Tremblay être montées par André Brassard, la santé de ce dernier l'a empêché de participer à la création du Paradis à la fin de vos jours. C'est Frédéric Blanchette qui mettait en scène Rita Lafontaine dans le rôle de Nana au paradis... assise pas mal plus loin du Saint-Père qu'elle ne l'aurait cru. Bien qu'on ait apprécié la mise en scène de Blanchette, qui en a signé plusieurs mémorables depuis, on souhaitait toujours un retour de Brassard qui n'aura jamais lieu. Depuis ce temps, bien sûr, nous avons aussi perdu Rita Lafontaine. Le Paradis à la fin de vos jours n'est pas une pièce particulièrement marquante dans l'oeuvre de Tremblay, mais elle est certes bien sympathique et délicieuse par moments. Comme on dit toujours, «un Tremblay moyen, c'est quand même un Tremblay».
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