Le 11 mai a vu la naissance de plusieurs artistes du théâtre québécois et plusieurs créations. Suivez-nous pour en savoir plus!
1871: Naissance de Paul Cazeneuve
Comédien et directeur de théâtre né à Revel en France mais élevé à Boston parce que son père enseignait la littérature française à Harvard, Paul Cazeneuve, né Georges Alba, a joué un rôle capital dans l'implantation du théâtre professionnel en français au Québec. On lui attribue une grande partie du succès du Théâtre National qui ouvre ses portes en 1900 et qui existe toujours aujourd'hui (rue Sainte-Catherine, coin Beaudry). Il est reconnu comme un comédien vigoureux et athlétique et tiendra les seconds rôles dans des tournées aux États-Unis auprès des actors-managers de l'époque, comme nous l'explique l'historien Jean-Marc Larrue dans le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois. C'est pendant une de ces tournées qu'il passera par Montréal et que Georges Gauvreau, le directeur du National, lui confiera la direction artistique. Il dirigera le National comme les Richard Mansfield et Edwin Booth qui ont été ses mentors. Le National fait rapidement sa marque en concurrençant les grands théâtres anglophones de la ville. Cazeneuve y présente des adaptations françaises de grandes productions américaines comme Faust de Lewis Morrison qui s'avère le premier grand succès du National: 28 représentations en mars 1901. Se réservant les premiers rôles, il montera ensuite Monte-Cristo, l'adaptation qu'a fait Charles Fechter de l'oeuvre d'Alexandre Dumas père. Cazeneuve ouvrira aussi la porte aux pièces québécoises et tentera d'aider au développement d'une dramaturgie canadienne-française. En même temps, il deviendra notre premier vrai metteur en scène, dirigeant les acteurs autour de lui tout en agissant en quelque sorte comme un producteur aussi. Parmi les créations «locales» qu'il montera, mentionnons les pièces de Louis Guyon, Denis le patriote, Joe Montferrand, Un Mariage à la gaumine et Montcalm. Dès 1905, il quitte le National pour prendre la direction du Théâtre Français, mais cette expérience ne durera que quelques mois. Il s'essayera au Canadien et reviendra au National, mais... comme si la magie n'opérait plus, il abandonne le théâtre pour faire carrière à Hollywood comme conseiller aux studios Fox. Néanmoins, il laisse derrière lui une carrière impressionnante: la production de 300 drames français, anglais et américains et l’interprétation de quelque 200 rôles. Il meurt à Hollywood à 54 ans le 18 juin 1925.
1942: Naissance de Monique Rioux
Née à Montréal, Monique Rioux est metteure en scène, comédienne, pédagogue, auteure et cofondatrice / codirectrice artistique du Théâtre de la Marmaille, devenu maintenant Les Deux Monde. Elle reçoit son diplôme de l'École Nationale de Théâtre du Canada en 1964 et, avant de se tourner vers le théâtre pour la jeunesse (et attention, elle ne délaissera jamais pour autant complètement le théâtre «pour les grands», soyons clairs!), elle est cofondatrice du Théâtre du Même Nom avec, entre autres, Jean-Claude Germain et Nicole Leblanc, une compagnie consacrée à développer la dramaturgie québécoise et qui contribuera à la fondation du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, rappelons-le. Dans les années 1970, elle développe une méthode d'enseignement de l'art dramatique auprès des enfants, méthode qu'elle enseignera aussi à l'UQAM, et qui contribuera à la fondation de La Marmaille. Elle sera de la création de Pleurer pour rire de Marcel Sabourin et le laboratoire que sera La Marmaille, réunissant auteurs, metteurs en scène et comédiens autour d'un projet de création, donnera des spectacles mémorables qui feront le tour de la planète et seront joués - souvent par les mêmes comédiens - dans une multitude de langues. Avec les Inuits du Grand Nord québécois, on aura droit à L'Umiak, avec des voyants et des non-voyants naîtra Clairière, avec des enfants des bidonvilles du Honduras émergera Parasols. Puis, il y aura l'inoubliable Terre promise/Terra promessa en coproduction avec le Teatro Dell Angolo de Turin, en Italie, un spectacle visuel sans parole sur la musique envoûtante de Michel Robidoux. Avec Louis-Dominique Lavigne, elle deviendra Rosemonde, un spectacle solo qu'elle jouera pendant trois ans. Et tout en donnant toujours des ateliers et en dirigeant des projets d'animation, elle continuera à jouer en périphérie de La Marmaille/Les Deux Mondes. Notamment, elle sera une Gabrielle Jodoin formidable dans la reprise des Belles-Soeurs de Michel Tremblay à la NCT dans une nouvelle mise en scène de Brassard en 1984. Puis, en 2011, elle coécrira Le Nid vide avec ses amis Louis-Dominique Lavigne et Lise Gionet, les cofondateurs du Théâtre de Quartier, qui coproduira le spectacle avec le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui à la Salle Jean-Claude-Germain. Il y a de ses retours de balanciers qui étourdissent. Rappelons qu'en 1988, elle recevait le Prix Victor-Morin, qu'en 2001, Les Deux Mondes recevait le prix Rideau de la tournée et qu'en 2018, le Conseil des Arts de Longueuil lui décernait une bourse pour une résidence de création en milieu scolaire. J'ai eu l'honneur et le plaisir de travailler pour cette grande dame et j'en garde un souvenir ému. Bonne fête, Monique !
1951: Naissance d’Yves Sioui Durand
Né à Wendake, Yves Sioui Durand est le cofondateur d'Ondinnok, première compagnie de théâtre autochtone au Québec, avec sa compagne Catherine Joncas. C'est au premier Festival de Théâtre des Amériques (FTA, maintenant Festival TransAmériques) qu'ils émergeront et feront découvrir ce théâtre créé pour faire renaître la mythologie huronne- iroquoïenne. Membre de la nation huronne-wendat, Sioui Durand est un artiste autodidacte. Auteur, comédien, metteur en scène, créateur, depuis 1985, il a créé plusieurs spectacles dans lesquels la musique, l'image et la danse prennent le dessus sur le texte, participant ainsi à leur universalité. Jean-Pierre Ronfard mettra en scène La Conquête de Mexico, Jean-Frédéric Messier montera Hamlet le Malécite. En 2008, Ondinnok crée un spectacle collectif mémorable au Prospero, Wulustek, auquel contribuent plusieurs comédiens-auteurs dont Dave Jenniss, Catherine Joncas, Marco Collin, Charles Bender, Marie-Evelyne Baribeau et le metteur en scène Peter Batakliev. Depuis 2005, Ondinnok collabore avec l'École Nationale de Théâtre du Canada pour offrir aux artistes autochtones une formation pour développer leurs propres formes théâtrales afin qu'elles rayonnent non seulement dans leurs communautés mais à travers le monde. Bonne fête, Yves!
1954: Naissance de Jacques Lavallée
Bien qu'il ait surtout gagné sa vie comme acteur de doublage (prêtant sa voix à des centaines d'acteurs américains et étrangers dont Stanley Tucci, Jon Lovitz, Bryan Cranston, Chevy Chase, Martin Short, Michael Sheen, Ben Kingsley, Alan Arkin, Ron Rifkin, John Ritter, Denis O'Hare, Michael Douglas, Jeremy Irons tant au cinéma qu'à la télévision sans parler des dizaines de films d'animation d'Aladdin à The Lego Movie II en passant par Cars, Hercules, Monsters, inc., Ratatouille et Frozen), Jacques Lavallée a aussi tourné au cinéma (parfois avec des collègues de doublage comme Xavier Dolan, notamment dans Matthias et Maxime, Tom à la ferme et la série télé La Nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé) et joué au théâtre. Il a tâté des classiques (La Mégère apprivoisée de Shakespeare, Le Bourgeois gentilhomme et L'Avare de Molière) et participé à des créations québécoises aussi (Le Procès de Jean-Baptiste M. de Robert Gurik, Fêtes d'automne de Normand Chaurette, Wouf wouf d'Yves Sauvageau, Zelda de Johanne Beaudry, Comment vivre avec les hommes quand on est un géant de Suzanne Lebeau, Meurtre pour la joie de Jean-Marie Lelièvre (solo), Le Nombril du monde d'Yves Desgagnés, Le Soir de la dernière d'Isabelle Doré...). Parmi les autres auteurs qu'il a joués, mentionnons Tennessee Williams, Michel Marc Bouchard, Jovette Marchessault, Jeanne-Mance Delisle, Michel Garneau et Friedrich Dürrenmatt. Bonne fête, Jacques!
1960: Naissance de Gildor Roy
Animateur de radio, de télévision, chanteur country et comédien, Gildor Roy Jr. (son père, ancien maire de Rigaud, portait le même prénom) s'est fait connaître à la télé dans de nombreuses séries, certaines comiques (Manon, Super sans plomb, Les Boys, La Théorie du K.O., mais surtout par son personnage de Germain dans KM/H aux côtés de Michel Barrette), certaines dramatiques (À plein temps, 10-07, Le Retour, 30 Vies et encore plus récemment, bien sûr, District 31). Au cinéma, il a eu des rôles mémorables dans les films scénarisés par Fred Pellerin, Babine et Ésimésac, ceux de Robert Morin, Requiem pour un beau sans-coeur et Que Dieu bénisse l'Amérique, et dans une multitude de comédies, notamment Karmina, L'Assassin jouait du trombone, La Mystérieuse Mademoiselle C, La Florida, Louis 19 et plus récemment, La Petite et le Vieux (2024)... Comme animateur à la télé, on le verra à la barre de Caféine le matin à TQS, L'Île de Gilidor et une saison (la dernière) de La Tour. Au théâtre, il aura des rôles marquants. Soulignons son Cuirette auprès de René Richard Cyr dans Hosanna de Michel Tremblay au Quat'Sous dans une mise en scène de Lorraine Pintal, son Nick dans Qui a peur de Virginia Woolf? d'Edward Albee au Rideau Vert, son Roma dans Glengarry Glen Ross de David Mamet à La Licorne, son McMurphy dans Vol au-dessus d'un nid de coucou de Dale Wasserman chez Duceppe, son Joseph Latour dans Un Simple Soldat de Marcel Dubé en tournée avec le Théâtre Populaire du Québec et son Thibo dans Des Orphelins de Lyle Kessler à La Licorne. Rappelons que sa soeur Maxim et ses frères Yvon et Luc sont aussi comédiens. Bonne fête, Gildor!
1973: Création de Quatre à quatre de Michel Garneau dans une mise en scène de Jean-Luc Bastien au Cégep Lionel-Groulx (Sainte-Thérèse)
Les finissantes de l’Option-Théâtre du Cégep Lionel-Groulx, Anouk Simard, Céline Beaudoin, Pauline Martin et Anne Dandurand, ont créé la pièce Quatre à quatre de Michel Garneau. L'année d'après, la pièce était créée «professionnellement» au Théâtre de Quat'Sous dans une mise en scène d'André Brassard avec Michelle Rossignol, Monique Mercure, Louise Guerrier et Pauline Lapointe.
Quatre ans plus tard, c'est Denise Gagnon qui saisissait la balle au bond et montait Quatre à quatre avec Marie Laberge, Micheline Bernard, Marie-Hélène Gagnon et Paule Savard sur la scène de la Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec pour Le Trident. Le violoncelliste Pierre Potvin accompagnait les comédiennes sur scène. Puis, en 2009, La Bordée ouvrait sa saison en confiant Quatre à quatre à la jeune metteure en scène Marie-Hélène Gendreau qui y dirigeait Éva Saïda, Sylvie Cantin, Marie-Ginette Guay et Denise Verville.
1979: Création de Cré Hull? Cré Hull! (collectif du Théâtre de l’Île dirigé par Bernard Martineau) présenté au Théâtre de l’Île (Hull)
1989: Première de L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel dans une mise en scène d’Alice Ronfard, une coproduction du Théâtre Expérimental des Femmes (TEF) et du Festival de Théâtre des Amériques (FTA) (Montréal)
En mai 1989, on avait droit à un événement théâtral inoubliable quand Alice Ronfard investissait la Chapelle du Grand Séminaire de Montréal pour y présenter L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel, une coproduction d'Espace GO et du FTA. Dans une scénographie tout aussi mémorable de Danièle Lévesque, la sublime Linda Roy était entourée de Françoise Faucher, René Gagnon, Sophie Faucher, Gérard Poirier, Benoît Dagenais, Johanne Fontaine, Pier Paquette, Denis Bernard et la puissante Monique Richard qui interprétait le Salva Regina. Entourés d'un choeur de cinq chanteuses et un chanteur dirigé par Manon Jacob et accompagné de la violoncelliste Roseline Gagnon, cette production a soufflé tout le monde.
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